Chroniques de l’Agronome: Quentin imagine l’avenir de la vallée de la Vézère


Quentin Laurent
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 25/11/2012 PAR Opaline Lysiak

« Je me plais bien dans le Périgord : c’est bucolique, champêtre, les paysages de la région sont très variés : un patrimoine architectural incroyable, on trouve un château à chaque coin de rue, la gastronomie est réputée… C’est un ensemble de petites choses qui font le charme de cette région ! » explique Quentin. « Malgré tout, mes montagnes béarnaises me manquent. Du coup, comme les sols de Dordogne, calcaires, sont de vrais gruyères – comptez simplement le nombre de grottes et gouffres à visiter – j’occupe mes week-ends en faisant de la spéléologie. A défaut de pouvoir grimper je me suis dit que j’allais descendre ! »

Dessiner des futursAu-delà de l’attrait pour la région, c’est aussi (et heureusement !) la thématique de stage qui attirait particulièrement le jeune homme : élaborer une méthodologie pour que la Chambre d’Agriculture puisse mener des diagnostics territoriaux agricoles. « Tu prends un territoire, tu le regardes sous toutes ses facettes et tu essayes de voir ce qu’il va devenir. Tu dessines des futurs qui ne verront peut-être jamais le jour mais au moins tu les conçois. On croise de nombreuses problématiques : agriculture, paysage, tourisme, urbanisation…avec toutes leurs contradictions». Quentin impressionne par sa capacité à illustrer des concepts complexes avec des phrases simples. Très jeune déjà, il dessinait de grandes cartes et s’amusait à y indiquer le relief, construisait les villages. « En grandissant j’ai vu peu à peu, avec inquiétude, la campagne mitée par ce qu’on appelle couramment les « boîtes à sucre » : ces pavillons modernes, symptômes d’une urbanisation « à l’économie », qui dénature les territoires en les privant de leur identité.

Au travers de sa mission, Quentin met les compétences qu’il a acquises durant sa formation au service d’une cause qu’il défend. Concrètement, Quentin travaille au pôle environnement et territoire de la Chambre d’Agriculture, qui est associée à l’élaboration des documents d’urbanisme. Quentin précise : « elle donne son avis, par exemple pour décider si une parcelle agricole sera conservée ou non ». A l’issue de son stage, Quentin a produit un guide méthodologique qui explique pas à pas comment réaliser un diagnostic agricole de territoire. « J’ai testé ma méthodologie sur la vallée de la Vézère, explique Quentin. Cette rivière traverse le Périgord noir… et est traversée par des enjeux importants et variés : la vallée pourrait être classée grand site de France, un outil pour les territoires qui sentent qu’ils pourraient être victimes de leur attractivité ; il faut fixer des règles au niveau architectural, paysager et touristique. Mais des contraintes nombreuses sont envisagées pour le monde agricole si ce projet aboutit. La Chambre d’Agriculture craint que la vallée soit privée de perspectives de développement agricole». A titre d’exemple, les démarches administratives pour construire un bâtiment en site classé sont très lourdes pour l’exploitant. Ainsi, Quentin a évalué l’impact potentiel du projet de classement sur l’agriculture… mais pas seulement : « il y aura par ricochet un impact sur le tourisme, car le canevas de productions est la source de la diversité des paysages de la région : c’est un facteur primordial d’attractivité ! »

En termes de formation initiale, si l’option Gestion des Espaces Agricoles (GEA) a répondu à ses attentes, Quentin a quelques propositions à faire à son école, Bordeaux Sciences Agro. « Pour la partie environnement, pédologie et paysage, on est impeccablement formés. En revanche, j’ai plus de mal à comprendre les jeux d’acteurs car la maîtrise de ces aspects est rattachée à l’option Gestion Durable des Territoires Ruraux (GDTR) ». En d’autres termes, pour le jeune palois, le bilan est clair : les options GEA et GDTR ont tout à gagner à fusionner.

Pour Quentin, le tourisme ne peut se passer des agriculteurs en vallée de Vézère. Quentin résume les entretiens qu’il a réalisés : « les exploitants ont un rôle essentiel à jouer en mettant en avant la multifonctionnalité de l’agriculture. Ils doivent être accompagnés dans leurs décisions pour faire des aménagements intégrés au paysage. Si l’on met trop de contraintes aux agriculteurs sans les aider, ils disparaîtront, et avec eux les paysages typiques de la vallée. L’accompagnement est essentiel. En respectant ces principes, le progrès se fera… lentement ».

Une vraie missionDepuis, Quentin n’a pas quitté Périgueux. Il poursuit à la Chambre d’Agriculture la mission qu’il avait débutée en stage. La DREAL a missionné la Chambre pour élargir l’étude à l’ensemble du périmètre du projet Grand Site, soit 33 communes et plus de 150 agriculteurs. En plus d’un diagnostic territorial agricole élargit, la Chambre remettra notamment à la DREAL, en février, des données chiffrées sur la santé économique des exploitations et leur capacité à faire face aux surcoûts qui seraient générés par les contraintes paysagères imposées dans le périmètre de projet grand site. Afin de mieux prendre en compte l’activité agricole dans le projet Grand Site, une liste de revendications sera également proposée.

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