Agriculteurs et apiculteurs butinent dans le même sens


Baptiste Nouet
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/04/2019 PAR Baptiste Nouet

Jean-Michel Barbe est le coprésident de l’association Abeilles et territoire. Sa passion pour l’apiculture est née il y a six ans. Apiculteur amateur à Lannecaube, située dans le Nord-Est du Béarn, Jean-Michel profite du printemps pour procéder à un tour de son rucher. Il a d’ailleurs rapatrié une dizaine de ses ruches à son habitation faute d’activité. Ses butineuses ont quitté leurs cabanes. Où plutôt elles ont été dénichées et décimées, pour la plupart, par les deux prédateurs asiatiques très présents aujourd’hui, le frelon asiatique et le varroa destructor. Malgré son intervention, il n’est pas parvenu à enrayer le fléau. Mais le quinquagénaire relativise. « Cette mortalité est la conséquence de multiples facteurs, souligne-t-il. Il y a le réchauffement climatique, les effets de la mondialisation et aussi certains modes de productions agricoles. » Il n’est donc pour lui pas question d’incriminer la profession agricole et de l’associer comme l’unique coupable. « Tirer à boulets rouges sur l’agriculture est une réelle hérésie, lance-t-il. La disparition des abeilles n’est pas de leur unique responsabilité. »

À l’image de son coprésident, les acteurs de l’association s’évertuent alors à faire passer ce message. « C’est important, je pense. Il y a trop d’idées reçues et nous essayons d’apporter des vérités au débat. » Pour cela, l’association compte multiplier les réunions d’information à destination du grand public comme la dernière, orchestrée ce début d’année à Lussagnet-Lusson. « Nous essayons de montrer l’intérêt de l’apiculture dans le territoire et au contraire la compatibilité et la complémentarité qu’elle peut avoir le monde agricole », explique l’apiculteur béarnais.

Développer une miellerie

Au-delà de ce rôle de médiation, l’association souhaite développer des solutions matérielles pour développer l’activité apicole. Dans les cartons avant même la création de l’association, un projet de miellerie collective devrait rapidement voir le jour. Née d’un rapprochement avec la conserverie du Vic-Bilh (N.D.L.R. une structure agroalimentaire développée pour les producteurs qui souhaitent transformer leur production), ce projet collectif, ouvert aux apiculteurs professionnels et amateurs, devrait être opérationnel dès 2021. Jean-Michel voit une réelle opportunité dans le développement de cette miellerie.

En effet, par son implantation géographique, aux confins du Gers, des Hautes-Pyrénées et des Landes, elle pourrait d’abord offrir une solution à tous les apiculteurs de ces départements voisins (Gers, Hautes-Pyrénées et Landes). « Cette structure va permettre ainsi à des apiculteurs professionnels de se lancer en s’affranchissant d’un investissement lié au matériel trop important. » D’une capacité de production prévue aux alentours de 2 tonnes de miel par jour, la miellerie sera dotée de tout le matériel nécessaire — décanteur, extracteur, centrifugeuse… — pour travailler le miel. Ses frais de fonctionnement restent encore flous. Prix au kilo de miel produit ou prix à la tâche, pour l’heure, rien n’est encore défini.

Nouer un partenariat avec les acteurs agricoles

L’autre projet de Abeilles et Territoire concerne l’étude d’une parcelle. Dans le souhait d’un rapprochement concret avec les acteurs du monde agricole, un champ pourrait être exploité à la fois par des apiculteurs, des agriculteurs et des acteurs d’organismes locaux. « Derrière, l’idée serait d’étudier les interactions entre l’apiculture et l’agriculture et de dégager des solutions porteuses  », explique l’apiculteur de Lannecaube. Certaines pistes — types de couverts végétaux, choix des espèces… — se révéleront certainement pertinentes et pourront profiter à tous les acteurs. Cette symbiose grandeur nature réjouit l’apiculteur. « Aujourd’hui, comme je dis, il y a deux choses qui disparaissent : les agriculteurs et les abeilles. Faisons en sorte de renverser ce phénomène… », conclut-il.

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