Echanges autour de la pêche entre Parcs Marins et pêcheurs


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 06/06/2019 PAR Anne-Lise Durif

« C’est bien de voir comment ça se passe ailleurs, pour sa culture personnelle », exlique Marc, un pêcheur de l’Iroise. « Les problématiques environnementales, de quotats, les techniques de pêche, sont très différentes des nôtres », observe Erwann Quemeneur, chargé de mission au comité départemental de pêche du Finistère. « Il y a une saisonnalité plus marquée ici : les pêcheurs savent quand utiliser quel matériel en fonction des mois de l’année. Nous, on s’adapte au jour le jour : rien que par rapport au coefficient de marée, on peut changer de métier du tout au tout », poursuit Xavier, un autre pêcheur d’Iroise. Avec les mains, ils évoquent en riant, et avec un poil d’envie, la taille « énorme » des poissons qu’ils ont vu à la criée du port de La Côtinière en cette période de pêche au maigre, eux qui sont plutôt habitués à la langouste, au homard, à l’araignée et à la sole.

« Nous, on a très peu de valorisation de produit », observent-ils, notant l’existence de plusieurs conserveries. « On n’a pas de criée, pas de marché local. On travaille essentiellement avec des mareyeurs en direct, tout part à Rungis ou en national, alors qu’ici, il y a un réseau local, une partie de la production reste ici ». Les pêcheurs ont été également frappés par l’esprit collectif des pêcheurs locaux. « Ils partent tous ensemble du port», ont-ils constaté, notant également une solidarité avec les anciens ou les pêcheurs blessés, qu’ils ont rencontrés dans un atelier de réparation de filets et matériels de pêche mis en place sur Oléron.  « Il y a une vraie dynamique ici », constate  Erwann Quemeneur,  « il y a des choses transposables chez nous ».  Il verrait bien une variante finistérienne du modèle charentais de revente et de revalorisation de la pêche locale, tout en craignant que les habitudes bretonnes ne soient un peu trop ancrées.

Des idées reprises des deux côtés de l’Atlantique

Si la délégation du Parc Marin de l’Iroise repart avec quelques idées charentaises, jusqu’à présent ce sont plutôt les Bretons qui ont inspiré pêcheurs et personnels du Parc Marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des pertuis. Cette visite faisait suite à une autre, effectuée en 2017 par une délégation du Parc Marin de l’estuaire en Iroise. « L’idée de départ, c’était de montrer au personnel du parc et aux pêcheurs locaux comment fonctionne un parc marin, celui de l’Iroise étant le premier constitué en France, et de montrer aux professionnels de la mer qu’il existait une bonne interaction entre pêcheurs et Parc Marin », explique Yohan Weiller, chargé de mission pêches et cultures marines au Parc Marin de l’estuaire.

Les pêcheurs de l’Iroise admettent volontiers que les premiers contacts avec le Parc n’ont pas été faciles : « Au début, on était méfiant. On craignait que ça n’apporte que des interdictions et des limitations ». Pour garder la main sur l’évolution de leur activité, ils ont choisi de siéger au Parc Marin. Même s’ils restent minoritaires (6 pêcheurs sur 72 membres), ils affirment qu’aucune décision concernant la pêche n’a été prise sans leur avis, et parlent aujourd’hui d’une « concertation constante ». Parmi les mesures mises en place d’un commun accord : une charte professionnelle avec une dizaine de mesures environnementales à respecter concernant la pollution, le ramassage des déchets ou la protection de la ressource. Ils ont été également mis dans la boucle de recherches scientifiques, notamment avec l’Ifremer – une balise GPS relevant la salinité et la profondeur a également été installée sur des embarcations en vue de fournir des données au Parc. « Au final, ce n’est pas contraignant », observent les pêcheurs qui aimeraient s’impliquer davantage, aussi bien sur le volet recherche que sur la préservation de la ressource.  De son côté, le Parc Marin observe qu’ils sont même devenus forces de propositions.

Du côté des Charentais-Maritimes, la visite en Iroise avait permis de déboucher sur la mise en application d’outils permettant une meilleure connaissance de la ressource halieutique local, an particulier du maigre. « Là-bas, nous avions regardé ce qu’ils faisaient concernant les algues et le homard, et les mesures de gestions de ressources mise en place », explique Yohan Weiller. Prochainement, le Parc Marin de l’estuaire va lancer une expérimentation avec un chalut à grande ouverture verticale pour dresser un état des lieux des nourriceries en mer. Encore une autre idée « piquée » aux Bretons de l’Iroise.

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