Chroniques de l’Agronome: Marine étudie le comportement des canards


Opaline Lysiak
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/07/2012 PAR Opaline Lysiak

Voilà quatre mois que Marine Voisin parcourt les Landes, le Gers, la Vendée et les Deux-Sèvres à la rencontre des producteurs de canard. Son objectif : éclaircir le lien entre le comportement des canards et les pratiques d’élevage. Un sujet qui intéresse de nombreuses personnes, car le comportement des canards en gavage a un impact évident sur les conditions de travail, notamment en termes de blessures et de pénibilité du travail pour le gaveur. « Beaucoup de recherches ont été menées sur les relations entre le « nervosisme » et la souche de canards mulards, la plus utilisée pour la production de foie gras. Mais cela fait quelques temps que les gaveurs ont remarqué que selon la provenance des canards, la nervosité varie alors qu’il s’agit de la même souche. Avant d’être gavé, le canard passe trois mois dans un environnement d’élevage qui influence son comportement. J’essaie de comprendre quels en sont les facteurs explicatifs clés », explique la future ingénieur.

Officiellement basée à la Chambre d’Agriculture des Landes, à Mont de Marsan, la jeune femme, originaire de Nîmes, a déjà mené l’enquête auprès de quarante éleveurs, dans des régions ayant des pratiques d’élevage très différentes. « Je leur demande quelle alimentation ils donnent à leurs animaux, quelle est la taille de la bande, je visite les bâtiments et regarde le nombre de mètres linéaires disponible par canard. Je regarde aussi si le bâtiment est proche de la route, car le bruit peut influencer la nervosité des animaux. J’essaye de savoir comment les professionnels se comportent avec leurs canards, comment ils les vaccinent… L’entretien dure en tout deux heures » précise Marine. Elle est étonnée de l’accueil qui lui est réservé. « Quelque soit la région, je suis toujours bien accueillie, alors que je sais que les éleveurs sont très pris ».

Concrètement, après avoir analysé les résultats de l’enquête, Marine devra proposer des pistes pour approfondir les résultats par l’expérimentation en conditions d’élevage. Elle a déjà beaucoup d’idées : « on pourrait par exemple étudier plus en détails l’influence du terroir. On dit que sur un sol sableux, les canards sont plus nerveux. Mais aucune étude ne le prouve ! »

Pas de doute, le sujet intéresse les éleveurs : la présence d’un canard nerveux dans le groupe est un gros problème. Marine précise : « Il monte sur ses congénères, les griffe, les abîme. Pendant le gavage il peut être excessivement agressif avec le gaveur. En fait, même si le passage en logement collectif prend en compte le bien-être animal, il faudrait peut-être accepter quelques logements individuels afin que les canards faibles puissent retrouver leurs forces. Et il serait peut-être plus judicieux de modifier les conditions d’élevage pour que les canards soient moins nerveux lorsqu’ils arrivent à l’étape du gavage ». Un sondage téléphonique auprès de 93 gaveurs a montré que le passage en logement collectif entraînait une plus grande pénibilité du travail, surtout quand les canards sont plus nerveux : ils bougent beaucoup, et il est plus difficile par exemple de différencier, dans le groupe, ceux qui ont déjà été gavés des autres.

« Continuer dans le canard »

Veinarde, Marine passe peu de temps derrière un ordinateur. Le terrain lui plaît, car c’est comme ça qu’elle peut comprendre au mieux le fonctionnement de la filière. « Chaque producteur fait partie d’un groupement où j’aurais peut-être l’occasion de travailler plus tard, pour rester en contact avec le monde professionnel ». Car la jeune femme souhaite bien continuer dans le canard… A Bordeaux Sciences Agro, c’est une semaine de formation consacrée à la filière palmipèdes qui lui a donné envie d’effectuer son stage dans ce secteur. Elle a donc poursuivi avec l’option Elevage et Environnement, et a atterri en plein cœur du Sud-Ouest. « Au début, je voulais partir à l’étranger, et finalement la perspective de rester dans la région ne me déplaît pas du tout ! »

Autant garder les bons éléments au pays, et vu son professionnalisme, Marine en est un.

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