Coopération agricole: 2. L’engagement coopératif… de passion et de conviction


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/11/2014 PAR Solène MÉRIC

Avant d’être agriculteur, Pierre Lafargue était passionné de foot, et pas seulement devant son poste de télé. Longtemps sur le terrain, il est aujourd’hui en plus de son métier, éducateur sportif dans le club de foot local. Egalement amateur de musique, c’est dans une banda qu’il exerçait son talent. Quant aux intérêts de sa profession, il croit en l’action syndicale. Bref, l’homme, en plus d’être passionné par son métier, a l’esprit d’équipe et de conviction. Deux valeurs fortes qui expliquent, sans doute, son engagement coopératif; non seulement en tant qu’adhérent, mais aussi en tant qu’élu au sein du groupe Coopératif Maïsadour.

« Coopérateur à 100% »«Les coopératives sont nées du rassemblement des producteurs pour être forts face à la demande. C’était s’unir pour mieux vivre». Un crédo qu’il aime à rappeler et dans lequel il se reconnaît totalement. Et pour cause, il est coopérateur à «100% de sa production», parce que oui, il insiste, «on est plus fort à plusieurs, et ça permet d’assurer une sécurité des débouchés». S’il est un coopérateur convaincu, tout aussi convaincu d’ailleurs que la concurrence avec des indépendants est nécessaire, il y a tout de même, une pointe de regret dans son discours: «l’absence de lien direct avec le consommateur». «J’aurais aimé m’intéresser à la partie commerciale, maîtriser la chaîne de la production d’un bout à l’autre. En tant qu’adhérent à une coopérative, on ne maîtrise pas tout».
Mais le principe de réalité le rattrape vite: «non seulement produire demande du temps, mais il faut aussi gérer l’exploitation avec des contraintes administratives de plus en plus pesantes. Si je veux garder du temps pour ma famille, je n’aurais de toute façon pas le temps d’assurer la commercialisation, c’est un deuxième métier.»

« Agir plutôt que subir »Pour autant, s’il « ne maîtrise pas tout » de sa production, «tout coopérateur a droit à une voix au sein de la coopérative». Et pour lui, qui n’a «pas peur de dire ce qu’il pense», qui préfère «agir plutôt que subir et tenter de résoudre les problèmes plutôt que se borner à les constater», il n’a pu faire autrement que saisir l’opportunité démocratique qu’offre la coopérative : il s’est présenté et a été élu il y a environ 10 ans à la commission Palmipèdes du groupe coopératif. Une commission de section, parmi d’autres, puisqu’il existe une commission pour chaque métier exercé au sein du groupe.
Au total, «un véritable maillage de sections», qui sont en quelque sorte, les cellules démocratiques de base de la coopérative. 128 délégués sont ainsi élus par l’ensemble des 8000 agriculteurs adhérents.
«Dans ces sections qui se réunissent tous les 2 ou 3 mois, sont présents à la fois les coopérateurs élus et des salariés, dont le directeur du secteur, qui présentent les résultats et projets sur l’activité», explique Pierre Lafargue. La coopérative, il le reconnaît volontiers, c’est quand même aussi «un équilibre à trouver entre les agriculteurs et les salariés». Non pas que les uns et les autres soient dans l’opposition, il s’agit bien davantage ici de compréhension mutuelle, pour parvenir à des objectifs partagés.

« Un espace de dialogue et de partage »De ce point de vue, son rôle d’élu, Pierre Lafargue l’envisage comme «un engagement à défendre le métier», sa réalité de terrain, et parfois à émettre «des revendications», pour selon lui, «garder malgré le fort développement du groupe, une agriculture à taille humaine».
Des revendications exprimées en comité de section ou assemblée générale, qui touchent autant à la question des marges des producteurs, le système d’indexation mis en place par la coopérative, la relation de la coopérative avec la grande distribution, les projets de développement des productions de la coopérative, où encore l’occasion de s’intéresser de plus près à ces fameuses attentes du consommateurs… Autant dire des sujets qui peuvent faire dissension dans les échanges. Mais, pour l’élu coopérateur, «la coopérative est un véritable espace de dialogue; on peut toujours discuter, même si on n’est pas d’accord».
De son point de vue, «c’est évident», la dimension démocratique de la coopération, des commissions de section à la Présidence du groupe, en passant par le Conseil d’administration ou le Bureau, est bel et bien une réalité. «Maïsadour, est un groupe qui arrive encore à rester proche de ses adhérents. Même s’il a énormément grossi, on veille à écouter la parole du terrain». Mais, au delà de ça, la coopérative «c’est un lieux de partage» qui peut aussi bien souvent permettre «d’éviter l’isolement de certains agriculteurs». Une proximité, une solidarité et des valeurs humaines, « rugbystiques » dit l’homme du sud ouest, qui pour lui et son quotidien professionnel, ne sont pas que de jolis mots sur des brochures.

Lire aussi : Coopération agricole: 1. Voyages en Aquitaine

A suivre: 3. Installation/diversification/modernisation: la coopérative, une alliée sur la durée

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