Assises de l’Origine, entre traditions et innovations


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/05/2017 PAR Solène MÉRIC

Au fil des interventions de la matinée, entre professionnels, chercheurs et politiques, dont Simona Caselli, Ministre de l’Agriculture d’Emilie-Romagne, c’est la temporalité, qui ressort comme une des notions clefs de ces échanges. En effet, entre des SIQO qui s’appuient dans le temps long, sur des cahiers des charges constitutifs de la stabilisations des modes de production, et des contraintes extérieures nouvelles pouvant déstabiliser ce qui est prévue dans les réglementations, la conciliation n’est pas toujours chose évidente. D’autant qu’à ces deux rythmes parallèles, un troisième temps est à prendre en compte : le temps administratif de la validation des cahiers des charges (entre 15 à 20 ans) et de leur modification. Quand le mariage entre SIQO et innovations est envisagé pour mieux répondre à des questions telles que la protection de l’environnement, les crises sanitaires ou encore « simplement » une meilleure adaptation au marché face à la concurrence, ce n’est donc pas sans une certaine anticipation, ou à tout le moins réactivité, que les choses doivent -devraient- être mises en place.
C’est en tout cas dans ce sens que s’est exprimé Dominique Forget, de l’INRA Bordeaux, encourageant les ODG viticoles, à réfléchir dès aujourd’hui à l’ouverture des cahiers des charges aux cépages résistants à l’oïdium et au mildiou. Des cépages sur lesquelles les recherches avancent à bon pas grâce à des travaux conduits depuis déjà plusieurs années. Le chercheur de l’INRA a ainsi expliqué que l’incorporation d’un pourcentage réduit (4% des volumes) de ces nouveaux cépages ne génère pas d’incidence sur les qualités gustatives du vin… mais permettrait par exemple en bordure de parcelle ou à proximité de zones dite sensibles (écoles par exemple) de diminuer le nombre de traitements annuels d’une quinzaine à seulement deux.

« Pour l’heure, on fonctionne avec des dérogations temporaires » Chantal Brèthes, présidente de la PALSO, dont la filière des palmipède à foie gras fait face à la double crise sanitaire, exprime aussi ce double impératif d’urgence à réagir, tout en ne sacrifiant rien à la tradition. Si elle rappelle que sur des aspects techniques, dont les logements et le bien-être des animaux, le cahier des charges a déjà su évoluer, sur le sanitaire, c’est une certaine prudence voire un questionnement qu’elle exprime. « Pour l’heure, on fonctionne avec des dérogations temporaires. Pour ce qui sera du définitif, c’est plus compliqué tant qu’on n’a pas de visibilité sur la réglementation qui être prise. Quoiqu’il en soit, il faut arriver à protéger les animaux dans ces périodes. On parle de mise à l’abri des animaux, de l’alimentation, j’espère qu’on n’ira pas jusque-là mais qu’on trouvera une innovation pour nous protéger sur ces périodes pour être plus réactif ou d’avantage dans l’anticipation face à ce type de virus. »
Des innovations techniques que l’AOP du Parmigiano Reggiano a également su intégrer dans son cahier des charges avec pour seul critère final de leur intégration ou de leur refus « la qualité sensorielle du produit », explique Fabrice Gour, chargé de promotion de l’AOP en France. Ont ainsi par exemple été inclus, la climatisation des caves d’affinage ou encore la mise en place de plus large bac d’écrémage ou le contrôle électronique de température.
Mais l’innovation, parfois, est aussi dans les esprits. C’est ce dont a témoigné Gérard Delcoustal, le Président de l’Organisme de Défense et de Gestion du Pruneau d’Agen. Ici l’innovation s’est faite dans le choix d’intégrer dans le cahier des charges une distinction dans l’utilisation des calibres des fruits, en intégrant l’utilisation industrielle des produits. Celle-ci est désormais permise pour les petits calibres de fruits, qui sont du même coup sortis de la commercialisation des Pruneaux d’Agen IGP, tout en permettant d’afficher les SIQO « Purneaux d’Agen » sur la vente de yaourts, fars, ou autres produits transformés.

INAO et démarche agro-écologieMais cette question de l’intégration de l’innovation par l’évolution des cahiers, n’est pas qu’à la seule initiative ascendante des filières et des métiers vers l’INAO, gendarme du respect des cahiers des charges de qualité. En effet, l’Institut National des Appellations d’Origine, entre lui aussi dans une démarche de prise en compte de l’agro-écologie, innovation s’il en est, du point de vue de l’impact environnemental des productions. Selon, Bernard Angelras, Président de la Commission Environnement de l’INAO et Président de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), ces mesures, pré-établi par l’INAO, seront ainsi plus facilement intégrées aux cahiers des charges des ODG en faisant la demande. Si pour l’heure la démarche est achevée concernant les ODG viticoles, chacune des filières représentées à l’INAO, va pouvoir bénéficier d’une telle démarche. A elles ensuite de s’en saisr ou pas. Les réunions se poursuivent filière par filière dès le début du mois de juin.

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