Innov’action : du bio dans une serre photovoltaïque à Sainte-Livrade


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 24/06/2015 PAR Romain Béteille

Les poivrons sont un peu chiches, les carottes aussi, mais pour les salades ça va un peu mieux. Sur un petit hectare des serres du lycée agricole de Sainte-Livrade-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne, on trouve un prototype de serre un peu particulier : elle produit du bio et les plants sont alimentés en énergie grâce à un toit de panneaux photovoltaïques. Salades, persil, et plus récemment blettes et poivrons, c’est un mini-champ d’expérimentation avec une part pédagogique qui est testé dans l’établissement depuis 2013 (la commande du projet a été passée en 2009).

Cécile Delamarre, conseillère en cultures légumières à la Chambre d’Agriculture du Lot-et-Garonne, confie : « On manque encore d’acquis pour pouvoir lancer des productions à grande échelle à partir de ces techniques. C’est un nouvel outil, il y a donc tout un travail de calendrier de production à faire pour arriver à en tirer une rentabilité suffisante », explique-t-elle. Le but évident est aussi de produire de l’électricité, que le constructeur de la serre exploite, ce qui représente sur le papier un double avantage : faire pousser des légumes et générer de l’électricité. 

Des obstacles naturels La serre, installée par le groupe Fonroche (spécialiste de l’énergie) aurait coûté la bagatelle de trois à quatre millions d’euros. Mais point positif : l’établissement n’a payé que l’installation de l’arrosage en aspiration et goutte à goutte, soit 30 000 euros l’hectare. Paradoxalement, le principal défaut constaté sur les cultures est… le manque de lumière, qui fait grimper les plantes sans faire pousser les légumes. Xavier Canal, directeur de l’exploitation, dresse un état des lieux : « Il y a des choses qui ont marché comme le persil, les épinards, la salade. La faille, c’est qu’on sait faire du bio sous serre, mais sous serre photovoltaïque, on est encore dans l’inconnu », avoue-t-il. « Techniquement et économiquement, on part un peu à l’aventure. en 2014, même en ayant fait 30 000 euros de chiffre d’affaire, on était en négatif ».

Les carottes n’ont par exemple pas eu beaucoup de succès sous les panneaux : « elles étaient moches, difficile à récolter et on devait attendre un mois de plus avant la récolte ». Si les salades étaient réussies, un autre problème attendait le directeur à l’arrivée : « même si on a vu que nos salades étaient appréciées par le consommateur, paradoxalement elles sont très difficiles à mettre sur le marché. D’abord parce qu’elles ont tendance à s’effeuiller plus vite, ensuite parce qu’elles sont trop grosses : ça pose un souci de logistique ».

Un pari risqué ?Autre charge pour l’exploitant : la main d’oeuvre, puisque sept permanents font tourner la serre, plus une dizaine de stagiaires entre 18 et 50 ans, essentiellement des adultes en réinsertion sociale. Mais malgré ces quelques échecs, le gérant reste optimiste. « Le but d’une démarche comme celle là dans un lycée agricole, c’est d’être les premiers, d’essayer de prendre des risques qu’on producteur ne peut pas se permettre aujourd’hui. On fait le pari sur des cultures que l’on ne maîtrise pas ».

Le calendrier de production, lui aussi, change en permanence : en 2014, on plantait début octobre pour une première récolte en janvier-février, et une fin de récolte en juillet. Pour 2015, la plantation s’est faite au début du printemps et aujourd’hui, à part quelques blettes et des poivrons naissants, il ne reste plus grand chose à ramasser. « Notre but maintenant, c’est de trouver des espèces plus adaptées à la culture sous serre photovoltaïque. Nos panneaux datant de 2010, ils sont également un peu obsolètes. Le premier qui arrivera à faire un panneau adapté pourra redynamiser ce type de projet ».

Pour l'instant, les poivrons sont en phase de test...

Une tendance qui s’accélère ? Pour l’instant, Xavier ne se ferme à aucune exploitation possible : pourquoi pas une future production animale avec des volailles ? « Il faut réinventer des produits et la démarche de production qui va avec, chercher comment éviter le gaspillage des terres agricoles. C’est un pari compliqué, surtout parce qu’aujourd’hui, les centres d’expérimentations ne s’intéressent pas ou peu au photovoltaïque ». Le parc, en effet, est plutôt restreint : on en compterait environ 6 en Aquitaine et moins d’une vingtaine au niveau national (le reste étant notamment situé dans l’Hérault et la région PACA). Pour preuve : lors des journées « serres ouvertes » ce mardi, il n’y avait pas foule pour s’intéresser au projet.

Mais Xavier Canal l’assure : « certains producteurs me sollicitent pour tester la viabilité du projet, une dizaine est déjà venue voir la serre ». A son échelle, l’établissement tente d’apporter une réponse novatrice à l’exploitation agricole. D’autres se sont lancés dans un pari bien plus risqué encore : à Villasavary (Languedoc-Roussilon), deux agriculteurs ont installé trois serres sur une surface de onze hectares, pour une production d’électricité totale de trois mégawatts (soit la puissance de sortie d’une locomotive diesel). Coût de l’installation : 15 millions d’euros ! 

L’info en plus : pour voir l’intégralité du programme d’Innov’action et les portes ouvertes près de chez vous, c’est par ici

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