Chroniques de l’Agronome, épisode 4: Gwen au Parc National de la Réunion


Opaline Lysiak
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 10/07/2012 PAR Opaline Lysiak

On détecte une certaine attirance pour les îles chez Gwen, qui après avoir travaillé en Corse pendant 8 ans et repris ses études à Bordeaux Sciences Agro, a choisi un stage au Parc National de la Réunion. « Je voulais savoir si la vie dans un DOM me conviendrait pour plus que de simples vacances. En plus, comme je suis fonctionnaire du Ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, un Parc National est une structure dans laquelle je suis susceptible d’atterrir au cours de ma carrière. J’ai appelé le chef de service avec qui j’ai travaillé en Corse, et il m’a proposé un stage au service « d’appui à l’aménagement et au développement durable » du Parc National ».

Après deux BTS agricoles (Gestion et Protection de la Nature et Productions animales) et 8 années d’expérience professionnelle en Corse, la jeune femme a souhaité développer ses compétences. La logique avec laquelle s’enchaînent les étapes de son parcours est évidente. L’option vers laquelle elle s’est dirigée, Gestion Durable des Territoires Ruraux (GDTR), l’a bien préparée à son idéal professionnel, et donc à son stage. «Mon stage est passionnant, parce qu’au Parc National, tout est à faire dans ce domaine. Le thème correspond parfaitement à l’option GDTR ».

le parc: 75% de l’île

Mais quelle est donc la mission de Gwen ? A quelles compétences doit elle faire appel pour la mener à bien ? Pour le comprendre, quelques éléments de contexte s’imposent. Le Parc National de la Réunion s’étend sur 75% de l’île, dont on fait le tour en quatre heures de voiture. Le Parc est composé d’un cœur de 800 km² où les activités sont très réglementées. L’objectif du cœur est de préserver l’intégrité des milieux naturels et de maintenir un équilibre entre les activités humaines et la protection des paysages et de la biodiversité réunionnaise. Le foncier appartient au domaine public, les gens qui y habitent n’en sont donc pas maîtres ; s’ils ont un projet, ils doivent demander l’autorisation du Parc. Autour du cœur du Parc se trouve ce qu’on appelle « l’aire d’adhésion », secteur qui n’est pas réglementé, mais les communes qui en font partie peuvent adhérer à la Charte du Parc , ce qui leur permet de bénéficier de l’assistance technique et de subventions du Parc national.

Solidarité écologique et paysagère

« Aujourd’hui, « on cherche à mieux lier le cœur du Parc et l’aire d’adhésion pour que les deux zones bénéficient l’une de l’autre » explique Gwen. Auparavant, on souhaitait préserver le cœur et du coup, dans l’aire d’adhésion, tous les projets étaient acceptés pour compenser le fait de ne rien pouvoir développer dans le coeur  ». Gwen travaille sur trois communes appartenant à l’aire d’adhésion. « Je dois mettre en œuvre la Solidarité Écologique et Paysagère dans les activités agricoles. C’est un concept apparu dans la loi de 2006 qui modifie les missions des parcs nationaux et qui redéfinit notamment le lien entre le cœur et l’aire d’adhésion. La Solidarité Ecologique et Paysagère vise à valoriser le fait que la gestion conservatoire du cœur contribue souvent au renforcement ou au maintien des ressources naturelles qui bénéficient à l’aire d’adhésion. Réciproquement, elle met en avant le fait que la proximité d’un riche patrimoine naturel, culturel et paysager protégé améliore la qualité de vie des résidents de l’aire d’adhésion, et représente à ce titre un facteur d’attractivité pour les territoires environnants du coeur. Même si le terme n’y figure pas, la composante socio-économique a bien sûr une place très importante. Après l’énorme incendie d’octobre 2011, qui a détruit plus de 2800 hectares de forêt et de prairies, il fallait absolument accompagner les activités agricoles, principalement l’élevage, pour qu’elles se développent en harmonie avec l’environnement. Le secteur sur lequel Gwen opère est caractérisé par des exploitations de très petite taille (5 hectares), donc nombreuses (environ 300). L’enjeu de gestion est de taille, face à un si grand nombre d’acteurs. Le principal problème étant l’utilisation non conciliée des pâturages naturels par les bovins « divagants » (500 à 1000 individus) qui entraîne des effets négatifs sur l’environnement, notamment sur les espèces sauvages endémiques (difficulté de régénération).

L’art de manier les aides

Concrètement, pour Gwen, il s’agit de proposer au Parc une liste d’actions à mener, organisées dans le temps, et, le plus délicat, trouver les moyens humains et financiers de les mettre en œuvre. Grâce à sa formation, l’art de manier les aides européennes et autres subventions n’a plus de secrets pour Gwen. « J’ai tout de suite vu qu’il y avait un manque de communication entre acteurs institutionnels. Le Parc ne savait pas, par exemple, qu’il pouvait bénéficier de fonds européens. D’autre part, les agriculteurs ne sont pas au courant qu’il existe une Mesure Agro Environnementale (MAE) pour mettre en place des actions visant à limiter l’érosion des terrains en pente. Quand on regarde la foule de randonneurs, une action de long terme est le développement de l’agritourisme dans les bâtiments agricoles existants. Cela éviterait qu’ils se retrouvent tous entassés dans des hôtels 3 étoiles du littoral!

On lui fait confiance : quand Gwen reprendra l’avion fin août, elle aura apporté une sacrée contribution au développement durable du Parc National, pour que ces espaces naturels exceptionnels ne restent pas des sanctuaires interdits à l’Homme.

 



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