Olivia Quillet éleveuse de poulets bio a relevé le défi: Du Val de Marne en Gironde


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 23/04/2018 PAR Joël AUBERT

Le point de départ semble anecdotique mais a ceci d’intéressant qu’il révèle les valeurs que défend Olivia Quillet. La jeune femme, voilà une dizaine d’années, se serait bien vue vendre des poulets en rotisserie sur les marchés; elle découvre alors que certains rotisseurs achètent des poulets en grande surface pour les revendre parés de bien des vertus : « je n’avais pas envie de cela » dit-elle; On pourrait ajouter, plus largement, certainement l’envie d’une nouvelle vie…où les poulets occuperaient toujours une belle place.

Une parcelle acquise en substitution

En vacances dans la région, la famille visite le Conservatoire Avicole du Puyobrau, à Magesq, dans les Landes, et ses « 150 races de volailles » raconte Olivia. Le moment venu ce sera le « Cou Nu à pattes jaunes ». Commence alors un long temps de réflexion qui ne dure pas moins de quatre ans où l’aspirante éleveuse prend la mesure de toutes les figures imposées qu’il va lui falloir faire pour arriver à son but : installer un élevage en pleine nature. Et, d’abord, pour espérer pouvoir y arriver, il faut commencer par se former. C’est ainsi qu’ Olivia obtient une disponibilité pendant deux ans, devient assistance maternelle et accède au droit à formation qui va déboucher, après un bilan de compétence, sur la préparation pendant dix mois d’un diplôme au Lycée agricole et horticole de Saint-Germain en Laye, un BPREA, Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole. Encore fallait-il, au bout de cette période, obtenir la validation d’un projet professionnel, préalable à un financement bancaire. Celui-ci se présentait à Vayres et nécessitait de fréquents séjours, en 2013, mais finalement une opportunité, correspondant le mieux aux souhaits d’Olivia, lui était proposée, en 2014, sur un terrain très arboré de 9,37 ha à Laruscade, à deux pas de la RN10 pour 28.000 euros, une parcelle cédée par une propriétaire du village à la Safer et acquise en substitution ; la remise en état du terrain en nécessitera 20.000 de plus. Encore faudra-t-il, pour avancer, que la commune puisse faire changer son classement au sein du Plan d’Urbanisme qui interdisait toute construction. Pierre Trigeard conseiller foncier à la Safer se souvient:  » Olivia Quillet voulait un terrain dans un endroit stratégique pas trop loin de Bordeaux; nous étions alors en discussion avec Mme Guérin la propriétaire prête à céder cette parcelle, nous nous sommes rencontrés ensemble et avons réussi cette opération de substitution. »

Le soutien villageois

Pour Olivia le temps arrivait enfin d’entrer dans le vif du sujet, avec le soutien amical de « ruscadiens » bien connus que Mme Guérin, justement, lui avait fait rencontrer, M.et Mme Raud qui hébergèrent Olivia et les siens en location, au gré des venues en Gironde. L’inscription des enfants à l’école en août 2014, puis l’achat de mobil home posés sur le terrain des « Nauves Plates » et l’implication personnelle du couple dans la construction du bâtiment principal et des neuf cabanes qui accueilleraient les poulets se succédaient, sans oublier le prêt de 150.000 euros du Crédit Agricole d’Aquitaine.

Aujourd’hui, dans le strict respect du cahier des charges, la Ferme de Laruscade produit des poulets dont chaque bande dispose d’un parcours de 1.500 m2 par cabane ouverte jour et nuit ; il y en a dix huit, de sorte qu’un parcours puisse être toujours en situation de se régénérer pendant que l’autre est occupé; les cabanes ayant été conçues pour être déplacées de façon mobile. Les poulets qui ont été accueillis poussins, de un jour, en provenance du Gers, sont en liberté permanente dans leur parcours et nourris avec de l’aliment bio acheté en Vendée, ce poste matières premières représentant 80% du budget. Il faut dire que l’ambition de qualité voulue par Olivia Quillet est d’autant plus forte que les poulets sont en effet élevés pendant 120 jours, au lieu des 81, bien connus comme étant la durée minimale nécessaire. De 40 poulets vendus par semaine, à partir de septembre 2017, la production, abattue à Etauliers, tourne aujourd’hui entre 70 et 80 unités, un quart étant vendus en vente directe 10,20 euros le kilo…Mais la demande grandit entre les clients du Nord Gironde, du Sud Charente-maritime, sans compter ceux de la métropole qu’ils soient de Cenon ou des Chartrons, au cœur de Bordeaux. Pour autant, ne croyez pas qu’Olivia Quillet « gagne sa vie » ; il faut rembourser d’abord, avant d’espérer un salaire et songer, aussi, à améliorer l’hébergement de la famille dont trois enfants. Un constat que l’on fait, le plus souvent, en rencontrant ces jeunes qui osent l’installation en agriculture. Le conjoint, heureusement, a trouvé un emploi d’agent de maîtrise dans la fonction publique territoriale, le Syndicat Intercommunal de Collecte et de Valorisation du Libournais Haute Gironde. Olivia, elle, pense aux investissements complémentaires qu’il faudra entreprendre, celui d’un véhicule frigorifique par exemple. Mais elle sait d’où elle vient et avance, au gré d’une économie qu’elle construit jour après jour, à la fois parfaitement lucide et fière du chemin parcouru.

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