Lénaïc Lecrenais, une installation entre passion, partage et engagement pour l’apiculture professionnelle


Aqui.fr et GAEC Les Ruchers du Born
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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 16/05/2019 PAR Solène MÉRIC

S’il ne savait pas très bien dans quelle production il se lancerait, Lénaïc a eu très tôt cette envie de s’installer dans un métier manuel « et proche de la terre ». Et si possible de partager cette aventure à plusieurs. « Avec deux amis, nous avions même formalisé un projet en ce sens lorsque nous étions étudiants ». Dans cette optique, après ses études de lettres, et persuader qu’il lui fallait « tout explorer » avant de choisir sa voie, il a multiplié les expériences agricoles, et humaines, grâce au wwoofing, ce mouvement qui permet à tout un chacun d’apprendre et de découvrir des savoir-faire agricoles respectueux de l’environnement, par le biais de séjours actifs dans des fermes biologiques.
Tout en restant dans le Sud-Ouest, il aura ainsi découvert et testé le maraîchage, l’élevage de brebis, l’arboriculture ou encore approcher le métier de paysan-boulanger. Mais c’est à la ferme girondine « Entre deux miels » qu’une passion nouvelle s’est révélée à lui. « J’ai découvert le métier d’apiculteur professionnel. C’était captivant et passionnant d’ouvrir une ruche et de se retrouver entouré d’abeilles ! ». Après un travail de saisonnier à l’éco-musée de l’Abeille à Saint-Faust, dans les Pyrénées-Atlantiques, son coup de foudre se confirme. « Sensibiliser le public et faire de la vente, c’était un autre pan du métier qui m’a aussi beaucoup plu. »
Une saison formatrice mais pas suffisamment pour se lancer dans le métier. En janvier 2012, il part donc pour Hyères, où il obtient son Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole centré sur l’apiculture. Puis durant deux ans, un projet finalement avorté de reprise d’une exploitation, lui donne l’occasion avec une amie d’acheter vingt ruches et de commencer à reproduire le cheptel. Elle, en Lot-et-Garonne, lui, dans les Landes. L’occasion aussi de continuer à apprendre et à acquérir une meilleure pratique, indispensable selon lui pour en faire réellement son métier.

Bar à miel

Passage de relais…
En parallèle un premier emploi d’ouvrier apicole lui est fourni d’avril à septembre 2013 par le GAEC Les Ruchers du Born. Un emploi que finalement il ne quittera plus. Et pour cause les trois associés d’alors lui proposent de réfléchir à intégrer le GAEC en prévision du départ à la retraite approchant de l’un d’eux. De retour aux Ruchers pour une seconde saison en 2014, Lénaïc finit par accepter la proposition d’installation et signe un contrat de parrainage avec le cédant futur retraité, courant sur l’année 2015. « Le contrat de parrainage, c’est un accord entre la Chambre d’agriculture et Pôle emploi, qui donne la possibilité de transformer ses droits au chômage en salaire, dans le but de faciliter la transmission du cédant vers le repreneur ».
Cette année là, c’est un véritable passage de relais tant des savoir-faire que de l’outil de travail qui se met en place. « Une manière aussi de commencer à prendre plus de responsabilités dans l’organisation concrète de la saison, tout en étant suivi » se souvient Lénaïc, qui, avec son installation, outre le rachat de parts du cédant, amène avec lui son cheptel développé au cours des deux dernières années, et un peu de matériel. En outre, pour celui pour qui aime « fonctionner en équipe et mener des projets collectifs », son arrivée au sein du GAEC qui compte alors 4 associés (lui compris), est en parfaite adéquation avec ses envies de collectif. Une expérience d’autant plus enrichissante pour le dernier arrivé, que se cotoient alors au sein du GAEC, 3 générations différentes d’apiculteurs et autant de regards sur le métier.

… et vent de fraîcheur au sein du GAEC
Mais dans cette équipe multi-généraltionnelle, il faut aussi savoir s’intégrer tout en marquant sa place. « Quand on arrive on veut tout révolutionner ! Avec parfois des idées un peu trop… révolutionnaires ! », se souvient-il en souriant. Premier aspect qui lui tient à cœur d’améliorer au sein du GAEC, c’est justement la communication entre les memebres de cette équipe. « A mon arrivée, on ne faisait que se croiser dans les couloirs. Mais prendre des décisions sur un pas de porte, ce n’est pas dans ma culture… Nous avons donc fait appel à notre centre de gestion pour nous aider à mieux nous organiser de ce point-de-vue là. »
Autre projet impulsé par Lénaïc à son arrivée : « mettre en place une image un peu plus  « classe » sur les produits vendus au détail. Nous avons donc travaillé avec un graphiste sur l’étiquette de nos pots de miel, sur notre logo. » Globalement l’arrivée du nouvel associé, a soufflé un vent de frâicheur sur la démarche commerciale du GAEC. Dans cette optique, le magasin de la ferme a également été réagencé pour un meilleur accueil des clients, de même que le site internet et la boutique en ligne… Même si sur ce dernier sujet, une refonte complète est à nouveau envisagée par Lénaïc, dans les projets à moyen terme.
Autre aspect impulsé par le jeune apiculteur, « un travail en cours sur l’optention du label Qualité tourisme. Ca nous permet de mettre en valeur des pistes d’amélioration sur l’accueil touristique ; même si, en terme de commercialisation, la vente à la ferme s’est déjà développée grâce à un système de visites qui s’améliore d’année en année », se satisfait le jeune homme.

récolte du miel au GAEC Les Ruchers du Born


Le foncier: un perpétuel travail d’enquête
Au-delà du cœur de métier de l’apiculture, qu’est le développement du cheptel et son maintien en bon état sanitaire, Lénaïc en s’installant, découvre en vérité qu’il se passionne pour l’ensemble des activités que recouvre cette activité, de la mécanique pour l’entretien du matériel, aux questions commerciales sans oublier la recherche du foncier où implanter les quelque 900 à 1100 colonies élevées par le GAEC. « C’est un travail d’enquête ! Il faut chercher le bon endroit, trouver le numéro de parcelle contacter le propriétaire et demander le prêt du terrain en échange de kilos de miel… C’est un travail qu’il faut faire régulièrement car dans les Landes les conditions changent beaucoup en raison des travaux forestiers. Mais on fait aussi quelques transhumances de colonies dans les Graves et le Sauternais en Gironde ainsi qu’en Chalosse, pour la production du miel d’acacias. Parfois, même, nous amenons nos abeilles en montagne pour la production d’autres types de miels… » En vérité, Lénaïc est intarissable sur ce métier dont les nombreuses facettes semblent le passionner.
Après 3 ans d’installation et malgré, parfois, une certaine incompréhension face à des épisodes de mortalité, ou des météos capricieuses empêchant les floraisons, et donc des productions, Lénaïc a le regard assuré quand il jure qu’il ne regrette pas son choix. A tel point que le jeune homme s’est totalement engagé dans sa filière. Non seulement très attaché à la qualité des miels produits dans les Landes « qu’il faut faire connaître », il est aussi adhérent à l’Association de Développement de l’Apiculture en Aquitaine (ADAAQ) (désormais Nouvelle-Aquitaine) au sein de laquelle il est le responsable Installation-Transmission.

« Formaliser un partenariat sur l’installation en apiculture »
Et si le sujet lui « tient à cœur », c’est notamment parce que son propre parcours d’installation a été « compliqué », se souvient-il. « L’apiculture n’est pas très connue dans les Chambres d’agriculture et les Points Accueil Installation Transmission (PAIT). On n’y trouve aucune référence technico-économique », regrette-t-il. Mais l’ADAAQ lui a, à l’époque, permis de combler ce manque. « L’association m’a aidé à suivre des formations complémentaires, et à avoir un véritable accompagnement lors de mon installation, là où pour les chambres d’agriculture on ne rentre pas dans les cases des référentiels des productions qu’ils connaissent. » Si dans les Landes, l’association est basée dans les locaux de la Chambre d’agriculture, facilitant certains échanges, l’idée de Lénaïc est de « formaliser un vrai partenariat sur l’installation afin de sensibiliser les PAIT de la Région et les conseillers d’entreprise à l’installation en apiculture, afin de leur apporter des expertises techniques sur le métier d’apiculteur ».
Au total, que ce soit au sein du GAEC ou à l’échelle de sa filière, encore très morcelée (3000 apiculteurs professionnels estimés répartis en 7 syndicats…), le jeune homme tel une abeille ouvrière, obstinée mais consciencieuse et toujours fidèle à sa colonie, ne manque ni de projets ni de détermination !

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