Alors que s’écrit un chapitre important de la métropole bordelaise avec le projet Bordeaux Métropole 3.0 qui vise le million d’habitants d’ici vingt ans, les acteurs du GPV se sont donc interrogés sur le rôle que jouera la Rive Droite dans le nouvel échiquier urbain . Un rôle important car aujourd’hui les communes du GPV représentent « un vrai poids dans l’agglomération » selon Etienne Parin, directeur et figure emblématique du GIP GPV- avec 66 700 habitants, soit 9,5% de la population de la CUB – et la tendance devrait se confirmer à l’avenir car elles pourraient en accueillir 30% de plus d’ici 20 ans pour atteindre les 80 000. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la morphologie sociale de ce territoire.
L’accès à l’emploi et au logement essentiel à la greffe sociale
D’après Daniel Mandouze, qui mène depuis 2008 une étude sur les changements sociaux et l’opinion publique face au renouvellement urbain, la mixité sociale y est parfois mal perçue comme chez cet habitant interrogé pour qui « on nous met des riches pour mieux nous rabaisser». Une déclaration que le sociologue traduit par « une hantise de l’échec personnel qui reprend le dessus », lié à la peur d’une gentrification des quartiers, un phénomène où les classes plus aisées remplacent les classes populaires. Et qui souligne aussi un point important: la nécessité de se préoccuper de l’emploi dans un territoire qui a un taux de chômage élevé et qui abrite 51,9 % de logement sociaux.
Départ des familles les moins riches hors CUB
L’accès à l’emploi est crucial, le logement aussi. C’est ce qu’a rappelé Jacqueline Descazeaux: « on assiste à une hémorragie des familles les moins aisées qui déménagent hors de la CUB pour y trouver des loyers moins élevés ». S’ajoute à ce phénomène, une double dynamique; la part croissante des personnes âgées et des jeunes dans la population. Deux classes d’âge confrontées à des difficultés à se maintenir ou à accéder à un logement. L’accueil de nouveaux habitants plus aisés suppose donc d’accompagner les ménages fragiles et d’adapter l’offre de logement à tous les budgets pour que la greffe prenne entre anciens et nouveaux habitants.
De nombreux facteurs d’attractivité
Cependant, bien qu’existantes, « les difficultés sociales ne résument pas la rive droite » a souligné Daniel Mandouze. Car ce territoire dispose d’atouts non négligeables. Il est concerné par de nombreux projets d’aménagement qui tendent à le désenclaver et à le dynamiser. Premier jalon de cette dynamique; l’arrivée du tramway en 2003, plus perçu d’ailleurs « comme une mise à jour que comme une requalification » par la population. Autres facteurs d’attractivité; la construction de deux nouveaux ponts; Bastide-Bacalan et Jean-Jacques Bosc, la gare intermodale de Cenon, l’OIN Euratlantique, vaste opération d’intérêt national qui concerne Floirac. Et également le Parc des Coteaux et la présence d’équipements culturels comme le Rocher de Palmer, vraies valeurs ajoutées qui contrastent avec l’urbanisation aride et rapide des années 60 sur les Hauts de Garonne.
Malika Ouaddah