Attirer les jeunes vers le métier de berger par l’innovation territoriale


Claude-Hélène Yvard
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 14/05/2018 PAR Claude-Hélène Yvard

Chaque année, 250 nouveaux éleveurs ovins s’installent en Nouvelle-Aquitaine, alors qu’il existe un millier d’opportunités. Le renouvellement des générations ne se fait pas. Et pour la filière, comme dans tout le secteur agricole, c’est devenu la priorité numéro un. Depuis trois ans, Tech-ovins, le rendez vous professionnel organisé tous les deux ans à Bellac (87) s’est marié avec Aquitanima, le salon régional de l’agriculture. Et c’est tout naturellement que ce lundi 14 mai, une journée était consacrée aux ovins avec une table ronde sur le thème : « s’installer c’est possible ». En Nouvelle-Aquitaine, la filière ovine, c’est 5500 éleveurs de plus de 50 brebis, soit 1, 5 million de brebis. Le cheptel régional représente 26 % du troupeau ovin français. La production laitière représente 40 % de la production, avec la fabrication de fromages, principalement en Pyrénées-Atlantiques et en Poitou-Charentes, et 60 % concerne la production viande.

Partage d’expériences

Ce lundi, des cédants et des porteurs de projets ont témoigné de transmissions réussies ou de leurs projets de vie. Le berger fait partie souvent des images d’Epinal de nos sociétés citadines et pourtant le métier d’éleveur recouvre bien d’autres réalités : environnementales car ils sont acteurs de l’aménagement du territoire et économiques. Plus de la moitié des éleveurs partiront à la retraite dans moins de dix ans. En Nouvelle-Aquitaine, cinq territoires (Haut Béarn, la Montagne basque, le Périgord noir , le Haut Limousin et la Vienne) mènent des initiatives territoriales depuis trois ans : exemple, en Dordogne, c’est une bergerie créée par une communauté de communes  qui a permis l’installation d’un couple de jeunes éleveurs, dans les Pyrénées-Atlantiques, les responsables de la Chambre d’agriculture travaillent avec les cédants par des entretiens individualisés pour accompagner au mieux la transmission de l’exploitation, qui se fait désormais pour moitié en hors cadre familial, en Limousin, on accompagne les porteurs de projets à investir et à s’insérer le territoire et dans la Vienne, on travaille sur la valorisation des produits. Ces initiatives souvent innovantes ont donné lieu à des échanges, des rencontres sur le terrain à un partage d’expériences qui ont permis de créer cinq fiches pratiques.
Ce lundi, Maryse Cochet, élue à la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne, est venue témoigner de la transmission de sa ferme, dans le secteur de Bellac. « J’avais 95 ha et 550 brebis. Nous avons mis deux années à préparer la transmission. Un jeune voisin originaire des Pays de Galles, vivant en France depuis plusieurs années, était intéressé par notre ferme et la production ovine. Cela a débuté par des remplacements sur ma ferme, petit à petit, un lien de confiance s’est établi entre nous. Il vivait en France depuis plusieurs années, et était parfaitement intégré. Il s’est installé avec sa compagne anglaise et aujourd’hui tout va bien pour eux. Ils ont des projets d’agrandissements. Pour que l’affaire se fasse, nous avons accepté un étalement du paiement de l’acquisition du foncier et des bâtiments sur plusieurs années. Le plus important, dans un dossier de transmission, c’est la rencontre entre le porteur de projet et le cédant. Entre les deux, doit naître une relation de confiance et pour le repreneur, le projet doit correspondre à ses souhaits. »

Détermination

A 47 ans, Géraldine Lucas, souhaite se reconvertir en tant qu’agricultrice. « Actuellement, je partage mon temps entre Andernos et le Pays-Basque. Mon rêve serait d’avoir une petite exploitation d’une centaine de brebis sur 40 ou 50 ha dont je transformerai le lait pour la fabrication de fromages. Je termine actuellement ma formation et je fais également des remplacements pour me faire connaître. Déterminée et volontaire, Géraldine Lucas a aussi contacté le maire de sa commune girondine pour savoir si son projet agricole serait viable et envisageale. « Il y aurait peut être une possibilité mais puis-je réellement m’installer sans être propriétaire du foncier? Souvent l’accès au foncier, est le frein majeur. Je suis venue à cette journée avec des questions précises, et pour rencontrer des responsables agricoles. » Elle s’est promis de regarder attentivement le petit livret qu’on lui a remis répertoriant des exploitations à reprendre en Nouvelle-Aquitaine. Il y en existe dans les Pyrénées-Atlantiques. Aujourd’hui, c’est une filière entière qui se mobilise pour relancer la production. A l’échelle mondiale la production ovine régresse alors que la demande est toujours croissante.

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