Le développement durable au coeur de la controverse


Isabelle Camus
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 03/05/2011 PAR Isabelle Camus

Introduit par Fabienne Brugère, philosophe et présidente du C2D, le débat ne remettra pas en cause le bien fondé d’un modèle dont, finalement,  quasiment personne ne conteste la nécessité, mais plutôt les usages et les détournements.  » L’expression fourre-tout est un coup de force sémantique où tout le monde peut se retrouver, de l’écolo à l’industriel soucieux de ses bénéfices », amorce Jean-Marc Gancille, militant  environnemental chevronné qui connait le DD sur le bout de ses doigts de communicant responsable. « Le développement durable sert à gommer les dissensus, alors que tout le monde n’a pas les mêmes intérêts.  Mais c’est aussi une expression, autour de laquelle tout le monde communie, vidée de son sens, qui pose la question  de la répartition des richesses et parle de cohésion, pas seulement d’écologie ». 

De l’écologie comme nouvelle religion
Sylvie Brunel, enfoncera le clou en évoquant le côté clérical  qui imprègne, aujourd’hui, l’écologie. Nouvel Évangile où se mêleraient  foi, fidèles, communion, culpabilisation, dons et actes de contritJean-Marc Gancille et Fabienne Brugère parlent de développement durableion. L’ex-humanitaire,  spécialiste des questions de développement, soulevera même la question :  » Au nom de la planète, ne créerait-on pas de l’injustice sociale ? Il faudrait plutôt parler d’humanité durable ». Pour mieux dénoncer l’apparition de nouveaux apartheids créés par les péages en ville et la pénalisation des plus démunis aux véhicules les plus polluants. Ou encore la disparition des sacs plastiques, désormais payants dans les supermarchés. Une mesure qui, si elle se justifie pour enrayer les dégâts d’une surconsommation, génitrice d’un septième continent flottant plastifié, ne bénéficie en rien au personnel de la grande distribution.  Paradoxes  sur fond d’autoritarisme émergent. « Il faut mettre en oeuvre des solutions d’adaptation, d’innovation et d’action, non pas dans une planète sanctifiée, mais  dans une planéte pour tous, ici et là-bas ».

Les turpitudes de la HQE
La verve explosive de l’architecte Rudy Ricciotti, prendra le relais, dans une emphase  méditerranéene  revendiquée, pour mieux dénoncer la tyrannie des normes qui plombent sa profession. « Comment quelque chose de légal contamine l’état, colonise et devient un outil pervers… Une « doxa » avilisante dont se sont emparés les professionnels du bâtiment, les promoteurs et les marchands du temple ».  » Les turpitudes de la HQE  (Haute qualité environnementale) me rendent anxieux. On ne sait pas où on va ». Loin du discours politiquement correct, volontairement provocateur, l’auteur d’un pamphlet sur la HQE prônera même la désobeissance  de l’architecte face à une « bureaucratie fascisante », au suréquipement des projets et à l’empreinte écologique qui passe mal l’épreuve de  vérité.  Finalement c’est Noël Mamère qui sera le plus soft en citant Thoreau, Ellul, Charbonneau, Franz Fanon et Ariès sans s’éloigner du discours des autres intervenants. Le changement par l’éducation et la reflexion.  Avec, côté application pratique, l’évocation de la position de la mairie de Bègles d’avoir favorisé le bio pour la restauration scolaire. Un bio capable, il faut le savoir, de faire des milliers de kilomètres pour approvisionner les magasins locaux. Autre contradiction pointée du doigt lors d’un « Café de la controverse » sans discordance, « religieusement » suivi par plus de 200 personnes et qui aurait pu s’intituler :  « Développement durable, nécessité ET imposture ».

Photos : IC

Isabelle Camus

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