En Dordogne, un front uni des organisations professionnelles pour construire une charte de bon voisinage


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Publication PUBLIÉ LE 23/11/2019 PAR Claude-Hélène Yvard

En Dordogne, aucun maire n’a pris d’arrêté municipal contre le recours aux produits phytosanitaires. Le département a conservé une activité agricole importante avec 8700 exploitations, pour près de 305 000 ha de SAU. Le milieu rural attire chaque année de nouveaux habitants, qui aspirent à la tranquillité, à une meilleure qualité de vie. Habiter à la campagne suppose une meilleure compréhension des rythmes, des activités, des contraintes agricoles : élevage, épandage de lisiers, de semis, utilisation de produits phytosanitaires. Certaines de ces activités inquiètent les riverains, notamment les néo-ruraux. Parfois, mal acceptées, elles suscitent des conflits de voisinage qui se terminent devant les tribunaux.

Depuis plusieurs mois, les syndicats agricoles, FDSEA, Confédération paysanne et la Coordination rurale ont fait des propositions pour construire une charte de bon voisinage pour prévenir les conflits et aider à mieux vivre ensemble.  D »autres ont pris des itiniatives. Exemple, la Coordination rurale a envoyé début novembre un courrier aux 505 maires de Dordogne pour connaître leur position sur les arrêtés anti-pesticides.  Le formulaire du syndicat agricole est clair et ne laisse pas de place à l’entre-deux, les maires ont deux choix possibles : soit ils s’engagent à « ne pas prendre d’arrêté municipal contre les produits phytosanitaires et à soutenir les agriculteurs« , soit ils s’engagent à « prendre un arrêté municipal contre les produits phytosanitaires et à abandonner les agriculteurs. » Le taux de réponses est plutôt bon.
Ce sujet était au coeur des débats de la session de la Chambre d’agriculture du mardi 26 novembre. Les trois syndicats agricoles souhaitent travailler ensemble sur la création d’un document destiné à bien vivre ensemble dans les campagnes. « Le sujet nous concerne tous. L’ensemble de la profession agricole est attaquée que nous soyons en bio, ou pas. Il faut qu’il y ait un consensus, au delà de nos divergences syndicales. Il s’agit de répondre à un vrai enjeu sociétal », souligne Fabien Joffre, président de la FDSEA de la Dordogne. Les nouveaux habitants en milieu rural, ont souvent une image fantasmée et désuète des agriculteurs, pour qui la campagne est leur outil de travail.

Pégagogie et front commun

La chambre d’agriculture va donc reprendre le dossier de charte de bon voisinage, avec la collaboration des trois syndicats agricoles. L’objectif est de définir une sorte de guide de bonnes pratiques de la campagne en prenant en compte les impératifs du métier d’agriculteur et les inquiétudes d’une partie de la société avec de véritables engagements de chaque partie. « Aujourd’hui, le constat est simple : les agriculteurs ont massivement investi pour aller vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.  Il est impératif de discuter avec les acteurs de la société car à l’avenir le risque est qu’on nous demande toujours plus », ajoute Jean-Philippe Granger, président de la Chambre. Pour Jules Charmoy, de la Confédération paysanne, « on travaille trop en réaction, on n’anticipe pas assez les évolutions sociétales ».
Le but de cette charte en gestation est de favoriser le dialogue entre tous les habitants en zones rurales, afin de parvenir à des solutions consensuelles en impliquant les élus locaux, les organisations professionnelles agricoles, les particuliers. Les différents intervenants ont souligné l’importance de faire de la pédagogie, notamment sur les contraintes du métier d’agriculteur, la profession agricole restant méconnue du grand public. Le préfet Frédéric Perissat, a salué la démarche mais il indique qu‘ « il y a urgence sur le sujet. Et il faut aller porter la parole sur les territoires, cela me parait essentiel ». Le préfet souhaite voir aboutir la charte d’ici la fin de l’année. Les syndicats et la chambre d’agriculture vont se rencontrer rapidement afin de s’entendre sur la rédaction du document. Des rencontres de travail sont également prévues avec l’union des maires, très favorable au projet. Ce que confirme Bernard Vauriac, président de l’Union des maires qui insiste à la fois sur l’enjeu sociétal et la pédagogie dont les maires font preuve sur le terrain pour éviter les conflits.

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