« Il faut être acteur du futur, pas le subir » : Euralis fait sa révolution


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 07/02/2020 PAR Solène MÉRIC

Ce vendredi matin, trois grands témoins, Anne Delettre, Directrice de rédaction du magazine Culture Agri, Philippe Reulet, responsable Ecophyto à la DRAAF Nouvelle-Aquitaine et enfin le Dr Jean-Pierre Kieffer, Président de l’association OABA (Oeuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs), sont intervenus à l’occasion des tables rondes auxquels participaient des salariés et administrateurs d’Euralis. Une discussion qui a permis de mettre en avant plusieurs pistes du « changement de paradigme » en cours au sein d’Euralis.

Un changement radical, introduit par Christophe Conques, administrateur Euralis, Président de la commission territoriale Sud Aquitaine, qui a souligné la nécessité pour la coopérative, non plus de « produire pour mettre en marché », mais désormais d’aller, à l’inverse, « de la fourchette à la fourche », le tout en continuant de « proposer un modèle agricole viable ».

Et des initiatives en ce sens sont en réalité déjà prises, à l’image de la mise en place d’une filière Label Rouge sur les canards gras destinés à la marque Montfort, la volonté de rapprocher l’adhérent du consommateurs avec le développement qui va bon train de la vente directe via la marque « La table des producteurs », ou encore avec le développement lui aussi marqué des cultures bio au sein de la coopérative à travers désormais 265 agriculteurs certifiés (dont 35 nouveaux en 2018) .

Déploiement de la certification HVE et accompagnement agronomique

« Nous avons pris la décision forte de passer, quelque part, à un autre modèle agricole. On clôt une séquence de 60 ans d’une agriculture qui devait être produite en masse et pas chère, avec 2 pieds principaux : une énergie pas chère, et une chimie pas chère (…) On va passer d’une activité agricole assez simple à une activité agricole beaucoup plus complexe à manager ; avec beaucoup d’innovation, beaucoup de R&D et où il faudra conjuguer tout un tas de savoirs », indique pour sa part Chrisitan Pées.

Et pour cause parmi les ambitions relayées par Christophe Conques, c’est le pôle agricole, pilier central du groupe coopératif, qui va endosser la plus grande part de ce nouveau cap. « La certification HVE va être déployée sur les exploitations adhérentes [et] grâce à la coopérative, il faut que tous entrent dans la démarche, que le progrès soit accessible à tous » . « Il faut que la HVE soit l’agriculture conventionnelle de demain », affirme à son tour Julien Saludas, responsable R&D du pôle agricole.

Une démarche qui se double du choix de la coopérative, guidé par les obligations réglementaires, de séparer la vente des produits phytosanitaires du conseil apporté aux agriculteurs. « On déploie nos forces sur l’accompagnement », indique Christophe Conques. « Ca signifie qu’il faudra orienter différemment ce conseil avec moins de solutions de vente. Un conseil qui nous oblige en terme de compétences et de formations ». L’idée au final est bien « de remettre l’agronomie au centre ».

Un travail là encore déjà initié au sein de la coopérative à travers la mise en place de groupes Dephy et Dephy 30 000 tant sur les productions viticoles que sur le maïs », précise les intervenants. Des groupes d’agriculteurs animés par des agronomes qui donnent ainsi l’occasion d’échanges de bonnes pratiques et d’expérimentations culturales et techniques visant à une moindre utilisation des produits phytosanitaires…

Arrêter la vente de produits, un pari économique risqué

« Mais si on arrête la vente de produits phytosanitaires, ça ne va pas être simple, car c’est une source de marge importante pour nous », prévient alors Christian Pees auprès de ses partenaires, conscient de « la mise en danger volontaire » portée de cette décision. « Il nous faudra d’autres revenus, et ça ne va pas se résoudre dans l’année, ni dans les 2 à 3 ans qui viennent, prévient-il. Il va nous falloir de nombreuses années pour aller au bout de ce nouveau modèle » De quoi appeler à un accompagnement soutenu des partenaires mais aussi de la puissance publique et de la Région qui s’est prononcée pour la diminution drastique de ces produits à moyen terme. « Nous avons absolument besoin que tout le monde prennent sa responsabilité et sortent des discours pour faire ; car nos clients attendent ça. »

Un changement dont le maître mot est d’ailleurs, dit-il, la co-construction. « Communiquer sur notre démarche ça ne suffira pas. Il faut associer. On commence à s’y mettre mais il faut faire ça massivement avec les coopérateurs, les salariés et tout notre environnement. » Dans ce sens d’ailleurs, les échanges ont mis à jour le travail en cours autour d’une charte sur le bien être animal dont la volonté affirmée des administrateurs est qu’elle soit bâtie avec les consommateurs. « Une charte qui va être audacieuse, ambitieuse et qui va encore améliorée nos pratiques ! » pose affirmatif Sébastien Doat, administrateur. Un ton catégorique qui fait écho à « l’état d’esprit extrêmement offensif » du président du groupe coopératif et de l’ensemble de ses forces vives assure-il.


Sur la présentation du bilan de l’exercice lire notre article : Euralis entre transformations subies et nécessaires

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