Société | La galère des bouchons : des girondins témoignent
06/02/2012 |

Le Grenelle des mobilités lancé par la CUB (Communauté urbaine de Bordeaux) est une grande réflexion de six mois pour trouver une ou plusieurs solutions à un mal bien connu des habitants de l'agglomération bordelais : les bouchons. Chaque jour, des milliers de personnes mettent plus d'une heure à rejoindre leur travail depuis leur domicile. Ils se sont éloignés de la ville centre, en raison de la chèreté du foncier, mais aujourd'hui, ils en paient lourdemment le prix. Eux, ce sont souvent les classes moyennes ou les couches populaires. Les élus locaux en conviennent, la situation s'aggrave et ne peut plus durer, surtout à l'heure, où la métropole veut passer le cap du million en 2030. Aqui! a recueilli le témoignage d'habitants de la rive droite.
Betty a 36 ans, deux enfants. Elle a quitté il y a un an la Bretagne, plus précisément, Saint-Brieuc, dans les Côtes d'Armor, une ville, où elle ne connaissait pas les bouchons, pour s'installer dans la région bordelaise. Avec sa famille, la jeune femme a posé ses valises à Cubzac-les-Ponts, à une vingtaine de kilomètres de Bordeaux. Mais, aujourd'hui aller ou revenir à son travail, à Mérignac, à Cultura est devenu un enfer. "De septembre à octobre, je mets 1h15, sans accident. A partir de novembre, le temps de trajet passe en moyenne à 1h45", décrit-elle. "Au moindre accident, c'est entre 2 et 3 heures". Autant dire que lorsque cette assistante de formation arrive en retard à son entreprise à cause des bouchons, elle est passablement énervée. Le soir, il faut aussi penser à prévoir le prolongement éventuel de la garde de ses enfants. Une situation, qui l'épuise et joue sur sa productivité.
"Il suffit de peu de choses pour que deux des trois voies du pont d'Aquitaine soient bloqués, ce qui crée des bouchons monstrueux"
Véronique, 33 ans, habitait à Saint-Loubès, à deux sorties d'autoroute de Cubzac-les-Ponts. Elle en a eu assez de tous ces embouteillages et a décidé récemment de déménager à Lormont. Pour autant, cette assistante commerciale dans la publicité n'a pas résolu son problème. "Je mets encore plus d'une demi-heure à juste traverser le pont d'Aquitaine le matin", raconte-t-elle. Résultat, Véronique, lassé de perdre son temps dans les bouchons, a négocié un compromis avec son employeur, elle arrive plus tard le matin et part plus tard le soir. "ça joue trop sur les nerfs", explique-t-elle. "Le plus terrible est qu'il suffit de peu de choses pour que deux des trois voies du pont d'Aquitaine soient bloqués, ce qui crée des bouchons monstrueux", témoigne Véronique. Mais, "j'essaie de positiver en me disant qu'un nouveau pont, Bacalan-Bastide, va bientôt arriver", poursuit cette trentenaire.
A ses côtés, Pascal, 38 ans, chef de pub a fait le choix du 2 roues depuis début 2011 pour se faufiler dans les embouteillages le matin et le soir. "En voiture, même en passant par les petites routes, on ne gagne pas de temps. Il n'y a pas d'alternative", se désole-t-il. Désormais, Pascal ne met plus que 20 minutes à rejoindre son travail à Bordeaux-Lac, en moto, depuis Saint-André-de-Cubzac. Pour autant, "sur l'autoroute, je me retrouve parfois coincé par des voitures", fait-il remarquer. Selon lui, "s'il y avait moins de camions, la circulation serait plus fluide et il y aura moins d'accidents".
Nicolas César
Crédit photo : Aqui!