Du spectacle à l’élevage de moutons et de poules en Val d’Issoire (87)


Claude Hélène Yvard
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 02/05/2018 PAR Claude-Hélène Yvard

A 30 ans, Ismaël Guimbretière a réalisé son rêve de devenir agriculteur. Il s’est installé à Bussière Boffy  (87) le 25 mai 2017. En un an, le jeune homme mesure le chemin parcouru et l’ampleur de la tâche qu’il lui reste à accomplir pour mener à bien son projet : celui d’une vie. « Je suis originaire du Périgord noir, de Sarlat. Je suis un homme de la campagne et j’ai toujours côtôyé le milieu agricole par des voisins, des amis. Mes parents ne sont pas de ce milieu : mon père était menuisier. » Avant de s’installer, Ismaël Guimbetière a exercé bon nombre de contrats en intérim, dans le bâtiment, les travaux publics et en parallèle, il a aussi été longtemps intermittent du spectacle, puis conducteur d’engins.
« J’ai toujours eu envie de faire ce métier. » Pendant plusieurs années, Ismaël Guimbretière ne sent pas prêt à investir dans un tel projet, sans apport, sans foncier. Il a un déclic lorsqu’une entreprise de travaux publics prévoit de l’embaucher mais le contrat ne se concrétise pas. « J’avais pas encore 30 ans, et je me suis dit, c’est maintenant où jamais. J’ai repris des études, au Centre de formation agricole de Bellac (87), et j’ai passé un BPREA, pour m’installer. » De nombreuses personnes de mon entourage, des voisins amis, et agriculteurs me dissuadent de faire du mouton. Ils me disent « on ne gagne pas assez et pour beaucoup de travail. La production ovine jouit encore d’une mauvaise image dans le secteur. »

Ismaël Guimbretière vend ses poulets et pintades élevées en plein air en direct

Au départ, il envisage d’avoir un petit atelier de volailles de chair en  vente directe et une production bovins viande. « Je me suis vite rendu compte qu’une installation en bovins viande impliquait des capitaux trop importants et beaucoup de terres  que j’avais peu de chances d’obtenir, dans le cas d’une installation hors cadre famiiial. L’accès au foncier était un point essentiel, il est de plus en plus difficile à trouver. »  Aidé par la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne, le  jeune homme murit son projet et opte au final pour une production de volailles de chair en vente directe en atelier principal et une production d’ovins viande en complément. Au cours de l’été 2016, Ismaël trouve une première exploitation qui se trouve en liquidation judiciaire à quelques kilomètres de là, mais le projet d’installation n’aboutira pas. Il perdra six mois de démarches  administratives, mais ce temps lui servira à préparer financièrement son projet. Ismaël, qui réside dans le secteur depuis plusieurs années, apprend  par un ami qu’une vieille ferme et dont l’activité agricole est arrêtée depuis 7 ans, est à vendre. Les bâtiments sont en bon état dans l’ensemble et notamment une vieille bergerie. Certaines terres ne sont plus exploitées depuis des années et considérées en friches. « La principale difficulté est que dans ce hameau, les bâtiments et les terres appartenaient à deux propriétaires  différents : l’un était vendeur, l’autre non. C’était une ancienne grosse propriété qui avait été divisée en deux avec des parties en indivision à la fois sur le parcellaire et le bâti. C’était assez complexe, les propriétaires se partageaient par exemple une moitié de grange chacun, un non sens. »

23 hectares en portage foncier

Après pas mal de tractations, et un soutien sans faille de la Safer Marche du Limousin, Ismaël Guimbretière se porte acquéreur de l’ensemble du hameau. Le futur agriculteur se trouve également en concurrence sur certaines parcelles, avec d’autres exploitants qui souhaitent s’agrandir. Le jeune agriculteur s’installera au final avec 37 hectares de SAU : dont 23 ha font l’objet d’un portage foncier par la Safer. « Je paie à la Safer, un fermage pendant cinq ans, avant d’en devenir propriétaire. »  Le hameau compte une maison d’habitation, actuellement louée et qui assure au jeune homme des revenus complémentaires.  Il a bénéficié de 35400 euros de Dotation jeune agriculteur, le plafond. L’acquisition des bâtiments et des parcelles se chiffrent à 237 000 euros. Le jeune agriculteur a emprunté environ 340 000 euros avec un apport personnel de 25 000 euros , pour couvrir l’acquisition, l’achat des matériels et l’acquisition du cheptel ovins et les volailles. Actuellement, il a un cheptel ovin de 180 mères : une partie est 100 % pâturage de race vendéenne  et l’autre moitié du cheptel reste à l’année à la bergerie. La production ovine est commercialisée via une coopérative même si à terme le jeune homme souhaite commercialiser le tout en vente directe. « Cela permet de sécuriser le démarrage d’activité et cela rassure surtout la banque, car je suis lié par contrat et engagé sur un certain volume. Sur l’atelier volailles, il table sur une production de 4200 poulets par an et quelques centaines de pintades. Les poulets et pintades bénéficient de jolis parcours plein air.

Etre autonome rapidement

« Je vends des oeufs, des poulets et quelques pintades prêts à cuir en vente directe. je vends sur la ferme le week-end à partir du vendredi après midi. je travaille pas mal avec les comités d’entreprises du secteur. je suis assez optimiste de mon démarrage d’activité.  Le jeune agriculteur a embauché une salariée à 20 heures par semaine qui m’aide à tuer les volailles et à la commercialisation. Il ne souhaite pas travailler sous cahier des charges label ou bio. Il a cultivé au cours de la première année 16 ha de céréales qui servent exclusivement  à nourrir les animaux : moutons et volailles. Son objectif est d’être rapidement le plus autonome possible dans son fonctionnement et récupérer les marges que se font les intermédiaires.

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