A Lacq, M2i et CEVA dessinent une nouvelle filière: « la Phéromone Vallée »


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 26/09/2020 PAR Solène MÉRIC

C’est en réalité un double rendez-vous qui était donné ce vendredi 25 septembre à la pépinière d’entreprises Chemstart’up, plateforme technologique qui accueille depuis 2011 sur le Bassin de Lacq, de jeunes sociétés spécialisées notamment dans la chimie fine, les nouveaux matériaux ou encore la chimie verte.

Démocratiser, simplifier et optimiser l’application de phéromones en agriculture

Un double rendez-vous car au-delà du lancement officiel de cette Phéromone Vallée, l’occasion était belle de présenter en amont, le nouveau « bébé » de M2i développement, entité béarnaise du groupe M2i. Cette PME installée à Lacq depuis fin 2012 (et au sein de Chemstart’up depuis 2015) est spécialisée dans la recherche et le développement sur les solutions alternatives aux pesticides à base de phéromones, ces substances naturelles secrétées et émises par une espèce et qui, perçue par un individu de cette espèce, provoque une réaction spécifique. Une sorte de message olfactif entre les individus qui permettent une fois reproduit en laboratoire de lutter contre les insectes ravageurs ou d’influencer positivement sur le comportement des animaux domestiques.

Et, dans ce domaine, c’est une première mondiale que M2i a présenté ce vendredi : une nouvelle unité de production de formulation permettant de simplifier l’application de phéromones et d’optimiser leur efficacité en champ pour lutter contre les ravageurs des cultures. La spécificité de cette nouvelle unité, signant pour l’unité béarnaise un basculement de la recherche et développement à une échelle de production industrielle, est la micro-encapsulation des fameuses phéromones sur une capacité de 2000 litres. C’est le premier outil de production de cette taille au monde. Il sera dans un premier temps dédié à la production de phéromone encapsulées à destination de la vigne.

Une première production commerciale pour l’Amérique du Sud
En clair, l’apport de la micro-encapsulation à une échelle industrielle, est double explique Olivier Guerret, vice-président et cofondateur de la société M2i. « Cela va permettre, d’abord de rendre financièrement accessible à tous les viticulteurs ce traitement de lutte naturelle contre les ravageurs, tout en faisant une économie sur les pesticides. Mais, en plus, l’application aux champs ne nécessite pas pour l’agriculteur d’équipement supplémentaire. Ca s’applique aussi facilement que de la bouillie bordelaise, et uniquement quand le viticulteur en a besoin », assure-t-il.

Et pour une application qui soit la plus efficace et utile possible, M2i propose en parallèle des formations « pour apprendre les bonnes doses au bon moment », avec l’idée aussi que « c’est parce que les agriculteurs seront accompagnés qu’ils transformeront leurs pratiques vers davantage d’agro-écologie ».

La première production commerciale de la nouvelle unité partira bientôt pour l’Amérique du Sud, pour des vignes du Chili et d’Argentine. « L’Amérique du Sud nous a donné son accord avant l’Europe. Il y a encore quelques lourdeurs administratives en ce qui concerne les procédure de certifications devant l’ANSES, regrette Philippe Guerret, frère du premier, PDG et cofondateur de M2i. Pour nous, la première saison européenne démarrera en mars prochain ». Un regret, partagé par les officiels présents pour cette inauguration, mais vite balayé par l’autre grande nouvelle de la journée : le lancement de la Phéromone Vallée.

« Il faut apporter des solutions aux impasses que les agriculteurs rencontrent »
Initiée par M2i et Ceva Santé Animale, l’autre grand acteur néo-aquitain de la production de phéromone, à destination cette fois des animaux, la Phéromone Vallée vise à mettre en valeur et à développer le biocontrôle animal et végétal par le regroupement des acteurs de la région qu’ils soient agricoles, industriels et de la recherche tant publique que privée. Le tout sous le regard complice et bienveillant de la Région. A l’heure des discours sur l’exposé des motifs, c’est bien la transition agro-écologique en cultures comme en élevage qui revient dans la bouche des responsables.

Pour Philippe Guérret, « il faut développer une nouvelle filière car c’est à la fois une réponse à un besoin social fort, et une réponse au besoin de réindustrialiser la France. Maintenant il faut capitaliser les talents, et il y en a beaucoup en Nouvelle-Aquitaine. La Phéromone Vallée doit être la matérialisation d’un cluster de savoir-faire et d’innovations qui donnera accès à une nourriture de bien meilleure qualité. »

Quant à Marc Prizazsky, l’autre père de cette « Phéromone Vallée », la mobilisation des industriels, en lien avec les Universités auprès des quelles il appelle à se « connecter », apparaît comme une évidence : « la réussite d’une transition agro-écologique des agriculteurs et des éleveurs, ne peut se faire sur le choix de la décroissance alors que 850 millions d’humains ne mangent pas à leur faim dans le monde… C’est à nous d’offrir des solutions dont les agriculteurs se saisiront pour peu qu’on les aide et qu’on reconnaisse leur rôle. Nous devons les aider à résoudre cette équation d’une alimentation plus saine plus sûre et attentive au bien-être animal et à l’environnement ».

Des convictions dans lesquelles s’est inscrit Alain Rousset soulignant à son tour, derrière la recherche et l’industrialisation de solutions, la nécessité d’accompagner les agriculteurs dans ces démarches plus vertes. « Il faut apporter des solutions aux impasses que les agriculteurs rencontrent. Mais si on ne les accompagne pas, s’il n’y a pas une forme d’assurance, ils ne basculeront pas totalement dans l’agro-écologie. Il faut une écologie de confiance et d’accompagnement. »

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