Innov’action: Le binage, l’avenir du désherbage… mais pas sans GPS!


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 10/06/2015 PAR Solène MÉRIC

Sur une SAU totale de plus de 300 ha, Jean-Christophe Juste et son épouse cultivent 200 ha en bio dont du soja, des céréales paille, des carottes et 100 ha de maïs (doux et consommation). Installé en 1993 en maïs conventionnel, « avec un désherbage 100% chimique », l’agriculteur a fait évoluer ses pratiques. « Depuis 1995, je ne désherbais chimiquement plus que sur la ligne de semis et je binais l’entre-rang. En 2000, je suis passée en bio sur 50% de ma production de maïs, soit 100 ha ».
Des surfaces en maïs bio, qui à défaut d’être traitées chimiquement pour lutter contre les indésirables adventices, « nécessitent beaucoup de technicité et de nombreux passages de tracteurs », prévient Pierre Jouglain, conseiller agricole biologique de la Chambre d’agriculture des Landes. Et de fait, Jean-Christophe Juste a 5 chauffeurs permanents sur son exploitation. « Un travail technique qui représente de nombreuses heures de tracteurs » admet-il. Et beaucoup de matériels également… Une herse étrille, une houe rotative, une bineuse à dent qu’il équipe selon ses besoins de « doigts Kress » ou de disques butteurs, et un nombre de passages qui peut être répété tant avant les semis (l’exploitant effectue par exemple en moyenne 4 faux-semis chaque année), qu’en début de levée, jusqu’au stade 7 à 8 feuilles. « Ces nombreux passages ont un coût, en main d’oeuvre notamment, mais il est compensé par l’économie sur le désherbant… et grâce aux prix élevé du maïs bio » admet-il volontiers. Et avec un tel niveau technique, « les rendements en bio peuvent être comparables aux conventionnels » appuie Pierre Jouglain.

Techniques et technologies nouvellesSi revenir au binage plutôt qu’utiliser des intrants chimiques est mis en valeur comme une pratique innovante c’est parce que chaque matériel met en œuvre des techniques et technologies nouvelles qui rendent ce travail de désherbage particulièrement précis et adaptable à la parcelle à biner.
La herse étrille présentée, par exemple ce 9 juin à Belhade, est équipée de dents vibrantes, dont la pression est réglable de 200g à 5kg en fonction du degré d’agressivité nécessaire par rapport à la nature du sol, à la fragilité des cultures, ou encore au stade des adventices que l’agriculteur souhaite éliminer. Autre exemple d’innovation forte : les systèmes de guidages de ces différents matériels, qui se font désormais par caméra ou GPS. Dans le premier cas la caméra détecte le rang de culture, transfert l’information à un système hydraulique et guide la machine pour que celle-ci élimine les adventices au plus près de la culture, sans toucher cette dernière. « C’est une précision à 2 cm près », constatent les professionnels présents. Et un véritable confort pour les conducteurs, qui n’ont plus besoin de se retourner sans cesse pour vérifier leur travail.

Une autre bineuse, également présentée ce 9 juin, peut, après un premier passage en visionique, effectuer un second passage avec les coordonnées GPS qui auront été laissées lors du premier passage. En effet, un système de recueil de données enregistre la position et la taille de chaque plant dans une base de données datée. Celle-ci permet ainsi d’effectuer un suivi de la vivacité des plants, de cartographier et zoner les parcelles tout en effectuant des travaux de binage. Une technologie, pour le coup innovante, développée par la marque Razor, qui a été récompensée lors du Salon mondial des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage. Au total, des innovations « high tech » qui ont tout de même un prix, les interfaces présentées allant à elles seules, de 15 000 à 25 000 €… Considérant que des aides peuvent être accordées pour l’investissement dans ce type de matériels, et notamment dans le cadre de conversion en bio.

Explications techniques autour du matériel de Jean-Christophe Juste avant le début des démonstrations

Faire avancer la réflexionPour autant, et malgré le profil bio de l’agriculteur hôte de cette journée, la majorité des agriculteurs en visite à Belhade ce 9 juin sont bel et bien des agriculteurs en conventionnel. En effet, avec une législation et demande sociétale de plus en plus tendue vers une diminution des intrants dans les cultures, les techniques de binages ont vocation à s’étendre au delà de l’agriculture biologique ou en conversion. C’est dans cette logique de « s’instruire, avant qu’on nous oblige à arrêter les intrants », que Gaël Casiez, et son père Claude, à la retraite, sont venus chez Jean-Christophe Juste, depuis Pontonx-sur-l’Adour. Une visite qui « leur donne des idées » assurent-t-ils ; « de toute façon, la législation pousse à passer en bio, et les matériels innovants que l’on voit ici, qu’on le veuille ou non, c’est sûr c’est l’avenir. » Un avenir, qui, quand même, mérite réflexion. « Des agriculteurs bio qui repassent en conventionnel faute de réussite, ça arrive ! On en connaît. On ne peut pas tout changer du jour au lendemain. D’ailleurs ce n’est pas ce qu’a fait Jean-Christophe Juste», tempère Gaël qui, en la matière, ne souhaite pas du jour au lendemain « tout risqué « en bio.
Pour autant, l’Innov’action menée ce 9 juin aura sans doute contribué à faire avancer la réflexion dans la tête de nombreux participants, tous en admiration devant les matériels exposés ou en démonstration.

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