Agriculture: la météo aggrave des marchés dégradés


Solène Méric
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 14/09/2016 PAR Solène MÉRIC

A l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, Dominique Graciet a fait le tour des filières de l’agriculture aquitaine. Première observation : la succession d’épisodes climatiques pénalisants sur l’année. « L’hiver a été doux, le printemps froid et pluvieux, avec des épisodes de grêles fin mai début juin, et un été marqué par la sécheresse ». Résultat sur les grandes cultures : une année très mauvaise en prix et en rendement notamment sur les cultures d’hiver en Poitou-Charentes, particulièrement affectée. Sécheresse et mauvaises conditions de semis impacteront également sans doute la production de maïs : outre une récolte à la baisse, celle-ci risque aussi d’être de moins bonne qualité. Des difficultés sur les grandes cultures qui pèseront également sur les éleveurs contraints soit de piocher dans leurs stocks hivernaux, soit d’ acheter de l’aliment, ou des compléments alimentaires pour leurs animaux. Autant dire des coûts supplémentaires dans un contexte de marchés en crise.

Bovins lait: « la catastrophe »Une mauvaise année fourragère qui pèse en premier lieu sur les éleveurs de vaches laitières (et notamment en polyculture élevage), qui outre cette météo pénalisante, cumulent les difficultés : surproduction mondiale, déficit d’achat de la Chine, embargo russe, et suppression des quotas par l’Europe. « C’est la catastrophe. A moins de 200€/tonne on met les éleveurs dans des situations intenables, et notamment Lactalis qui tire au plus bas. Avec l’accord passé, ils vont seulement s’aligner à 300€ tonnes », regrette le Président de la Chambre d’agriculture. Un prix encore trop bas si on se fie au chiffre de l’IDELE, qui évalue le coût de production moyen pour un éleveur français à 350€ la tonne… Pour tenter de limiter la casse, il a été annoncé par le Ministre de l’agriculture une réduction de la production laitière de 5% sur 3 mois. « Peut-être de quoi de nouveau envisager à l’avenir de remonter un marché régulé du lait…? », commente avec un supçon d’espérance Dominique Graciet.
Une situation telle pour les éleveurs laitiers, qu’ils pourraient être tentés de capitaliser leur cheptel dans les mois à venir… avec pour conséquence d’encombrer l’offre de viande, ce qui entraînerait un peu plus à la baisse un marché de la viande bovine déjà lourd. Une tendance qui s’accentue avec la sécheresse et son poids financier sur l’alimentation des animaux. Pour des éleveurs bovins viande qui voient régulièrement leur revenu évoluer à la baisse depuis 2012, 2016 apparaît pour eux aussi comme une mauvaise année.

Pour le porc après un début d’année difficile, le prix s’améliore légèrement. « C’est un soulagement pour la filière même si à 1,40€ ça n’est pas suffisant pour refaire les trésoreries des exploitations… mais c’est reparti dans le bon sens », note Dominique Graciet.

Palmipèdes: une reprise « pas tout à fait dans les délais »Côté palmipèdes, sans surprise, l’épizootie aviaire sur 8 départements de la grande région, et le vide sanitaire corrélé pénalise fortement la production de foie gras pour l’année : -25% au niveau national, – 35% au niveau régional. Conséquence commerciale, les exportations ont diminué et les prix devraient augmenter, même si Dominique Graciet considère que ce ne sera pas tellement perceptible pour les consommateurs. Mais « il y aura par contre sans doute beaucoup moins d’offre commerciale sur les produits en rayon », prévient-il. Quant aux éleveurs ils ont à subir le manque à gagner de 4 mois de vide sanitaire et les surcoûts liés aux investissements de biosécurité. Cela dit, Dominique Graciet, qui n’oublie pas l’aide de la région sur les adaptations sanitaires des exploitations, reconnaît « le fort accompagnement de l’Etat sur l’amont et l’accouvage », il regrette qu’il n’y ait « relativement peu de choses mises en place pour les entreprises d’aval». Quant à la reprise de l’activité dans les exploitations, elle ne se fait pas tout à fait dans les délais espérés, « soit en raison de retard dans les travaux d’adaptation, soit dans le versement des financements pour ces travaux qui laissent alors les éleveurs dans l’expectative ».

Enfin sur les vignes, qui représentent un tiers de la production agricole de la Nouvelle-Aquitaine, les situations sont multiples. Madiran, Tursan, Graves de Vayre ont été touchés par la grêle à des degrès divers, et un épisode de gel début mai, a laissé quelques marques dans le Blayais et les Graves. La sécheresse a pu causer quelques frayeurs mais les récentes pluies, pourraient, si elles ne sont pas trop abondantes ou violentes, être une bonne nouvelle pour le bassin bordelais…
Dans les Charentes, des épisodes de gel à mi-printemps puis de grêle, fin mai et en juillet ont sévèrement touché 5000 puis 7000 hectares de vignes. La production devrait être inférieure de 16% par rapport à l’an dernier, avec un potentiel de rendement moyen également en baisse. Le Cognac poursuit cependant son ascension commerciale avec sur la campagne 2015-2016 : +4,9% en volume et +10,4% en valeur…

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