Les « vignerons du vivant » veulent attirer les jeunes vers la viticulture


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/07/2019 PAR Romain Béteille

« Le désir de nous investir et de créer un pont entre notre métier et la formation ». C’est ainsi que Jean-Baptiste Cordonnier a décrit, ce mardi 9 juillet, le dispositif « Vignerons du vivant » initié l’an dernier aux côtés des Apprentis d’Auteuil, au moment de présenter les sept candidats à avoir obtenu un contrat, sur les 14 à avoir candidaté au départ. Ce viticulteur, propriétaire avec sa femme Nathalie du Château Anthonic (28 hectares à Moulis-en-Médoc, en attente de conversion bio), a souhaité proposer à des jeunes de se former au métier de la vigne, le tout dans un contexte compliqué. « Nous manquons de main d’oeuvre et nous avons du mal à attirer les jeunes vers le métier. De leur côté, ils ont du mal à trouver du boulot et le levier de la passion pour une démarche éco-responsable rend immédiatement le métier plus attirant. On s’est dit qu’il fallait les former aux métiers de demain. Mon intution, c’est que ces métiers de demain sont tournés vers le bio et vers une agriculture respectueuse des sols vivants. On a voulu que le projets soient ouverts à tous les univers, du bio au conventionnel, de la propriété de 10 à 80 hectares ». 

Nouvelle agriculture

Le besoin est en effet réel : rien que dans le Médoc, on dénombre 137 emplois agricoles non pourvus chaque année, dont 87% dans le secteur viti-vinicole, un chiffre que les Apprentis d’Auteuil compare à celui des « NEETS », soit 16,6% des jeunes de 18 à 24 ans sans emploi, formation ou stage. Dans ce défi, ces propriétaires médocains ont donc associé une petite dizaine de châteaux du coin (Paloumey, Desmirail, Latour, Brillette, Citran, Mayne Lalande, Caronne Sainte Gemme, Durfort vivens et Villegeorges) pour proposer, aux côtés de plusieurs structures de formation reconnues (Maison familiale et rurale de Saint-Yzan, FAFSEA), une formation d’ouvrier polyvalent d’exploitation. Cette dernière comporte une quinzaine de jours de formation théorique aux côtés de spécialistes de l’agro-écologie, de la taille douce et de la biodynamie. Le tout dure neuf mois au travers d’une formation en alternance dans le cadre d’un contrat de professionalisation. Pour Hélène Guénin, du prestigieux Château Latour, ce type d’initiative reste attendue. « Ce qui nous a beaucoup plu, c’est cet accent sur la biodynamie et le bio parce que ce n’est pas facile de démarrer. On était dans un environnement de spécialistes qui demande un minimum de connaissances et d’observations mais aussi de s’ouvrir à une nouvelle agriculture ». Les « vignerons du vivant » ont d’ailleurs figuré parmi la centaine de lauréats du prix « Bordeaux Vignoble Engagé » décerné en février dernier. 

Essaimage de pratiques

Julien, 20 ans, et Stanislas, 30 ans, ont intégré ce dispositif pour sa première année. Pour eux, une telle formation « remet les choses en question sur notre manière de travailler. Je travaillais en conventionnel, je me suis rendu compte qu’on opérait un retour dans le passé avec des pratiques qui avaient peu à peu disparu ». Les apprentis d’Auteuil en sont conscients, il reste encore pas mal de chemin à faire, notamment pour redonner aux jeunes le goût du métier : sur 4000 mails ou demandes engagées, seulement 14 entretiens ont eu lieu. Mais les « vignerons du vivant » espèrent faire mieux pour leur « saison 2 » : une vingtaine de viticulteurs du Médoc et une douzaine de jeunes formés en prévision. Jean-Baptiste Cordonnier, de son côté, ne se ferme la porte à rien. « Si on duplique le projet dans une autre région, pourquoi se limitier uniquement à Saint-Émilion ou à Pessac-Léognan ? L’idée, ce serait de pouvoir être libre. Si des propriétaires sont motivés, on veut pas que les financements soient un frein. Ce sont des leviers vertueux dans les propriétés. On n’imagine pas les changements que tout ça induit ». D’autant que l’initiative a récemment été intégrée au projet régional Vitirev (au sein du volet Responsabilité Sociale et Environnementale), et que le financement national du projet pourrait permettre à des secteurs viticoles (y compris dans la région) moins fortunés de pouvoir adhérer à ces formations bénéficiant à des jeunes le plus souvent éloignés de l’emploi. 

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