Agriculture : un bilan 2016 contrasté en Charente-Maritime


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 29/11/2016 PAR Anne-Lise Durif

Les céréales

C’est la filière qui s’en sortait le mieux jusqu’à présent. Mais avec un printemps très pluvieux et un mois de juillet marqué par la sécheresse, ainsi que des cours mondiaux en baisse, le manque à gagner entre 2015 et 2016 est de 14 000 € en moyenne par exploitation. Un coup dur lié en particulier à un rendement plus faible et un prix d’achat plus bas que l’an dernier du blé. Le manque d’eau vient également jouer les troubles fêtes, en particulier sur la production de maïs, vorace en eau. Le maïs représente une vingtaine d’hectares en Charente-Maritime (contre près de 50 pour le blé), ce qui en fait la 2e production de céréales du département. Malgré une stagnation des prix, suite à une légère surproduction mondiale, le maïs resterait un idéal « marché de niche », notamment pour satisfaire la clientèle anglaise, grosse consommatrice de farine de maïs pour ses gâteaux. Mais pour la filière, il faudrait « créer des zones de stockage de l’eau et de l’irrigation » – au moins 19 millions de m2 – pour pouvoir concurrencer les départements du Sud-Ouest, où les possibilités de stockage vont de 40 à 60 millions de m2 d’eau.

La viticulture

La seule filière à s’en sortir encore honorablement, grâce à l’univers du cognac. Le chiffre d’affaire globale issue des produits viticoles a augmenté de 5% entre 2015 et 2016 : le vin reste stable et les eaux-de-vie augmentent de 7%. Une hausse due notamment à une excellente production 2015-2016 avec 890 000 hectolitres. Un  chiffre qui ne sera probablement pas aussi bon pour la production 2016-2017, la vigne ayant subi des épisodes consécutifs de froid, de grêle et de sécheresse. Les premières estimations de récolte tablent sur un rendement autour de 100 hectolitres à l’hectare, en sachant que les disparités sont fortes d’un vignoble à l’autre. Les producteurs présents à la Conférence agricole prédisent « une situation de crise » dans les territoires en crus bons bois et fin bois : leur production leur est rachetée environ 800 € l’hectolitre, contre un peu plus de 900 € pour les crus dits d’excellence (borderies, grande et petite champagne). Couplée à la baisse de rendement, elle pourrait être fatale à certains viticulteurs.

Elevage, lait et viande

La  baisse du prix du lait a continué en 2016, passant de 0,30 ct le litre en 2015 à 0,28€/litre. Après la crise laitière de cet été et une promesse de revalorisation des prix à l’automne, la filière lait de Charente-Maritime devrait malgré tout connaître un manque à gagner moyen de 10 000 € (charges déduites) par exploitation (pour 128 hectares et 74 vaches en moyenne). Du côté de l’élevage en viande bovine, avec la baisse des prix à l’achat au niveau européen, les chiffres d’affaires sont mauvais (-4% depuis 2014). Un état qui risque de perdurer encore : la sécheresse de cet automne n’a pas permis une pousse normale de l’herbe, et les exploitants vont devoir recourir de manière précoce au fourrage, ce qui représente un coût supplémentaire.

Les solutions

Plusieurs solutions pour améliorer la situation des quelque 7000 exploitations de Charente-Maritime ont été évoquées au cours de ces rencontres agricoles. Première solution : développer les cultures mixtes, avec de multiples valorisations possibles. Par exemple, dans la filière céréales, associer la culture du lin et du chanvre, qui ont tous deux des débouchés aussi bien dans l’alimentaire que dans le textile. Deuxième solution : développer les circuits courts, que ce soit pour la transformation ou la vente, pour une valorisation de tout ou partie de la production. L’objectif n’est pas pour autant de convertir la totalité des exploitations. « Il ne s’agit pas d’opposer les agriculteurs. C’est à chacun de trouver sa plus-value avec ses spécificités », explique Françoise de Roffignac « Certains exploitants ne se sentent pas de faire de la vente en direct ou en circuit court et ça s’entend très bien. Mais ils peuvent par exemple s’inscrire dans une démarche de labellisation, comme Signature Poitou-Charentes, qui leur permet de s’assurer un réseau de distribution et un prix d’achat meilleur, qui valorise les produits de qualité ». Le tourisme agricole pourrait également être une autre alternative, dans un département très visité comme la Charente-Maritime, grâce à la promotion de son territoire et la vente de produits de son terroir.

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