Aqui! TV7 :Trois questions à Marion Lapoujade, la technicienne passionnée d’Excellence Bazadaise


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Temps de lecture 7 min

Publication PUBLIÉ LE 12/05/2017 PAR Solène MÉRIC

@qui!: Rustique et locale, la race Bazadaise a une histoire ancienne et à rebondissement. Pouvez-vous nous en parler ainsi que de ses développements récents en France mais aussi à l’international ?

Marion Lapoujade : Historiquement, et de longue date, la Bazadaise était une race dédiée au travail dans les champs. C’est de là d’ailleurs que vient la Fête des bœufs gras célébrée tous les ans à Bazas en février depuis 730 ans. Mais, petit à petit, avec la mécanisation, les animaux ont de moins en moins été utilisés aux champs et la Bazadaise a failli disparaître. Ce qui l’a sauvée c’est la production de viande et principalement, à l’époque, le veau de lait sous la mère qui était une production reconnue pour la race. Désormais, la Bazadaise est une race à viande à part entière, qui fait partie des grands. C’est la plus petite des grands mais pour autant, on n’est pas une race menacée, juste une race à petit effectif, et donc en développement… Elle est connue d’abord pour ses qualités d’élevage et ensuite, principalement, pour ses qualités bouchères, gustatives.
En terme de chiffres, il y a 20 ans, il y avait 2000 animaux, aujourd’hui on est à plus du double. A l’organisme de sélection on compte 4000 vaches âgées de plus de 2 ans, mais il y a autant d’animaux à l’extérieur dans des troupeaux qui ne sont pas dans l’organisme.Quant au développement « géographique » de la race, c’est comme son nom l’indique, une race originaire de Bazas ; une race locale spécifique au Sud-Ouest et notamment naturellement fortement développée en Gironde qui est le département qui compte le plus grand nombre d’animaux.
Le deuxième département c’est les Hautes-Pyrénées, ensuite on en trouve beaucoup aussi dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, sans oublier le Gers et les Hautes-Pyrénées, ainsi qu’un peu en Haute-Garonne. Mais plus ça va, plus il y a un effet « tâche d’huile » et il y a maintenant des élevages un peu partout en France. On a pas (encore…) un élevage dans tous les départements mais on est présents dans toutes les anciennes régions. On trouve des élevages en Charente-Maritime, dans le Nord, dans la Mozelle, en Côte-d’Or, en Normandie, dans la région Centre, dans la Loire, etc… D’ailleurs, les nouveaux éleveurs qui se montent et qui adhèrent chez nous sont souvent hors département et en ce moment plutôt dans le Nord de la France. Ils choisissent la Bazadaise pour ses qualités et parce que c’est une race rustique, ce sont des animaux qui montent en estive jusqu’à plus de 2400 m d’altitude, et s’adaptent aux zones de montagne.

« En Australie, il y a plus de Bazadaises qu’en France »
Ce sont aussi des vaches qui ont de bonnes résistances aux températures que ce soit au froid ou à la chaleur, et c’est pour ça qu’elles sont également choisies à l’étranger, où les éleveurs font des croisements avec des races locales, comme en Argentine, ou au Chili, dans des pays avec des climats plus chauds que chez nous. Et comme c’est aussi une race avec de la viande, elles apportent de la viande et de la rusticité sur leur animaux. C’est une spécificité très française, les élevages en race pure,mais on trouve aussi des Bazadaises de race pure en Belgique, en Espagne, en Australie… En Australie, il y a même plus de bazadaises qu’en France. Elles sont aussi appréciées aussi pour leurs qualité maternelle, elles vêlent très facilement et ont une belle production : un veau par an, ça compte pour la productivité des élevages et que les éleveurs vivent de leur travail.

@!: Qu’en est-il alors du rôle de l’Organisme de Sélection ? En quoi, et comment contribue-t-il au développement de la race Bazadaise ?

ML : L’OS de la race Bazadaise, c’est Excellence Bazadaise, c’est une association présidée par Joël Sillac , qui est éleveur dans les Landes, et nous sommes deux salariés, une expert-comptable et moi. L’organisme de sélection a plusieurs missions. D’abord on cherche à développer la race. Pour ça on a plusieurs actions. D’abord en s’appuyant sur la reproduction avec une sélection des meilleurs veaux reproducteurs. Pour ça on fait passer tous les ans, deux séries de 7 jeunes mâles en station d’évaluation. On les choisit par rapport à leur morphologie et leurs performances et à celles de leur parents. Notre objectif est d’en sortir un tous les ans au catalogue d’insémination. On a aussi une partie promotion de la race, pour laquelle on participe à des Salons : Aquitanima à Bordeaux, le Sommet de l’élevage à Cournon, le Salon International de l’Agriculture à Paris, on est aussi présents à Tarbes et on participe de temps en temps à des comices agricoles locaux du Sud-Ouest où la Bazadaise est présentée par les éleveurs. On organise aussi les concours de race avec un concours inter-régional à Tarbes et un concours inter-régional à Bordeaux, ainsi qu’un concours national tous les 2ans et également la Fête des Boeufs gras à Bazas.
Autre mission, on s’occupe de la gestion du livre généalogique de la race. Je vais en élevage pour réaliser des pointages morphologiques des animaux. On leur donne des notes en fonction de leur différentes parties du corps pour pouvoir les hiérarchiser au sein de la race, ce qui nous sert en appui pour organiser des accouplements et pouvoir progresser en génétique.

Le programme Embryons
On est l’organisme de Sélection de la race mais on s’appuie aussi sur d’autres projets pour la développer. En ce moment par exemple, on est en train de faire un programme Embryons, parce qu’en tant que race à petit effectif, on a actuellement plus de demandes que d’offres par rapport aux producteurs. Avec ce programme on a commencé par choisir les meilleures vaches indexées de la race. Puis, on va contacter les éleveurs de ces vaches pour voir s’il y a possibilité de faire des embryons sur ces animaux, et créer une banque d’embryons afin que les personnes qui ne trouvent pas de Bazadaises puissent acheter les embryons et les poser, par exemple, sur leurs vaches laitières. En ce moment, beaucoup de laitiers sont intéressés par la Bazadaise pour faire des reconversions lait-viande, on souhaite donc leur proposer pour l’instant de garder leurs vaches laitières et d’en faire les receveuses d’embryons bazadais. Ça leur permettra de continuer leur activité laitière le temps que les première bazadaises naissent et le temps de se monter leur troupeau.
Pour développer la race on a aussi eu un taureau qui était sur le catalogue d’insémination, qui a été prélevé en semence sexée femelle. Ça a été fait il y a trois ans, et là le taureau est repassé en centre de prélèvement et on a récupéré 300 doses sexées pour que les éleveurs puissent obtenir plus de femelles que le rendement normal de 50% entre les mâles et les femelles. L’objectif ici c’est d’obtenir plus de génisses de renouvellement et ainsi en proposer plus à la vente pour que les personnes qui souhaitent créer un cheptel bazadais, ou augmenter leur cheptel, puissent le faire.

Les locaux du Groupement des Organismes Bazadais Agricole où se trouve le siège de l'OS Excellence Bazadaise à Bazas

@: On a bien compris les missions de l’OS, comment vous, au quotidien, les mettez-vous en œuvre ? En d’autres termes qu’est-ce que ça signifie qu’être technicienne d’Excellence Bazadaise ?

M.L : Mon rôle de technicienne c’est d’aller en élevages pour faire ces pointages morphologiques adultes. Pour combler un retard de plusieurs mois, je le fais en partenariat avec l’OS Blonde d’Aquitaine et Bovin croissance du Sud-Ouest pour que leurs techniciens aillent aussi,  pointer certains animaux. Sur le terrain j’ai aussi pour rôle de veiller au lien entre l’association et les éleveurs, ou encore de voir avec eux, les planning d’accouplements pour les éleveurs qui font de l’insémination, voir quel taureau mettre sur telle ou telle vache selon les besoins des éleveurs. Je m’occupe aussi de la participation au Salon, de l’organisation en amont, ainsi que l’animation sur les Salons et les concours.
Je suis aussi chargée du recrutement des veaux qui entrent en station, en allant en ferme pour les voir, mais avant ça d’effectuer tout un travail d’amont de la recherche de ses veaux, regarder leurs performances sur papier, passer de nombreux coups de fil… Il y a aussi la gestion et la préparation des réunions, mettre en œuvres les programmes en cours dont je parlais tout à l’heure, je m’occupe aussi des demandes de subvention, de monter les dossiers, mais aussi tout ce qui est gestion des mails et des appels des personnes qui se renseignent sur la race Bazadaise, et dans l’autre sens, on fait aussi de la diffusion d’information aux éleveurs par rapport à la Race… Je ne m’ennuie pas!
En sortant de l’école j’ai postulé ici sans trop savoir ce qui m’attendait, sauf les quelques lignes de l’offre d’emploi, mais aujourd’hui, je me rends compte que c’est ça et pas autre chose que je voulais faire. Bien que je sois une fille, et non issue du milieu agricole, le contact avec les éleveurs est précieux, ils m’ont très bien accueillie. C’est avec eux qu’on apprend le plus, parce qu’ils ont une belle manière de transmettre, plus que leur métier, leur passion, alors même que c’est très difficile pour eux financièrement.


L’actualité à venir de la Race Bazadaise :

-Salon Aquitanima, à l’occasion du Salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine, avec 40 animaux, où se tiendra le concours inter-régional le dimanche 21 mai (matin) ainsi que la vente aux enchères de 4 taurillons, et avant cela le samedi 20 mai, la vente aux enchères de 2 vaches grasses de 13 à 14h

-En amont du Salon : Un pré-tour Bazadais Aquitanima Internatinal passera par le Gers, les Pyrénées-Atlantiques et autour de Bazas, avec la participation d’éleveurs belges, espagnols, et gabonnais.

-Un peu plus tard dans le calendrier : le Concours national de la race Bazadaise sera organisé à Barcelone-du-Gers en février 2018

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