Agroforesterie et Viticulture marchent ensemble au Domaine Emile Grelier


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/07/2020 PAR Joël AUBERT

Benoît avait travaillé, au sein d’une exploitation en viticulture bio ou la biodynamie, avec parfois ces rudes apprentissages, était une ouverture vers les choix que le couple allait faire. Celui de créer, en 2002, ex-nihilo, sur 8 hectares de prairie, au sol argileux, un petit vignoble en agroforesterie. Une entreprise où, le rappelle Benoît, « nous avons l’ambition de travailler de manière écologique et bienveillante » Traduction : dans un démarche où le paysan, qui se réclame volontiers du fameux « bon sens », va conduire la culture de la vigne en recherchant à jouer avec la nature et le vivant pour en faire des alliés plutôt que de les combattre. A « Emile Grelier » la biodiversité n’est pas un vain mot.


Benoît Vinet au coeur des vignes avec sa stagiaire Lisa Rocherieu Rodriguez qu'il accueille en woofing

D’abord, parce qu’ici, quelques 400 arbres ont été plantés au cœur de la vigne, et des haies autour, parce que l’on ne laboure pas mais cultive, entre rangs, un couvert végétal que l’on travaille en surface avec des semis réguliers; parce qu’on a creusé deux petites mares, parce que les chauves-souris sont invitées, dans les nichoirs qu’on leur a installés, à être des auxiliaires du viticulteur dans la lutte contre les papillons et le ver de la grappe, parce que le hérisson et les chouettes chevêches relâchés et hébergés vont jouer les prédateurs d’insectes, des petits rongeurs et autres limaces…

Les Vinet ont eu l’habileté de se faire accompagner, entre autres, ici, par la LPO ou Cistude Nature, en étant le premier vignoble français à avoir signé une charte de la biodiversité de proximité. Et de rechercher de nombreux partenariats qui, outre l’apport d’informations et de notoriété qui en découlent, en font une manière de laboratoire pour des organismes qui cherchent, dans le cadre du plan « Vitiforest », à évaluer la pertinence des systèmes agro-forestiers, en milieu viticole. Et leur valent aussi d’être lauréats de la Fondation pour une Agriculture Durable ou du Concours national « Arbres d’Avenir » pour l’agroforesterie.

N’allons pas croire, pour autant, que les façons culturales, en usage au cœur de la vigne elle-même, participeraient d’une révolution permanente, suscitant dans les vignobles alentour quelques regards condescendants. Benoît Vinet et son épouse ont eu, d’emblée, l’ambition de créer un vin de qualité: choix exclusif du cépage merlot porté par des portes-greffe adaptés à la nature des sols, très forte densité à 6600 pieds à l’hectare, taille en « cordon de Royat » jugée plus qualitative que la taille Guyot et qui offre, en effet à l’oeil, en ces jours d’été très favorables à leur croissance, de jolies grappes, plus petites et bien étalées. Celles-ci, conjuguées avec un palissage élevé, c’est à dire un feuillage abondant et maintenu, par refus du traditionnel rognage de la cime des rameaux, au profit d’un tressage manuel, permettent selon notre viticuteur des maturités optimales. La jeune Lisa qui vient de décrocher son BTS d’oenologie et a fait ses gammes, en stage au Domaine de Grelier, sait ce qu’il en est et s’y adonne avec entrain…

Et le vin naturellement bio dans tout cela? Il est pour l’essentiel vinifié au sein de la Cave coopérative de Tutiac dont le vignoble est adhérent ce qui, d’emblée l’a dispensé, d’un investissement trop lourd. Evidemment comme, pour d’autres, les Vinet ont la faculté de récupérer une partie de leur Bordeaux Supérieur.

La nature reprend ses droits dans la vigne du domaine de Grelier à Lapouyade. L'herbe n'est pas tondue, des arbres sont plantés sur les rangs... des techniques de l'agroforesterie qui s'appliquent à la viticulture

Ne croyons pas non plus que l’engagement revendiqué par Delphine et Benoît Vinet, et soutenu par nombre d’organismes, parmi lesquels on compte aussi l’INRA de Dijon ou l’IFV, les dispensent de faire œuvre de pédagogie heureuse. C’est tout le contraire. Et va ! Chaque deuxième dimanche du mois pour les « Dimanches découverte », pour l’accueil des jeunes scolaires, l’été, en chantier nature, pour la participation à divers événements nationaux, de la Semaine des alternatives aux pesticides … à la Nuit des chauves-souris.

La Possiblerie: un nouveau défi

Cette volonté d’inscrire leur parcours professionnel dans le courant des idées et des valeurs de partage propres à l’agroforesterie a poussé les Vinet à se lancer un nouveau défi. Mais, cette fois, ils commencent à le relever au sein du groupe des 106… 106 ?…le nombre des membres de la Société civile créée pour l’occasion, un collectif qui a racheté une propriété à « la Bardonne » de 12 hectares dont 7 en vigne, loués à Benoît avec un chai attenant à une belle maison paysanne de Gironde. Le lieu, plus qu’un nom, « La Possiblerie », a l’ambition d’être une philosophie, selon le mot de Delphine « l’expression d’un collectif engagé pour la construction d’un espace paysan collaboratif en faveur du changement ». « Les Amis de la Possiblerie » ont retardé quelque peu leur Assemblée générale prévue en avril pour cause de covid mais, déjà, Jérôme un ami brasseur vient d’y commencer une activité et accueille le visiteur dans son atelier avec empressement. D’autres locations doivent suivre, en particulier pour du maraîchage sur les quelques 4 hectares de terres nues de la propriété.

Benoît, de son côté, dans le chai de la Bardonne s’est fait le plaisir évident de vinifier deux petites cuvées, l’une « le rosé de Lisa » de 20019, un « Vin de France » … et de la Possiblerie dont le nom est un joli hommage à notre jeune diplômée d’oenologie et un Bordeaux Supérieur Rouge » qui, l’un et l’autre, dans le rapport qualité-prix son tout à fait recommandables.

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