Au Pays basque, élus, Safer et EPFL s’associent pour défendre les terres agricoles


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 23/02/2017 PAR Julie Ducourau

@qui !: Comment agit en matière agricole l’EPFL, qu’on connaît surtout pour son implication sur la question du logement ?

HirigoyenRoland Hirigoyen : On a fêté nos dix ans d’existence l’an passé. A l’origine, notre mission a surtout été de faire face à l’urgence logement dans un marché foncier et immobilier tendu, pour constituer des réserves foncières et les préserver de la spéculation. On intervient exclusivement à la demande des collectivités pour leur permettre de réaliser des projets en portant le foncier.
Arnaud Portier : On négocie les terrains à la demande des communes. Finalement, on se comporte un peu comme la Safer (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural, organismes privés aux missions d’intérêt général) : on acquiert avec nos financements les terrains, on devient propriétaires, on endosse les risques et on assure un portage foncier jusqu’à 20 ans pour que la collectivité puisse, elle, réfléchir et mettre en place son projet de maîtrise d’ouvrage et d’intérêt public sur des thématiques de logement le plus souvent, mais aussi donc pour les accompagner sur le foncier agricole. Pour un petit village, une acquisition à 50.000€ peut représenter quasiment son budget global annuel ! On aide à rendre possibles des projets pour garder des exploitations.


@! : Est-ce que vous ne vous marchez pas sur les pieds avec la Safer ?

AP : Avec la Safer, l’histoire dure depuis longtemps, c’est chez eux en Rhône-Alpes que j’ai appris le métier. Dès le début ici en Pays basque, on a compris qu’on avait besoin l’un de l’autre pour se rendre mutuellement service. Pour nous, c’est naturel, mais ce n’est pas le cas partout, certains voient les EPFL comme un outil en concurrence des Safer. Notre collaboration sur le Pays basque est unique, elle est même montrée en exemple au niveau national. Avec le président de la Safer locale Jean-Claude Saint-Jean, on a tout mis sur la table pour travailler ensemble. On a une convention de partenariat et on compte aller plus loin encore en construisant des dispositifs en commun. L’idée serait de constituer un fonds de secours entre la collectivité, la Safer et l’EPFL ; ainsi, par exemple, sur un prix de foncier agricole au-delà du prix du marché, si la Safer qui préempte en révision de prix, est condamnée à payer plus et a du mal à trouver des acquéreurs, on trouverait le moyen de financer ses pertes.
RH : Nous sommes par ailleurs aujourd’hui les seuls à avoir une salariée en commun Safer/EPFL qui nous permet d’avancer et de trouver des solutions quand se posent des problèmes juridiques. L’idée est de faire remonter ces informations jusqu’au législateur pour faire évoluer certains textes et faciliter nos collaborations. Elle travaille aussi à sensibiliser les élus sur la préservation du foncier agricole, notamment en zone péri-urbaine où dissocier la vente de grands terrains et des maisons implantées dessus devient fondamental.


@! : L’engagement des élus sur ces thématiques a été essentielle pour avancer ?

RH : Depuis quatre ou cinq ans, il y a eu une prise de conscience des élus. Aujourd’hui avoir une réflexion sur les projets de développement économique, implique d’avoir une réflexion sur le développement agricole, au même titre que le logement et les zones d’activités. Ce sera d’autant plus vrai dans la nouvelle agglomération Pays basque où notre travail sera facilité par le fait d’avoir un interlocuteur plutôt que 10.
PortierAP : En dehors du littoral, l’activité agricole est l’activité majeure du territoire. Aujourd’hui, il y a une difficulté, voire une incapacité, pour les jeunes agriculteurs à faire des investissements dans l’outil foncier. Les collectivités doivent voir comment elles participent au développement agricole sur leur territoire. Certains sont ainsi prêts, au nom de la commune, à acheter une ferme pour maintenir l’activité agricole sur le territoire. Mais la difficulté vient aussi du fait que le jour où un agriculteur prend sa retraite, il préfère parfois laisser ses terrains à l’abandon ou les faire passer en constructible pour les vendre et améliorer sa retraite… Il faut aussi réussir à lutter contre l’adage « agriculteur à 30 ans, promoteur à 60 ans ! »


@! : Y a-t-il un consensus aujourd’hui sur l’importance d’aider les jeunes à pouvoir créer ou reprendre des exploitations ?

RH : Les élus sont tous d’accord pour préserver les zones agricoles, c’est une vraie évolution. Toute la sensibilisation sur l’alimentaire, les circuits courts, les cantines bios entrent en ligne de compte, c’est dans l’air du temps et ça aide beaucoup à la prise de conscience. La population est aussi très sensible à ça. Reste la question des repreneurs : il y a 100 personnes qui partent à la retraite et peut-être que 20 ou 30 jeunes en capacité de reprendre…
AP : Et pourtant on est un des départements en France qui installent et attirent le plus de jeunes dans l’agriculture. Mais les reprises hors cadre familial, ce n’est pas simple…

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