Controverses de Bergerac :l’image des agriculteurs va devenir primordiale


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/07/2019 PAR Claude-Hélène Yvard

Les Controverses européennes, organisées du 16 au 18 juillet, à Bergerac, vise à confronter, au niveau européen, les différents regards portés sur les mondes agricoles ; à explorer les tensions et les paradoxes de ces imaginaires souvent trop binaires ; à repérer qui fabrique aujourd’hui les images de l’agriculture et de l’alimentation et quels sont leurs effets. Si la question du glyphosate et son traitement à travers les médias a occupé une partie des débats, notamment ceux du 17 juillet, il ressort de ces deux jours que les attentes sociétales vis à vis de l’agriculture demeurent plus vastes et fortes avec notamment une intervention très remarquée de Stéphane Le Foll, ancien ministre de l’agriculture, qui a plaidé surtout pour une nouvelle stratégie d’investissement. Les débats ont aussi abordé les partenariats improbables, comme celui de cette association de producteurs de semences qui s’associe avec le distributeur Carrefour. « Trouver des semences paysannes est plus facile dans le catalogue européen que dans le catalogue français, plus restrictif » précise Jean-Martial Morel, de l’association bretonne Koal Khoz. Le Co-président de l’association, René Léa, producteur de légumes bio de plein champ, a expliqué comment il est parvenu à contractualiser avec Carrefour, qui souhaitait commercialiser des produits issus de semences paysannes.  « On ne voulait pas servir à l’image de Carrefour. S’ils voulaient travailler avec nous, il fallait qu’ils s’engagent sur de la planification, sur des achats sur 5 ans, sur des prix qui couvrent la perte de rendement. » Précision importante, l’engagement du distributeur est allé jusqu’à la participation financière au travail effectué sur les semences via la Fondation, à hauteur de 100 000 euros. « Il s’agit d’une vraie coopération avec Carrefour, précise René Léa. « Dans notre groupement, beaucoup étaient d’accord pour travailler les semences paysannes mais il a fallu trouver un marché  avec des prix rémunérateurs en face et lever de nombreuses réticences. L’an dernier, les volumes ont réprésenté 200 tonnes et cette année, ce sera autour de 300 tonnes, il y a un marché qui se crée.« 

Un groupe local de réflexion

Un des ateliers du mercredi 17 après midi, a porté sur les hors cadres familiaux et leur apport sur l’agriculture. Un groupe local de réflexion, né des précédentes Controverses, et réunissant des exploitants récemment ou non installés mais non issus du monde agricole, a travaillé sur ce sujet. Arnaud Bourgeois, éleveur de races anciennes et récemment installé en Bergeracois après une brillante carrière de vétérinaire au sein du groupe Ceva santé animale, a présenté le travail réalisé autour de la question des non issus du monde agricole. Quels sont leurs atouts, leurs faiblesses, qu’est ce qui leur permet de réussir ?  L’apport des NIMA (non issus du milieu agricole) dans les années 70 et 80 a été important. Ils ont apporté de l’innovation, changé l’organisation de la production avec les services de remplacement par exemple, ils ont été les pionniers de la vente directe. « Aujourd’hui, ils apparaissent de plus en plus comme source de transmission des exploitations » estime Arnaud Bourgeois, éleveur et récemment installé après une carrière de vétérinaire au sein du groupe Céva santé animale. Bruno Macias, agriculteur franco espagnol, a fondé l’association Néo agri avec l’ambition de valoriser l’image du métier et de développer des modèles viables aptes à perdurer. Paula Doci, doctorante en géographie travaille sur les installations hors cadre en Italie. Elle s’intéresse à leurs parcours, qui selon elle «ne se limite pas aux vocations, mais relève parfois du coup de pouce du hasard. » Elle s’intéresse à ces migrations de la ville vers la campagne en interrogeant notamment les représentations à l’œuvre dans ces migrations, représentation de la nature, la terre mais aussi la ville. 
La clôture de ces deux journées est revenue à Saadi Lalhou en regrettant l’absence d’une partie des producteurs, et de distributeurs. Ce spécialiste de psychologie sociale, déja présent à Marciac en 2003, qui s’interrogeait sur l’image de l’agriculture, souligne que le climat n’était pas un sujet à l’époque. Il l’est devenu avec des attentes sociétales fortes. Il s’interroge : « On en parle mais ne devrait on pas être dans le coup d’après. » Effectivement la transition climatique est devenue un vrai sujet dont se sont emparés la société et de nombreux élus. Le mot de la fin revient à Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine : « Il faut arrêter de dire que les agriculteurs sont responsables du réchauffement climatique. Ils ne peuvent pas basculer du système dans lequel il sont. Il faut revoir le modèle des coopératives ». Il précise que « la région Nouvelle-Aquitaine a été la première région d’Europe à présenter une feuille de route systémique sur la transition écologique, en quatre-vingt fiches. ». Cela va nécessiter un effort de recherche en termes d’innovation et de matériels et un temps pas forcément court. 




 
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