Émission 4 médias : comment caractériser et éviter la violence dans les quartiers ?


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/02/2021 PAR Yoan DENECHAU

« Nous, acteurs associatifs, alertons les pouvoirs publics depuis deux ans sur la montée de la précarité, du chômage et donc des violences ». Pour Morti, fondateur de l’association Diamant des Cités, qui œuvre dans le quartier Grand Parc, les faits de violences survenus ces dernières semaines dans les quartiers populaires auraient pu être anticipés.
Le constat est sensiblement le même pour Mohamed Boulahoual, directeur de l’association Jeunesse des Hauts de Garonne (AJHaG). « La première des violences est sociale. Les habitants des quartiers pauvres sont dans une précarité monstrueuse, précarité qui a été accentuée par la crise sanitaire ». En effet, d’après Mohamed Boulahoual, beaucoup de ces populations vivent de petits boulots, notamment dans la restauration, secteur à l’arrêt total depuis octobre. « La violence sociale implique de la violence physique : les gens sont à cran. La moindre étincelle peut tout faire brûler et c’est ce qu’on a vu dans tous les incidents survenus depuis le début de la crise sanitaire », poursuit le directeur de l’AJHaG.

« Pas d’augmentation quantitative des violences »

Sur la recrudescence des faits violents dont font écho les médias et les élus, à l’image du décès du jeune Lionel dans le quartier des Aubiers le soir du nouvel an, Mohamed Boulahoual est plus tempéré. « C’est très difficile à quantifier. Il faut savoir de quelle violence on parle ». Il s’appuie sur le travail du sociologue Laurent Muchielli, qui a travaillé sur la violence dans les quartiers prioritaires. « Ce qu’a montré Laurent Muchielli, c’est qu’aujourd’hui les quartiers ne sont pas plus confrontés aux faits de violence qu’il y a trente ans, souligne le directeur de l’AJHaG. Ce qui a changé ce sont les modalités d’expression de cette violence : elle est plus radicale et les réseaux sociaux la rendent plus visible ».

Pour Morti, l’aggravation de ces violences a deux causes : l’accès aux armes rendu plus facile par internet et les réseaux sociaux, mais aussi une crise de l’autorité. « Le lien social s’est effrité, ce qui a provoqué une défiance vis-à-vis de l’autorité. Pour être respectée, elle doit être incarnée, que ce soit par les familles ou la République. Dans les quartiers, la République n’est là que pour réprimer », affirme le comédien. Mohamed Boulahoual se souvient de sa jeunesse dans les quartiers, où il jouait au foot avec la police de proximité. « Certains étaient des  »copains’’, on respectait leur uniforme, et tout cela s’est fini sous Nicolas Sarkozy ». La police de proximité, plusieurs élus aimeraient la voir revenir dans les quartiers, à l’image des Maires du Grand Projet des Villes de la Rive Droite, qui en ont fait la demande le 20 janvier.

Désertion des institutions
Pour apaiser la situation dans les quartiers, les deux hommes demandent le retour des services publics, pour mettre fin à ce que Morti qualifie de « violence institutionnelle ». « Le fait d’avoir un bureau de poste, une annexe de la Mairie, des services sociaux dans les quartiers renvoie une image de la République qui se préoccupe de ces populations. Nous ne sommes pas dotés des mêmes services que monsieur et madame tout le monde, ça crée des frustrations, et parfois de la violence », précise Mohamed Boulahoual. Le directeur de l’AJHaG a été en partie entendu par le Maire de Bordeaux, puisque le 27 janvier, le conseil municipal a nommé Véronique Seyral adjointe déléguée aux quartiers prioritaires et à l’égalité des chances.


L’émission complète, réalisée en partenariat avec l’Écho des Collines et O2 Radio est à retrouver sur la plateforme replay d’O2 Radio (91.3FM).

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