Politique | La communauté urbaine de Bordeaux veut revenir à une régie publique de l'eau
11/06/2011 |

"L'eau constitue un bien commun, dont le service public doit se réapproprier les enjeux de gestion et de gouvernance", estime Vincent Feltesse, le président socialiste de la CUB (communauté urbaine de Bordeaux). Jeudi 9 juin, il a donc proposé aux élus de passer en régie publique l'ensemble du service de l'eau à l'horizon 2018. L'eau est devenu un enjeu politique très fort. En 2006, sous la présidence d'Alain Rousset (PS), la Lyonnaise des eaux avait dû restituer plus de 200 millions d'euros de surprofits... Un acte fort, qui avait marqué son mandat. Pour Vincent Feltesse, c'est aussi une manière d'imprimer sa "patte" et de montrer aux contribuables que l'argent public n'est pas gaspillé.
La Lyonnaise des eaux pourrait perdre son plus gros contrat. "Il n'est en effet plus acceptable de déléguer une majeure partie de ces missions à des entreprises privées, fussent-elles techniquement très performantes, sur des durées de 20 à 30 ans, voire plus", a expliqué la CUB dans un communiqué publié jeudi 9 juin. Le contrat avec la Lyonnaise des eaux, délégataire historique, s'achève en 2012 pour l'eau, et en 2021 pour l'assainissement. Progressivement, à partir du 8 juillet prochain, Vincent Feltesse proposera au Conseil de Communauté se "défaire" de ces contrats. La CUB envisage de revenir à une régie publique pour les services de l'eau et de l'assainissement en 2018. Ce qui signifie qu'il faudra mettre en place d'ici là une délégation de service public de transition pour l'assainissement.
Une régie publique de l'eau pour la CUB
Cette "délégation transitoire" impliquera la création d'une société dédiée avec une gouvernance renouvelée - avec notamment l'entrée des associations et des usagers dans le conseil d'administration -, le traitement de la question sociale et notamment la prise en compte des statuts des personnels concernés, une anticipation du nécessaire transfert des savoir-faire vers les cadres de la Communauté urbaine. A noter par ailleurs que la communauté urbaine devra payer 50 millions d'euros en 2018 pour résilier le contrat d'assainissement qui court jusqu'en 2021, "On respecte ce choix de la communauté urbaine", a déclaré une porte-parole de Suez Environnement. "Nous croyons profondément qu'il peut y avoir une vraie complémentarité entre la puissance publique et opérateurs privés pour faire face aux enjeux de préservation de la ressource en eaux à Bordeaux", a-t-elle ajouté. L'objectif est évident : fournir l'eau, bien public, à un tarif le plus compétitif possible à l'usger. En 2006, la renégociation du contrat de distribution d'eau potable sous la présidence du socialiste, Alain Rousset, s'était traduite par un avenant obligeant la Lyonnaise des Eaux à restituer 232 millions d'euros au service de l'eau, c'est à dire aux usagers bordelais.
Nicolas César
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