Mehdi Maumège, ancien ouvrier agricole, s’est associé avec son ami d’enfance


Mehdi Maumège
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 05/05/2020 PAR Corinne Merigaud

Installé depuis un an, Mehdi Maumège a reçu 10 418 canetons huit jours avant le confinement, un premier lot fourni par la coopérative lotoise La Quercynoise. Ce creusois de 33 ans, titulaire d’un Bac Pro en Conduite et gestion d’exploitation agricole, a toujours travaillé dans ce milieu, employé depuis 2006 par le groupement d’employeurs Agri Emploi 23 qui lui a permis de travailler chez trois éleveurs creusois de bovins viande. Ces dernières années, il avait réfléchi à un projet d’installation et envisageait de monter un atelier de poules pondeuses en élevage hors sol, mais n’ayant pas la surface nécessaire, il s’est orienté vers une autre production, le canard gras. « Mes parents ne sont pas du milieu agricole précise ce père de famille, il fallait donc que je m’installe hors cadre familial avec tous les investissements que cela implique. Mon ami d’enfance Fabrice Bournavaud m’a alors proposé de le rejoindre sur son exploitation basée à Maison Feyne, en Creuse qu’il a créée voilà huit ans .»
Depuis le 1er mai 2019, Mehdi Maumège est associé au sein du GAEC des Salesses avec son camarade qui élève 140 limousines sur 150 hectares. Il a diversifié la production en aménageant un atelier de canards prêts à gaver d’une surface de 1 800 m², un investissement de 450 000 euros, financé par emprunt. L’éleveur a également bénéficié de la Dotation Jeune Agriculteur. « J’ai signé un contrat de neuf ans avec la coopérative La Quercynoise qui me fournit les canetons précise-t-il, je les élève durant onze semaines, ils partiront fin mai ou début juin en fonction de la crise sanitaire, pour être acheminés chez des gaveurs. J’ai choisi une production hors sol pour avoir des rentrées d’argent plus régulières par rapport aux bovins viande .» La rotation entre deux lots est programmée toutes les quatorze semaines. Avec à chaque fois, environ 10 000 canetons à nourrir, soit une moyenne de 3,8 lots, Medhi devrait produire plus de 37.500 canards par an. L’activité principale reste cependant l’élevage de limousines, les deux hommes se partagent les tâches, Mehdi seconde son collègue pour les soins aux vaches et vice-versa. « Nous sommes en système broutards explique le jeune homme, nous engraissons les femelles et l’an dernier, nous avons participé à quelques concours de vaches notamment à Limoges et Magnac-Laval avec un 1er prix de section remporté. L’une de nos vaches a été retenue comme suppléante pour le Salon de Paris mais nous n’y sommes pas allés. Le but est de faire connaître l’exploitation et l’ambiance des concours nous plaît beaucoup. Nous avons également gardé quatre veaux pour les vendre comme reproducteurs et peut-être que ce sera un peu plus cette année. »

Un bâtiment adapté en cas de confinement

Pour son installation, Mehdi Maumège a été soutenu par la coopérative La Quercynoise basée à Gramat (Lot) qui l’a conseillé pour la construction de son bâtiment. « Mehdi a opté pour un élevage hors sol, nous avons défini la taille et le volume puis mis en relation avec des entreprises spécialisées explique Jean-Luc Dolique, responsable de production vif, il a finalement choisi une autre entreprise et nous l’avons accompagné pour l’aménagement intérieur. Notre filiale Cap Agri Quercy Service lui a fourni une solution clé en main. » Il fallait respecter les nouvelles règles mises en place suite à l’épidémie d’Influenza aviaire qui prévoit désormais une densité de 5,5 canards par mètre carré contre 7,5 auparavant, soit une baisse de 30 % pour un bâtiment de même surface. « L’objectif est de continuer l’élevage à l’intérieur en cas de nouvelle pandémie grâce à des nouvelles normes par exemple pour l’abreuvement ou la nourriture précise-t-il, des extracteurs d’air renouvellent l’air et assèchent la litière, cela permet de réduire sensiblement la mortalité des animaux. La baisse de densité est bénéfique, nous constatons moins de maladies et nous utilisons moins d’antibiotiques.» Suite à l’arrivée des premiers canetons, le 9 mars, un technicien de la coopérative a rendu visite à Mehdi une fois par semaine les premiers temps pour s’assurer que le démarrage de la production se déroulait sans problème.

Un an après son installation, il est encore trop tôt pour tirer un premier bilan mais l’ancien ouvrier agricole ne regrette pas son choix, malgré le contexte inédit que nous traversons. « Il faut attendre un an pour dresser un bilan chiffré étant donné que je n’ai pas encore vendu les canards estime-t-il, les contraintes horaires sont plus lourdes qu’avant, je n’ai pas un salaire qui tombe tous les mois, mais c’est gratifiant d’être à son compte. Cette crise bouleverse beaucoup de choses, j’espère que les gens comprendront qu’il faut consommer local et de meilleure qualité. Il peut y avoir une prise de conscience.» Ce serait effectivement l’un des enseignements à tirer de cette pandémie.

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