Itinéraire : Arnaud Lecroart, l’exigence et l’expérience au service de l’habitat social


Isabelle Camus
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 14/09/2011 PAR Isabelle Camus

Parisien d’origine, Arnaud Lecroart est bordelais depuis 1984. Né d’un père juriste et d’une mère au foyer, il est le troisième d’une famille de quatre enfants. S’il a fait l’école centrale de Lyon, complétée par une formation à Sciences Po Paris, option aménagement et urbanisme, jamais il ne pratiquera le métier d’ingénieur, mais restera constamment intéressé par les questions d’habitat. En 1974, il travaille six mois dans un bureau d’étude parisien, à l’époque où l’État aidait les villes moyennes à se développer, tant sur le plan urbanistique que culturel. Il participera ainsi au dossier de la ville d’Epernay dont le maire est Bernard Stasi. De 1974 à 1976, il est à la Direction de la construction de Paris où il s’occupe essentiellement d’habitat ancien et de la restauration des centres anciens. « A l’époque, il y avait beaucoup de démolitions, on ne pensait pas à réhabiliter. Il n’y avait pas d’appétit pour ça. Mais ce fut une très belle époque. L’État donnait l’argent, et les communes bâtissaient leurs projets », se souvient celui qui interviendra à Bayonne, Manosque, Agen… pour y développer les prémices de ce que peut devenir un centre urbain, avec ses rues piétonnes, ses parkings et ses transports en commun.

De l’habitat social neuf à l’ancien réhabilité
C’est aussi l’époque où l’État incite les offices HLM à faire du logement social en centre ville. Ce temps où l’on construisait du neuf dans les ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité) et où il était inconcevable que le social puisse se faire dans de l’ancien. De l’incongru, aujourd’hui devenu banal. Suivront six années passées à Tours, dont sa femme est originaire, pour les PACT de la région Centre, réseaux associatifs issus d’une initiative citoyenne contre le mal logement. Une orientation qui en dit long sur ce « catho pratiquant », il ne s’en cache pas,  père de cinq garçons et grand-père de six petits enfants.  Adepte passionné de marche et de montagne, curieux des pensées et des modes de vie différents qu’on découvre à l’étranger (Népal, Pérou…) il fait partager très tôt les voyages dont il aime le côté stimulant, à ses fils. Puis viendront les années Bordeaux, pour prendre la direction du PACT de Bordeaux et de l’Habitation Economique, et devenir (pendant huit ans) le représentant à Paris de la région Aquitaine de la FédératioA Lecroart lors d'une table ronde entre les organismes HLM coproducteurs de Bordeaux, ville millionnairen nationale des sociétés coopératives HLM. Président de la confédération départementale HLM de la Gironde, il pousse l’ensemble des organismes à des positions communes, particulièrement sur la gestion des contingents prioritaires et l’accueil des plus en difficulté. Un sujet qu’il se fait fort de défendre, même s’il est compliqué.

De la mairie à la CUB
En 2001, Alain Juppé le sollicite pour prendre la direction de la Sbuc (Société bordelaise d’urbanisme et de construction) créée par la villede Bordeaux pour pallier le manque de logements. Recruté par Didier Boucard, un grand pour lui, qui fait partie de ceux qui l’ont marqué, sa mission sera de restaurer le centre ancien avec le souci de mieux encadrer les travaux, de faire cesser la prolifération des studettes et d’accélerer la réhabilitation. En 2002, il renomme la Sbuc qui devient InCité. Une  Société d’Economie Mixte (SEM) dont les actionnaires principaux sont la ville de Bordeaux, la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), la Caisse des dépôts et consignations, la Caisse d’épargne et la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux. En 2005, la Maison Girondine vient le chercher. Il devient le patron du groupe qui sera rebaptisé Mésolia Habitat. Une maison qui avait besoin de se réveiller et qu’il peut prétendre  avoir développée en la faisant passer de 100 logements à 300/400 par an, avec un niveau de rentabilité excellent. De même, il impulse l’écologie dans le social en embauchant un éco-conseiller. Démarche complètement inédite à l’époque :  » j’ai embauché Nicolas Houdré sous ma gouverne, pour exprimer l’importance d’un sujet aux antipodes d’un effet de mode. Une idée pour démontrer que tout est lié. Une vision globale pour amener les gens à se respecter et à respecter les lieux où ils vivent.

Exigence, prévoyance et structuration pour préparer demain
Arnaud Lecroart le dit lui-même, il n’est pas un homme de l’immédiat. « C’est pour ça que je suis un homme de l’aménagement, je ne crois pas à cette société qui va trop vite. Je ne la conteste pas totalement, mais elle ne doit pas nous empêcher de réfléchir. Certains côtés malsains empêchent de préparer en amont et d’anticiper. Il s’agit de ne pas confondre vitesse et précipitation et de rendre les choses lisibles. L’équipe qui dessine un projet est importante, on ne conçoit pas un bâtiment en 15 jours. Intégrer cette idée et l’appliquer fait globalement gagner du temps. Sinon c’est la perte d’efficacité et d’argent assurée ». Etre en éveil pour préparer demain, voilà ce qui intéresse Arnaud Lecroart. Après plusieurs bonnes années pas toujours faciles jusqu’en mai 2011, son mandat de DG chez Mésolia n’a pas été renouvelé, contre toute attente,  tout comme son mandat de président de l’association régionale d’HLM… D’opaques luttes de pouvoir le disputant à la mésentente réciproque entre le président de Mésolia et son directeur, en seraient les raisons. Si le choc a été rude, d’autant plus qu’ à cette décision brutale, s’est rajoutée la disparition en montagne de Nicolas Houdré, pour qui il avait plus que de l’estime, Arnaud Lecroart va  très vite avoir l’occasion de rebondir. Vincent Feltesse, le président de la CUB, a décidé de  lui confier la responsabilité de la mission depréfiguration d’uneSociété Publique Locale (SPL) communautaire, pouraccompagner lamontée en puissance de l’opération 50 000 logements. Il y a quelques mois, Arnaud Lecroard aurait eu du mal à sourire sur la photo. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.

Photo : IC

Isabelle Camus

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle !
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles