Vente directe et coopération agricole, les gages de la flexibilité pour Gilles et Mathieu Bluteau


Julien Bonnet
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 22/04/2020 PAR Julien Bonnet

Qui a dit que l’agriculture française était finie ? Certainement pas Gilles et Mathieu Bluteau, dont l’histoire prouve que les jeunes agriculteurs ont encore de beaux jours devant eux.

Tout commence en 2015 à Condéon (au sud d’Angoulême) lorsque leur grand-mère, à la tête d’un troupeau d’une trentaine de chèvres, est victime d’un accident. Mathieu Bluteau décide alors de reprendre le flambeau familial, malgré les réticences de ses parents. « Nos parents ne voulaient pas qu’on fasse ce métier, mais on a toujours été proches de notre grand-père qui souhaitait qu’on reprenne la ferme. Il fallait donc nous convaincre nous-mêmes et nos parents », confie l’exploitant.

C’est ainsi qu’en 2016, Mathieu reprend l’exploitation. Il s’installe mais ne peut pas bénéficier d’aides. Il faudra attendre 2018 et la fin des études de son frère Gilles pour que leur projet décolle. Ces deux années de réflexion et d’expériences, acquises grâce au service de remplacement de la MSA, ont été nécessaires pour construire un projet solide. « On était dans la réflexion mais on ne voulait pas se lancer comme ça », explique Mathieu. Grâce à un Plan de Professionnalisation Personnalisé, organisé par la Chambre d’Agriculture de la Charente, Gilles acquiert de solides bases et rejoint Mathieu pour fonder le GAEC des Frères Bluteau.

« L’avantage des deux systèmes »

Grâce à leurs études et à l’accompagnement de la Chambre, Gilles bénéficie d’aides à l’installation, notamment la Dotation Jeune Agriculteur, soit environ 21000€ la première année et 5000€ à la quatrième année d’exploitation. « Ça a été un vrai coup de pouce », assure Gilles. D’autres aides, notamment de la PAC et de la Région, permet au GAEC de se lancer sereinement en 2018 en ayant de la trésorerie.

D’autant que le projet des frères Bluteau s’appuie sur deux piliers solides : la coopération agricole, via Terra Lacta, et la vente directe. « Le premier objectif, c’était de démarrer avec la laiterie pour bien la maîtriser, surtout que ce n’est pas facile en caprin, explique Gilles. Ensuite, on est allés vers la transformation avec la fromagerie ».

Ce fonctionnement porte selon lui le meilleur des deux mondes : « On a l’avantage des deux systèmes. Avec la laiterie, on n’est pas obligés de transformer tous les jours comme pour ceux qui sont à 100% fromagers. La production est garantie pour les laitiers. Et si on a du surplus, on peut soit leur donner, soit le transformer. Ça nous donne de la flexibilité : grâce à la laiterie, on peut arrêter la transformation pendant les vacances par exemple, et si on a besoin de plus de fromage, on peut puiser dans la marge “laiterie” ».

Des financements spéciaux

Outre la flexibilité, ce fonctionnement leur permet également de bénéficier d’aides de la coopérative Terra Lacta, notamment une prime aux 1000 litres réservée aux jeunes agriculteurs. Aujourd’hui, 80% de leur production est destinée à Terra Lacta, les 20% restants provenant de la vente directe de fromages et yaourts. Des chiffres qui évoluent en fonction de la conjoncture, remarque Gille Bluteau.

Mais si la vente directe s’avère plus rentable, la coopération apporte aussi un avantage indéniable auprès des banques. « La laiterie garantissait à la banque qu’il y aurait une rentrée d’argent », souligne Gilles Bluteau. Les deux frères ont aussi pu bénéficier de financements spéciaux auprès du Crédit Agricole Charente-Périgord grâce à l’accompagnement de la Chambre d’Agriculture. « Les prêts pour les jeunes agriculteurs aidés sont plus intéressants, vu que la Chambre accompagne la construction du projet », ajoute l’exploitant.

Aujourd’hui à la tête d’un troupeau de 120 chèvres, les frères Bluteau envisagent de développer l’apiculture pour élargir leur gamme de produits. Tout en conservant l’équilibre entre coopération agricole et vente directe.

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