Agriculture et changement climatique: constater pour s’adapter


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/12/2015 PAR Solène MÉRIC

C’est dans la matinée de ce 2 décembre qu’a eu lieu le Comité de pilotage de l’Observatoire Régional Agriculture et Changement climatique dans sa version étendue à l’Aquitaine, après 4 années d’existence concentrée sur le Poitou-Charentes. «Un moment important » pour un observatoire au « rôle essentiel » comme l’a rappelé Bernard Layre, élu référent de la Chambre régionale d’agriculture d’Aquitaine, appuyé en cela par Luc Servant, Président de la Chambre d’agriculture de Poitou-Charentes, rappelant que « né de la volonté partagée de l’ADEME et de la Chambre d’agriculture, la vocation de l’Observatoire est de rassembler des critères objectifs sur le changement climatique en cours sur le territoire ». Un « monitoring régional » en quelque sorte, sur les évolutions climatiques en cours, qu’elles soient connues via les données météorologiques fournies par Météo France, ou par l’observation de révélateurs agricoles par secteur tels que la date des vendanges pour la vigne ou celle de la floraison pour le pommier.

De l’obsvervation à l’adaptationL’objectif ici est bien d’établir « un constat commun qui permettra un partage de connaissances objectives au niveau des professionnels et à partir de là une diffusion de conseils techniques, visant à s’adapter à la juste mesure des changements climatiques et impacts constatés ». En d’autres termes, un observatoire permettant d’une part de renforcer la prise de conscience des changements climatiques par les acteurs agricoles eux-mêmes, et d’autre part d’élaborer des stratégies d’adaptation de l’agriculture régionale.
Une double dimension qui a été au cœur des Rencontres Agriculture et Changement Climatique. Pour la partie « constat », Frédéric Levrault, initiateur du projet ORACLE en Poitou-Charentes, (invité il y a quelques jours de la Chambre d’agriculture de Gironde), a retracé quelques une des observations notées en Aquitaine, témoignant non seulement d’un changement climatique en cours, mais aussi les éléments d’ores et déjà révélateurs en agriculture. Un des plus frappant étant, dans la région viticole qui est la nôtre, un démarrage des vendanges de plus en plus tôt dans l’année : elles avancent de 4 jours par décennie, note Frédéric Levrault. Un état de fait qui pousse selon lui à de nécessaires adaptations pour les acteurs agricoles. Des adaptations comme autant de défis à court, moyen et long termes (post 2050), si l’humanité ne parvenait pas d’ici là, à modérer l’évolution du réchauffement en cours.

… mais pas sans acceptationPour autant comme il le souligne, s’il est facile (au moins intellectuellement) de fixer des objectifs, chiffrés d’atténuation d’émission de CO2, la chose est plus délicate en matière d’ « adaptation ». « Si l’on écarte le simple vœu d’une agriculture viable, économiquement, socialement et environnementalement parlant, il y a un vide méthodologique et sémantique qui rend impossible l’évaluation objective des adaptations une fois mises en oeuvre » Un sujet qui pourrait nourrir les réflexions de l’ORACLE… Sans compter que ces adaptations, qui pourraient bien être proportionnellement importantes à l’élévation du réchauffement subi, doivent être acceptées par les professionnels supposés les mettre en œuvre, et les clients supposés en consommer les produits. Une question de l’acceptabilité plus particulièrement pointée par Nathalie Ollat, chercheuse à l’Inra.
Au-delà des recherches purement scientifiques et techniques mises en œuvre autour des systèmes culturaux pour s’adapter à un climat plus chaud, elle souligne la nécessité de démarches et d’équipes de recherche pluridisciplinaires pour véritablement réussir le pari de l’adaptation agricole. « Aux biologistes, chimistes, ou agronomes qui travaillent et travailleront à ces questions, il faut ajouter des économistes et sociologues, et procéder à des mises en œuvre opérationnelle en travaillant avec les acteurs de terrain ». Un souhait de la scientifique repris dans le projet LACCAVE auquel elle participe, mais qui voit dans l’ORACLE, « une grande opportunité » à faciliter cette mise en relation avec les opérateurs de terrain.

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