Plus de 30 millions d’euros pour moderniser la station d’épuration de Limoges


Corinne Mérigaud
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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 16/12/2020 PAR Corinne Merigaud

Située Rue de Nexon, la station d’épuration de Limoges va connaître une phase importante de travaux avec un chantier de 44 mois qui va permettre de renforcer les capacités de traitement des eaux usées de dix communes soit 285 000 habitants concernés. Après travaux, le volume d’eau traité atteindra jusqu’à 90 000 m³ par jour. En prime, la station va produire deux fois plus de biogaz qui sera injecté dans le réseau GrDF après traitement, soit plus de 1,1 million de m³ par an, l’équivalent de la consommation de 3 760 logements basse consommation.


L’eau: un axe essentiel du projet de territoire

La pose symbolique de la première a eu lieu, le 15 décembre, par Guillaume Guérin, président de Limoges Métropole accompagné d’élus communautaires et du délégué de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, co-financeur du projet. S’il a rappelé que ces prédécesseurs avaient oeuvré ardemment pour sa réalisation, il a insisté sur la nécessité de mener de tels travaux afin d’assurer un service performant dans les décennies à venir. « La station assure le traitement de 90 % des effluents générés sur le territoire dont la communes de Bosmie-L’Aiguille qui ne fait pas partie de la Communauté urbaine précise Guillaume Guérin, une partie des ouvrages en génie civil qui la constituent atteindra bientôt cinquante ans et certains équipements électromagnétiques arriveront prochainement en limite d’âge, nécessitant de prévoir leurs prochains renouvellements. La nouvelle station devra s’adapter à la croissance démographique de notre territoire et aux enjeux environnementaux et énergétiques dans l’optique de rendre effective en 2023 la STEP dont la consommation sera faible et la valorisation importante. Avec ce projet, une nouvelle fois, notre territoire se montre exemplaire en matière environnementale dans le but d’améliorer le cadre de vie au quotidien.»

Au-delà de ce chantier, la thématique de l’eau sera l’un des axes essentiels du projet de territoire que porte l’exécutif communautaire, un enjeu en terme de développement économique et d’attractivité territoriale comme il l’a mentionné. « L’enjeu économique est important avec la volonté de créer un écosystème favorable autour de cette ressource avec les entreprises, des fabricants de presses hydrauliques par exemple, et les start-up qui travaillent sur le traitement de l’eau ajoute le président. Nous avons l’une des eaux les moins chères de France et l’une des plus pures, mais aussi une formation universitaire et l’Office international de l’eau. Avec cette filière, nous pouvons créer des emplois ». Le second enjeu est lié à la ressource importante dont dispose aujourd’hui le territoire, un atout précieux dans un avenir incertain où la pression sur l’eau sera forte. « Nous devons arriver, avec un packaging territorial, à vendre Limoges et son aire urbaine comme étant l’un des piliers du traitement de l’eau à l’échelle nationale ambitionne-t-il, je suis sûr que les populations que nous cherchons à attirer seront sensibles à cela .» 

 

La station d'épuration de Limoges Métropole

De nouveaux équipements plus performants

Lors de sa construction en 1969 la STEP, toujours gérée en régie directe, était dimensionnée pour traiter les effluents de 80 000 habitants, capacité doublée en 1976 pour atteindre 285 000 en 2000. L’objectif de ses travaux vise à sécuriser le site et à rendre la station plus performante, tout en veillant au bien-être des riverains. Cet équipement a maintenu sa qualité de service au fil des décennies et des aménagements réalisés mais elle doit faire face aujourd’hui à de nouveaux enjeux pour préparer l’avenir. De nouvelles technologies seront installées afin de repenser totalement le fonctionnement de la station et son optimisation énergétique et de réaliser des économies importantes estimées à deux millions de kilowatt heure par an, soit une baisse de 17 %.

Ainsi, tous les équipements d’origine seront détruits. « Un certain nombre d’innovations vont apporter un double avantage, améliorer le traitement épuratoire et optimiser les consommations d’énergie et produire du biométhane qui va bénéficier au réseau public de gaz donc à des utilisateurs extérieurs » précise Marie Crouzoulon, directrice du pôle qualité de vie à Limoges Métropole. La démolition des ouvrages anciens commencera en avril, la pose des réseaux électriques et hydrauliques ayant commencé en septembre.

Pour compléter les ouvrages les plus récents, un nouveau bâtiment accueillera un décanteur primaire, une étape nouvelle dans le traitement des eaux usées. « Il va piéger dès le départ la pollution particulaire, plus fermentescible que les boues que nous produisons aujourd’hui dans les grands bassins biologiques. La captation de la pollution sera ainsi plus performante. » La station d’épuration produit du biogaz dans ces deux digesteurs où sont stockées les boues durant plusieurs jours, les bactéries digérant la matière organique pour produire du biogaz. Le nouveau décanteur primaire permettra de diminuer la quantité de pollution à traiter par voie biologique durant la seconde phase du traitement qui nécessite une injection d’air dans les bassins, phase la plus énergivore de la station. La matière extraite de ce décanteur rejoindra les boues dans le digesteur. Comme elle fermente davantage que les boues biologiques, la production de biogaz sera doublée à l’issue des travaux prévue fin 2023. Ce biogaz sera valorisé en étant injecté, en totalité, dans le réseau public de distribution géré par GrDF au niveau de la rue de Nexon. La première injection est programmée pour mai 2023.

Un nouveau digesteur de 2000 m³ et 15 m de haut, dédié à la stabilisation des boues par fermentation et à la production du biogaz, sera construit de même qu’un clarificateur, ouvrage séparant les boues de l’eau épurée afin de garantir la qualité optimale des rejets sur le long terme. Un procédé de déshydratation innovant et moins énergivore va être mis en place. Les boues produites à la STEP étant très liquides, elles sont d’abord déshydratées pour réduire le coût de transport vers le compostage et l’épandage agricole qui permet de valoriser 12 740 tonnes par an. Les technologies actuelles pour déshydrater étant énergivores, des travaux seront réalisés afin de repenser cette filière en privilégiant des centrifugations de dernières générations plus économes. Des économies d’énergie supplémentaires seront réalisées en récupérant la chaleur des eaux usées pour maintenir la température des digesteurs, au lieu de les chauffer au biogaz comme dans le process actuel. Pour se faire, les deux grands bassins biologiques construits en 2000 seront équipés de systèmes de brassage et d’aération de dernière génération plus économes en électricité.

Une station performante pour les trente ans à venir

Pour financer ce chantier chiffré à 30,15 millions d’euros TTC, Limoges Métropole a investi 11,6 millions HT, l’Agence de l’eau Loire-Bretagne cofinançant à plus de 50 % apportant 13,5 millions HT, un investissement qui faisait partie des villes prioritaires. « Pour la station de Limoges, l’Agence de l’eau avait prévu un fléchage prioritaire en terme d’impact et d’enjeux pour les rejets d’effluents commente Olivier Raynard, de la délégation Limousin-Poitou de l’Agence, cet investissement va ainsi propulser Limoges dans l’avenir, elle sera prête pour les trente prochaines années. » D’autres financements pourront également être fléchés de manière prioritaire sur d’autres projets comme le traitement des eaux pluviales lors d’importants épisodes de pluie. « L’enjeu sera de traiter les eaux pluviales mélangées aux eaux usées lors de fortes d’intempéries et qui sont rejetées sans traitement assure-t-il, on pourra alors en traiter une partie en développant la surveillance des réseaux et en isolant les parties les plus polluantes pour les traiter avant rejet. » Enfin, ce chantier s’inscrit également dans le cadre des clauses sociales des marchés publics avec 6 000 heures d’insertion réservées à des personnes éloignées de l’emploi, soit trois équivalents temps plein sur les métiers gros œuvre, électricité, peinture, carrelage, voirie et aménagement des espaces verts.

 

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