Bassin d’Arcachon : de jeunes ostréiculteurs prennent la relève


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 07/05/2018 PAR Emmanuelle Diaz

A l’écouter, il serait venu à l’ostréiculture « par hasard ». Étrange, pour un métier aussi difficile que celui-ci ; mais force est de constater que, dans le cas présent, l’adage populaire qui affirme que le hasard fait bien les choses, semble avoir eu raison. Car, après plusieurs années à se forger une expérience professionnelle chez des pairs plus âgés, Benjamin Livert vient de monter son entreprise sur le port ostréicole d’Andernos. Une nouvelle étape dans un parcours, il est vrai atypique, puisque rien ne prédestinait ce natif d’Angoulême, à embrasser la profession d’ostréiculteur. Un léger accueil que le destin n’allait pas tarder à rectifier en le faisant venir sur le Bassin pour une saison en tant que serveur au restaurant andernosien « L’atelier ». Un établissement tenu par deux ostréiculteurs, avec lesquels, durant deux ans, il découvre le métier, avant d’enchaîner durant le même laps de temps chez Perlostréa -toujours à Andernos-, pour « apprendre le métier de A à Z ». Deux ans de plus à « L’atelier », comme chef de production et le voilà fin prêt à voler de ses propres ailes. Un rêve qu’il concrétise le 10 avril dernier en reprenant une petite entreprise voisine qu’il rebaptise « Chai BinBin ! ». Au programme, bien sûr, l’élevage des huîtres (la traditionnelle creuse japonaise, mais aussi un peu de triploïdes, (« un tiers de la production, pour l’instant »), mais aussi, la vente sur les marchés (« à Andernos le dimanche matin et à Lège-Cap-ferret le samedi »), ainsi qu’à sa cabane sur le port ostréicole d’Andernos où des dégustations sont aussi proposées.

Le prêt d’honneur : une nouvelle opportunité pour les jeunes ostréiculteurs

Désormais à la tête d’une entreprise comprenant 70 ares de parcs (qu’il espère porter à 90 ares d’ici cinq ans), des installations à terre, du matériel de production et un stock d’huîtres, Benjamin Livert a bénéficié d’une opportunité encore méconnue pour son financement: celle du prêt d’honneur. Une aide financière (prêt à taux zéro pouvant aller jusqu’à 20 000 €) proposée en Nouvelle-Aquitaine, à tous les porteurs de projets ayant une activité agricole et ne pouvant notamment pas bénéficier des traditionnelles aides nationales à l’installation. « Ce qui est précisément le cas des ostréiculteurs depuis le 1er janvier 2016 », note Olivier Chapoulie, Chef du Département Installation Transmission à la Chambre d’Agriculture de la Gironde. Une restriction qui rend ce prêt particulièrement attractif pour ces professionnels : « en 2017, sur 25 dossiers, 10 ou 11 concernaient l’ostréiculture », poursuit-il. Bien qu’encadré par de strictes conditions d’obtention (dont l’obligation de souscrire un emprunt bancaire au moins égal au montant du prêt d’honneur), ce type de financement présente de réels avantages. « l’un des intérêts réside, pour les banques, dans le fait de partager les risques. Pour le banquier, c’est une somme qu’il n’a pas besoin de prêter et pour le candidat, ce peut être l’amorce d’un prêt bancaire ; la validation du projet par les membres du comité du prêt d’honneur pouvant contribuer à convaincre la banque », note le Responsable. Des aménagements possibles au niveau du remboursement et un taux d’intérêt défiant toute concurrence : autant d’avantages qui facilitent l’installation de l’entrepreneur. « L’objectif étant de lui permettre de mettre toutes les chances de son côté. En 2015, début du prêt d’honneur dans le département, nous avons reçu quatre dossiers, puis en 2016 et 2017 : 25 chaque année. Le dispositif semble avoir trouvé son public en Gironde », conclut-il.

 chai binbin bis

Un naissain de jeunes entreprises

Outre des aides au financement, un solide encadrement facilite la réussite du nouvel entrepreneur. « J’ai été accompagné dans toutes mes démarches et j’ai pu suivre une formation dispensée par le GRETA sur tous les aspects du métier de patron ostréicole », précise Benjamin Livert. Fan de sa ville d’adoption, « belle et très bien située car moins loin que le Cap-Ferret, (elle) attire et retient de nombreux bordelais avec des animations tout au long de l’année », le jeune ostréiculteur prise aussi la solidarité entre professionnels et l’attractivité du métier pour les jeunes : « aujourd’hui, la plupart des cabanes sur Andernos ont été rachetées par des jeunes. La moyenne d’âge des chefs d’entreprises est de 28-30 ans et l’âge d’installation est de 25-26 ans », précise-t-il. Une activité qui demeure cependant minoritaire à Andernos avec une dizaine de patrons ostréicoles. Malgré la rudesse et des aléas du métier (« les périodes comme le mois de mai sont très compliquées pour gérer les stocks d’huîtres. On subit des pertes importantes. A cause du pollen et des changements de température de l’eau, la semaine dernière, j’ai dû jeter 100 kg d’huîtres marchandes »), il reste positif et envisage de passer de 6 à 12 tonnes d’huîtres dans les 2-3 premières années d’exploitation, avant de monter à 15 tonnes à partir de la 4em année. Trois tonnes supplémentaires qui seraient consacrées à la vente en gros aux autres ostréiculteurs. Outre l’extension de ses parcs, le développement de la vente en ligne fait également partie de ses projets phares (il expédie déjà ses coquillages vers Nice en 24h avec Chronopost). Et depuis peu, sa cabane (port ostréicole d’Andernos, 2em darse, N°41) est ouverte le week-end pour des dégustations et le sera tout l’été. Des réservations en dehors de ces périodes sont aussi possibles (benjamin.livert@hotmail.fr/06 77 19 07 27).

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