Communiquer sur l’installation agricole constitue, depuis toujours, le véritable cheval de bataille du syndicat des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques. Et à travers ce forum, ils ont prouvé une nouvelle fois qu’il excellait dans ce domaine. Depuis quelques années, ils orchestrent le forum de l’installation en Béarn et en Pays-Basque, une initiative destinée aux élèves des établissements agricoles. « L’idée est de réellement démocratiser cette procédure qui, avec un projet construit, réfléchi et anticipé, se déroule généralement bien », souligne d’emblée Jean-Baptiste Cazalé, vice-président des JA64, producteur de noisettes à Hagetaubin. Ce jeudi 17 janvier, les JA64 tenaient leur première rencontre en Béarn, avant, celle conduite dans les prochains jours en terres basques.
Affiner son projet au fil des rencontres
Laure Astegno, conseillère PAIT (Point accueil installation transmission), travaille tous les jours auprès d’agriculteurs en devenir. Son rôle : informer et orienter tous les porteurs de projet. Le PAIT constitue la porte d’entrée unique, « présent dans tous les départements », pour tous les projets en agriculture. La chargée de mission a donc en préambule rappelé les différentes étapes. À commencer par la réunion collective. «Cette entrevue réunit plusieurs porteurs de projet. Elle permet ainsi de balayer le contexte en abordant l’ensemble des démarches à entreprendre pour s’ installer, les dispositifs d’aides et d’accompagnement. » À son issue, le groupe est reçu en entretien individuel dans l’une des six antennes du PAIT du département « afin de construire le projet et commencer à établir sa faisabilité ». Vient ensuite l’étape du plan de professionnalisation personnalisé (PPP)… En fonction des besoins repérés et des préconisations discutées, le rendez-vous se déroule avec deux conseillers spécialisés.
Le stage de 21 heures, la réalisation du diagnostic préalable à l’installation et l’étude économique prévisionnelle sur cinq ans « avec la présentation du projet à la banque » clotûre la première partie de la démarche. « Au fil de ces étapes, le porteur de projet va avoir affiné son projet. Il sait dans quoi il s’engage vers où il va. C’est essentiel ». Le projet mûri, aussi, grâce à la rencontre et l’échange avec des spécialistes. « En fonction des besoins et du projet de la personne, nous orientons vers les structures les plus appropriées, explique Laure Astegno. L’idée est réellement d’assurer tous les éléments avant l’installation pour éviter les erreurs.» Le cadre juridique, social et fiscal d’une installation agricole ne sont pas des points à négliger. « Tout doit être bien ficelé avant de se lancer. »
Une fois cette partie finalisée, Laure Astegno a abordé la dotation jeune agriculteur (DJA), une aide financière variant selon certains critères comme le lieu de l’installation (N.D.L.R zones de plaines, zones défavorisées ou zone montagne) et d’autres conditions. « Le jeune doit respecter aussi des objectifs comptables », rappelle la conseillère. Certains optent alors pour une installation non-aidée. « Dans les Pyrénées-Atlantiques, les JA64 ont aussi négocié une subvention supplémentaire avec le Conseil départemental. » Pour le jeune exploitant agricole, cette dotation financière apporte « confort et sérénité » pour se lancer pleinement dans son activité.
Conseil de JA : aller voir ailleurs avant de s’installer
Une installation agricole s’anticipe. « Mais un projet doit être bien mûri, aussi, avant que le jeune se lance », concède la conseillère PAIT. L’installation agricole n’est pas une simple démarche administrative. « C’est un engagement, insiste-t-elle. Ce n’est pas une décision à prendre au pied levé parce que les parents l’ont choisi. » Le vice-président des Jeunes Agriculteurs Jean-Baptiste Cazalé et Lucille Gouze, jeune agricultrice installée à Coublucq ont témoigné, l’un après l’autre, de leur parcours en insistant sur plusieurs points. La jeune agricultrice avait ouverte les portes de son installation à des lycéens lors des fermes portes ouvertes conduites par les JA64 il y a quelques semaines. Après quelques années d’expérience dans le para-agricole, Lucille s’est finalement décidée à rejoindre l’aventure familiale aux côtés de son frère. « Il était pour moi essentiel d’aller voir à l’extérieur avant de revenir sur l’exploitation. »
Pour le producteur d’Hagetaubin, même son de cloche. Avant de rejoindre finalement son père, lui est parti à l’étranger, piloter un projet agricole dans le cadre de ses études d’ingénieur agricole. « Ce stage m’a ouvert l’esprit. Ça était essentiel pour la suite des choses », juge le jeune producteur. Selon lui, lors de l’installation, la priorité réside dans « la bonne construction de son projet. Avec qui on s’installe, avec quel partenaire ou quelle coopérative, quel marché… Il est important d’avoir ces éléments en tête pour voir vers où on va… Et la comptabilité est aussi très importante. » Des faits confirmés par la jeune productrice de volailles de Coublucq. « Quand tout va bien, on est peu regardant mais quand les temps sont plus durs, on regarde la comptabilité, d’où l’intérêt d’être très rigoureux sur cela », conseille-t-elle.
Échanges et débats
La matinée s’est clotûrée par des échanges entre jeunes agriculteurs et lycéens. Ces discussions se sont prolongées l’après-midi, au cours d’ateliers —« Installation cadre familial », « Installation hors cadre familial », « Installation en société », « Financement de l’installation », « Être salarié avant de s’installer »
Malgré ses années d’existence, le forum de l’installation conduit par les JA64 ne s’essoufle pas. Pour les membres du syndicat, cette journée d’informations a tenu toutes ses promesses. « Elle nous a permis d’apporter de l’information et d’appréhender globalement et dans une ambiance cordiale l’installation avec les potentiels agriculteurs de demain ». Visiblement, le courant passe toujours mieux entre jeunes. Maintenant, cap sur le Pays Basque pour le prochain forum.