Capian : Thibault Maury cultive la terre de ses ancêtres


Thibault Maury a installé sa micro-ferme à Capian, dans l’Entre Deux Mers, en attendant d’acheter une plus grande exploitation.

Yoan DENECHAU | Aqui
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/04/2021 PAR Yoan DENECHAU

Petit-fils d’agriculteurs, Thibault Maury s’est installé à vingt ans sur un bout des terres familiales, situées dans l’Entre-Deux-Mers, à la croisée de Capian, Villeneuve de Rions et Paillet. Infirmier de formation, il s’est donné à un métier de cœur, qu’il n’a pas l’intention de lâcher. Et son parcours, du lycée agricole de Bazas au stage de terrain chez un maraîcher bio, l’a conforté dans son idée.

Quand nous retrouvons Thibault Maury dans sa ferme, il est en compagnie de son grand-père, venu récupérer des plants. « Ce sont mes grands-parents qui m’ont donné le goût du maraîchage. J’allais les aider au potager », sourit timidement le jeune homme. Aujourd’hui, Thibault, initialement en formation d’infirmier puis en chimie, a trouvé sa voie, et quelle voie. « Je me suis lancé en 2015, en créant un petit potager chez moi, en parallèle d’un Bac STAV (Sciences et Techniques de l’agronomie et du vivant, NDLR) au lycée agricole de Bazas, je me suis senti dans mon élément, alors j’ai voulu aller plus loin », reprend-il.

Il a agrandi son potager au fil des années, avant, en 2019, de sauter le pas. Thibault voulait devenir chef d’exploitation. Son exploitation. Il a donc racheté 2 500 mètres carrés de terres agricoles, appartenant à sa famille et a suivi un BTS ACSE (Analyse, Conduite et Stratégie de l’entreprise agricole ). « J’ai sauté une génération, mais je suis dans le grand bain, à faire le métier de mes grand-pères, avec la même passion qui les animait », sourit le jeune agriculteur.

Révolutionnaire

Le chemin de l’installation agricole n’est pas de tout repos. « Outre la passion, il faut savoir s’entourer, se faire conseiller. Tout faire seul, c’est compliqué », précise Thibault Maury. Le maraîcher s’est donc orienté vers la Chambre d’Agriculture de Gironde, par le biais de son antenne à Créon. En plus de l’aiguiller dans le montage de son projet, la Chambre lui a conseillé de suivre un stage d’immersion sur une exploitation, pendant six mois. A noter que depuis 2020, ce stage de six mois est obligatoire en Gironde, pour obtenir la Dotation Jeune Agriculteur (aide financière à l’installation) pour les exploitants hors cadre familial ou n’ayant pas d’expérience dans le métier d’agriculteur. Le jeune agriculteur s’est donc fait la main chez Christophe Guénon, maraîcher bio et éleveur reconnu de vache bordelaise à Léognan. « C’étaient de grosses journées, mais le temps filait vite. Christophe a dû me calmer : quand on est jeune, on est souvent un peu révolutionnaire », s’amuse Thibault Maury.

Le jeune homme voulait « sauver le monde », comme il s’amuse à le dire, en travaillant en permaculture – mode de culture s’inspirant de la nature en optimisant l’espace, les ressources et sans pesticides ni engrais. Son maître de stage, lui aussi, a démarré en permaculture, puis est revenu à une culture moins complexe à mettre en place. « C’est bien pour un potager personnel, mais ce n’est pas forcément viable si vous voulez nourrir la population tout en gagnant votre vie », souligne Thibault Maury. Sur sa micro ferme, le jeune maraîcher mène une agriculture extensive, avec un rendement faible mais respectant autant que faire se peut la biodiversité. Il produit une dizaine de légumes de saison, attend les prochains épisodes de gel pour semer ses plants estivaux. En plus de « le calmer », le stage chez Christophe Guénon a permis au jeune maraîcher de découvrir les rudiments et les difficultés de son métier. En d’autres termes, la réalité agricole au jour le jour. « C’est vrai que ce n’est pas un métier facile, mais pour moi c’est un choix du cœur et un métier qui me passionne alors tout est plus simple », résume le jeune homme.

Yoan DENECHAU | Aqui

Les plants de tomate et de chou-fleur attendent les derniers gels pour être mis en terre.

À cœur vaillant rien d’impossible

Outre la Chambre d’agriculture et des confrères, Thibault Maury est également épaulé par sa famille. « Quand j’ai commencé à parler de m’installer en bio, mon grand-père m’a mis en garde. Mais il m’a tout de même soutenu. Notre devise, c’est « à cœur vaillant rien d’impossible » », sourit-il. Ce dicton, le jeune homme l’a mis en application sur sa micro ferme. Avec son tracteur des années 50 – un Renault D35 pour les connaisseurs – et ses attelages il s’occupe de ses sols. « J’ai acheté une vieille dérouleuse plastique, pour protéger notamment mes salades. Je l’ai un peu customisée en installant des roues de brouette et des guides pour arroser en même temps. Ça m’aura appris la soudure », rit l’agriculteur.

Depuis maintenant deux ans, Thibault Maury entretient donc sa micro ferme à Capian. Son rêve, c’est acheter une exploitation et s’installer en tant que jeune agriculteur bio. « L’accès au foncier est compliqué. Une exploitation coûte environ 400 à 600 000 euros, c’est une sacrée somme à mobiliser… Derrière, il faut être sûr de pouvoir vivre, je préfère prendre mon temps », tempère le maraîcher. Pour parfaire sa formation avant d’acheter une exploitation à l’avenir, Thibault Maury partage son temps entre la micro-ferme et un travail à mi-temps dans une cave coopérative à Langoiran. « Ça me fait de l’expérience avant de passer à l’étape supérieure. L’objectif est aussi d’apprendre des autres », souligne le jeune homme.

Circuit court, circuit court, circuit court…

Thibault Maury ne vend pas encore ses produits. Il les réserve à une consommation personnelle ou à son entourage et s’apprête à les commercialiser dans la cave coopérative où il travaille. S’il ne peut être certifié bio pour le moment, le jeune maraîcher propose des produits de terroir, qui semblent faire du bruit dans les villages voisins. « J’ai été contacté par la Mairie de Paillet pour fournir la cantine scolaire avec la micro ferme, c’est vraiment un projet très intéressant », souligne Thibault Maury.

Le jeune homme compte également proposer des produits à l’épicerie de Paillet ou en vente directe. « Aujourd’hui plus que jamais, les circuits courts sont à chérir et développer », ajoute le jeune maraîcher. A terme, il espère avoir une exploitation d’une dizaine d’hectares et un salarié, dans l’Entre-Deux-Mers. Thibault compte tout de même conserver sa micro-ferme sur les terres familiales. « Je suis attaché à mon terroir. Quand je cultive la terre ici, j’ai l’impression d’être proche de mes racines ».

Cet article fait partie du dossier
Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! AGRICULTURE > Nos derniers articles