Jean-Baptiste Cazalé, arboriculteur en Béarn :  » Voir ce qui se fait ailleurs avant de s’installer ! « 


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 27/04/2018 PAR Solène MÉRIC

« Petit j’étais persuadé que mon avenir, était ici, au milieu des noisetiers ». Mais, une fois son bac scientifique en poche, et « pour être sûr de ne pas regretter », il choisit les bancs de la faculté de médecine à Bordeaux. « J’avais une passion égale pour la médecine et pour l’agriculture… » Deux années de fac difficiles choisiront pour lui ; il part cette fois sans regret, sur le chemin de l’agriculture. Une « reconversion évidente » pour le jeune homme, avec déjà en tête l’idée de revenir sur l’exploitation familiale créée par son père et son grand-père. Revenir oui, mais pas sans formation. Il entre alors en BTS Analyses agricoles, biologiques et biotechnologiques (ANATECH) à Blanquefort (33), avant d’intégrer Bordeaux Sciences Agro par la voie de l’apprentissage « sans concours mais par dossier et sur entretien ». Oubliés donc la case prépa et le stress du concours : un soulagement pour celui qui, BTS en poche, « en avait un peu marre des études », confie-t-il.

« Ce qui me passionnait c’était d’entreprendre »
En septembre 2012, sa belle aventure de l’apprentissage, celle qui lui donnera « l’envie d’entreprendre plus vite que prévu » va pouvoir démarrer sur une exploitation de Sérignac-sur-Garonne en Lot-et-Garonne. Une exploitation principalement composée de 70 ha de pommiers et 20 ha de kiwis. Pour le jeune homme qui veut se spécialiser dans l’arboriculture, c’est le terrain idéal. « Je voulais voir autre chose que la noisette, découvrir d’autres exploitations pour ne pas m’enfermer de suite dans la production que j’allais potentiellement faire ensuite. » Un choix de la curiosité qu’il ne regrettera pas. « J’ai découvert d’autres cultures, d’autres techniques, une autre organisation… bref quelque chose de très enrichissant ! », s’enthousiasme-t-il encore.
Sur place, l’entente avec son chef de culture, et le chef d’exploitation est au beau fixe. Jean-Baptiste gagnera peu à peu en responsabilités sur l’exploitation lot-et-garonnaise jusqu’à seconder le chef de culture. Et ce n’est pas peu dire, lorsque, pour la récolte, 80 saisonniers viennent travailler sur le site! Au total, 3 ans de responsabilités variées qui lui donneront le goût du management, de l’organisation et une nécessaire réactivité, complétées par des discussions riches et nombreuses avec ses maîtres d’apprentissage sur l’art et la manière de conduire sa production… Bref, « les ficelles du métier », complétées par la formations plus théoriques des cours à l’école.
« Au départ, je pensais rester sur l’exploitation quelques années, mais au fil de toutes ces expériences et de ces échanges, je me suis rendu compte que ce qui me passionnait, c’était d’entreprendre. De faire les choses comme moi je le voyais, avoir l’initiative, créer quelque chose à soi… » A peine un mois après la fin officielle de son apprentissage ; le voilà donc de retour sur ses terres béarnaises en novembre 2015, avec l’idée donc « d’avoir un projet à lui ». Contrarié par le climat local, trop humide, sa première idée de se lancer dans la noix, ne pourra aboutir. Il en reviendra donc à la noisette, ce qui était loin de lui déplaire, avec comme projet d’installation de développer la surface en noisetiers de l’EARL dont il rachète des parts à son père.

Augmenter la surface dédiée aux noisetiers de 25 ha
Un choix aussi dicté par son goût personnel pour l’arboriculture, une valorisation de la noisette assez intéressante pour pouvoir dégager deux salaires sur l’exploitation, et détails d’importance, une forte stratégie de développement en cours de la coopérative Unicoque auprès de laquelle père et fils, commercialisent leur production. Si M. Cazalé père était un des précurseurs dans le département, la filière désormais s’organise en effet fortement aux alentours, ce que M. Cazalé fils apprécie : « de plus en plus de producteurs de noisettes s’installent par ici, et nous livrons tous à Unicoques, qui représente à elle seule la quasi totalité de la production française. Ce développement de la filière à la fois dans le Sud des Landes et du côté de Monein notamment, c’est une bonne chose, ça crée une dynamique positive entre producteurs. » En d’autres termes un climat stimulant pour un jeune agriculteur.
Concrètement, le projet d’installation de Jean-Baptiste prévoit d’augmenter la surface consacrée aux noisetiers de 25 ha. « Avant mon arrivée, mon père, qui fait aussi des légumes industriels (maïs doux et haricots verts), et du maïs grain, avait 42 ha de noisetiers. Mon projet sur 5 ans est de parvenir à augmenter la surface jusqu’à 64-65 ha. La dernière tranche sera donc plantée à l’hiver 2020. » A l’heure actuelle, après deux premiers hivers de plantation, Les Écureuils de l’Aubin compte donc désormais 54 ha de noisetiers (sur une surface totale de 120 ha) pour une centaine de tonnes de production à l’année. Des surfaces supplémentaires obtenues à la fois par la conversion de surfaces de maïs grain de l’exploitation en noisettes, les rachats « opportuns » de 6,5 ha de terres voisines, et l’existence de quelques terres encore libres sur l’exploitation. Un projet véritablement de long terme puisque rappelle le jeune homme, « un noisetier met 4 ans pour entrer en production et 7 ans pour être pleine production. » En d’autres termes, Jean-Baptiste Cazalé ne récoltera pleinement le fruit de son projet d’installation, et donc de ses 25 ha de plantations supplémentaires, que dans dix ans, soit 7 ans après la plantation de la dernière tranche…

« Indispensable d’avoir l’esprit ouvert à ce qu’il se fait ailleurs »
Pas de quoi s’ennuyer pour autant dans ce laps de temps. Outre les plantations, et le travail quotidien au côté de son père sur le reste de l’exploitation, le jeune installé (officiellement en avril 2017) a choisi de suivre un certain nombre de formations complémentaires proposées par la coopérative ou le syndicat au sein du quel il est affilié. « Ces 2 dernières années, je crois que j’ai sauté sur toutes les formations possibles et imaginables ! » Formations techniques à la journée, ou plus généralistes sur plusieurs mois permettant « d’aborder l’agriculture dans son environnement », la formation tout au long de la vie est pour lui « clairement une nécessité. Même si on reste agriculteur toute sa carrière, on ne le fera sans doute pas de la même manière. C’est pour moi aussi indispensable d’avoir l’esprit ouvert et d’aller voir ailleurs ce qui se fait avant sa propre installation, comme j’ai pu le vivre lors de mon apprentissage ». Car en effet outre les contrées lot-et-garonnaises, il a aussi eu l’occasion de passer un mois en Azerbaïdjan dans un verger de pommiers de 450 ha ! « Ce genre d’expérience, c’est enrichissant personnellement et professionnellement. Si on a l’opportunité d’aller voir ailleurs, je le conseille vraiment au plus jeune qui pourraient être pressés de s’installer après leurs études. »

Sur le parcours de l’installation en lui même, s’il reconnaît à la Chambre d’agriculture du 64 de l’avoir « très bien accompagné » au fil de ce processus; ce dernier est tout de même « long, contraignant et fastidieux d’un point de vue administratif ». Mais le bon côté des choses selon lui, c’est que « tout ce temps passé, aide à réfléchir et à mûrir son projet, ce qui est primordial ». Désormais en tout cas, pas de regret pour Jean-Baptiste « c’est sûr, ce n’est pas rigolo tous les jours, mais je me surprends moi-même par moments, à me dire « là tu travailles… ! ». Réaliser que ce qu’on est en train de faire, c’est du travail alors qu’on ne le ressent pas du tout comme tel, ce n’est pas donné à tout le monde je crois ! », glisse-t-il en souriant.

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