La ceinture maraîchère se renforce autour de Limoges


Limoges Métropole
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 20/04/2020 PAR Corinne Merigaud

La ceinture maraîchère voulue par les élus de Limoges Métropole devrait se muscler dans les mois à venir avec le prolongement, jusqu’en 2022, du Plan Alimentaire Territorial voté en février dernier. Un nouveau programme d’actions a été élaboré dans le but d’atteindre quatre objectifs, conforter le pôle maraîchage de Verneuil-sur-Vienne, favoriser l’accès au foncier pour les porteurs de projets, soutenir l’innovation et l’expérimentation pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain et enfin renforcer l’industrie agro-alimentaire locale en s’appuyant sur une filière forte. Sur une commune qui avait traditionnellement connu une importante activité de maraîchage, un problème démographique se pose. « Deux tiers des maraîchers partiront à la retraite dans les dix ans à venir indique Alain Delhoume, vice-président de Limoges Métropole en charge du cadre de vie, et seulement 10 % de ce que nous consommons est produit sur l’agglomération, d’où l’intérêt de ce plan alimentaire pour avoir des produits naturels de qualité en restauration collective. Il fallait trouver une solution adaptée. Cet espace test permet à des jeunes de mettre le pied à l’étrier. » Le terrain de 15 ha a été acquis en 2018 par Limoges Métropole pour créer ce pôle maraîchage, soit un investissement de 481 000 euros dont 110 000 € pour l’achat du terrain, 150 000 € pour l’outillage mis à disposition et 220 000 € pour les différents travaux de voirie, réseaux et desserte du terrain.

 

 AlaIn Delhoume vice-président de Limoges Métropole en charge du cadre de vie

Six hectares en maraîchage bio

Situé à l’ouest de Limoges, celui-ci intègre un espace test agricole en maraîchage bio d’un hectare, une serre de 500 m², un accès à l’eau et au matériel. Les maraîchers peuvent travailler dans des conditions optimales avec, à leur disposition, trois serres, un tracteur en commun et divers outils tractés, un bungalow pour les repas et le travail administratif, un container frigorifique, des containers individuels de stockage pour entreposer du petit matériel et un tunnel pour stocker le gros matériel agricole et la cuve à fuel. S’il a fallu quelques mois pour attirer des porteurs de projet, ils sont désormais deux à se partager cette parcelle test pour une durée qui varie de un à trois ans afin de valider leur projet grandeur nature avant de voler de leurs propres ailes. Un troisième maraîcher arrivera prochainement, l’espace test affichera alors complet.

Six hectares sont actuellement cultivés, une partie sera utilisée par la suite pour planter des arbres fruitiers et récupérer les eaux pluviales. « Le premier maraîcher livre les restaurants scolaires de Saint-Gence, Nieul et Verneuil et vend sur des marchés locaux précise le vice-président. Le dernier arrivé a fait ses semis voilà quelques semaines. Le but est de multiplier ces espaces tests jusqu’en 2022, il fallait démontrer la pertinence du site, ces jeunes y trouvent leur compte. » Chaque parcelle est louée pour l’euro symbolique, le prix de l’eau est réduit et chacun bénéficie d’un accompagnement par la couveuse d’entreprises BGE Limousin. L’ambition est de dupliquer ce modèle sur d’autres communes proches de Limoges comme, par exemple, à Panazol, Saint-Just-le-Martel ou Le Vigen.

Des débuts prometteurs

Carlos Campos, ex conducteur de travaux, s’est formé au maraîchage grâce à des stages et a obtenu son Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole, une choix mûrement réfléchi. Partageant son projet avec sa conjointe qui avait travaillé dans l’industrie agroalimentaire, ils franchissent le pas en juillet 2019. Après cette parenthèse, leur ambition est de valoriser leurs légumes en produits prêts à l’emploi, goûteux, sans additifs, ni conservateurs. « Ces dix dernières années, j’ai pris de plus en plus conscience de tous les enjeux écologiques et sociétaux auxquels notre monde est confronté révèle-t-il en 2017, la liquidation judiciaire de l’entreprise qui m’employait fût le déclic pour un changement radical de direction. Je voulais être plus proche de la nature, avoir mon propre projet, être dans le concret. Mes lectures et mes expériences m’ont orienté vers l’agriculture biologique. » Le couple cultive une trentaine de variétés de légumes sur environ 6 000 m² en plein champ et 500 m² sous serre. « L’espace test était un bon compromis à une installation rapide avec moins d’investissements, tout en permettant de développer un réseau commercial assure Carlos. Limoges Métropole a été notre premier contact pour le recrutement, les explications de fonctionnement, elle assure le soutien logistique au quotidien dont la mise à disposition de la serre, du tracteur et des outils. »
Les maraîchers sont épaulés par BGE Limousin qui apporte un soutien administratif, comptable et financier. « Cela nous donne un statut juridique en tant qu’entreprise et BGE nous accompagne en partie pour la commercialisation précise-t-il. La Chambre d’agriculture nous apporte un soutien technique avec son technicien spécialisé en maraîchage AB et une personne est disponible si nous avons besoin de conseils pour la commercialisation et la transformation. » En outre, l’ADEAR les accompagne en organisant des rencontres techniques entre maraîchers qui permettent de créer un réseau local. Au bout de trois ans sur l’espace test, le couple pourra voler de ses propres ailes mais il cherche déjà un terrain de 3 à 5 ha à Nieul où il réside et compte de fidèles clients. La production est écoulée en vente directe, auprès de cantines scolaires et d’un restaurant. « Nous montons en puissance au fur et à mesure de l’augmentation des quantités disponibles qui étaient volontairement faibles au départ et même si c’est encore tôt pour donner une conclusion à cette expérience, nous pouvons déjà dire que c’est un démarrage plus confortable économiquement et humainement du fait des investissements réduits et de tout l’accompagnement proposé autour du projet » conclut Carlos Campos. Nul doute que la période de confinement aura permis au couple de trouver de nouveaux débouchés en circuits courts.

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