Débat « installation » : les besoins de l’agriculture


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 18/05/2018 PAR Anne-Lise Durif et Romain Béteille

Les besoins en agriculteurs sur nos territoires de Nouvelle-Aquitaine ne sont plus un secret depuis longtemps. Ils sont un peu plus de 17500 sur la région à être âgé aujourd’hui d’au-moins 57 ans, qu’il faudra remplacer dans les cinq à dix prochaines années. De l’autre côté, les installations ne progressent pas aussi rapidement que les départs, mais les envies d’agriculture du côté de potentiels repreneurs est bien présente. En atteste les 3051 entretiens menés par le Point Accueil Installation (PAT) auprès de candidats à l’installation en 2017. Avec une demande de plus en plus importante de la part de prétendants non issus du milieu agricole : ils représentent aujourd’hui 53% des aspirants à l’installation, alors qu’il n’était que 25% il y a dix ans. Un état de fait s’impose : « Il faut que les agriculteurs acceptent les repreneurs qui ne sont pas forcément issus du milieu », incite Geneviève Barrat, éleveuse de canard et vice-présidente du conseil régional en charge de la ruralité.

Interview journée installation-transmission from Aquipresse on Vimeo.

Les moyens pour faciliter l’installation

Pour faciliter l’installation, les solutions ne manquent pas : la transmission via l’installation progressive, par des stages-parrainage, le salariat ou encore l’association. Mais elles ne fonctionnent pas sans volonté. « Avec les années, j’observe qu’il y a des transmissions subies et des transmissions voulues. Les transmissions réussies sont le plus souvent voulues, à condition de savoir les accompagner », observe Jean-Michel Clément, député de la Vienne issu du milieu agricole. « Il faut avoir à l’esprit le temps de la transmission. Il se décline à mon sens en trois étapes : transmission du savoir, transmission du pouvoir, puis transmission de la propriété ». 

Jean-Michel Clément, député de la Vienne from Aquipresse on Vimeo.

L’installation progressive semble une bonne solution à condition de développer une vraie politique d’accueil du candidat à l’installation à travers par exemple une sorte de guichet unique qui regrouperait tous les dispositifs et les outils pour les accompagner. Dans l’idéal, ce guichet devrait également apporter des solutions à des problématiques connexes à l’installation : trouver un logement (car les exploitations ne sont pas toujours transmises avec l’habitation), un travail pour le conjoint non agriculteur, bref, favoriser le développement de la vie personnelle. Car un agriculteur heureux est un agriculteur bien implanté dans sa vie professionnelle comme personnelle. Pour la SAFER, il est également indispensable de prendre en compte l’origine du candidat, le modèle d’agriculture auquel il est prêt à s’adapter, tout en orientant sa formation de façon à ce que son projet s’inscrive dans l’identité du territoire.

La coopération, être plus fort à plusieurs

Autre solution pour faciliter la vie des nouveaux arrivants : adhérer à une coopérative. Chaque filière en propose, avec des spécificités très différentes les unes des autres, et un effectif tout aussi variable. Elles présentent plusieurs avantages. La plupart d’entre elles proposent un accompagnement financier à l’installation, une formation en interne sur la spécialité concernée et permet d’accéder à des débouchés financiers auxquels l’agriculteur ne peut pas accéder seul, tout en restant en petite ou moyenne exploitation. « L’organisme coopératif permet de rassembler, trier et de fournir des lots de qualité et de quantité stables à ses différents clients tout au long de l’année, tout en garantissant un revenu à ses adhérents », explique Luc Servant, président de la Chambre d’Agriculture de Charente-Maritime et président de l’Entente des coopératives agricoles. Autres avantages : selon ses moyens, la coopérative permet d’accéder à des outils communs ou à des unités de transformation par exemple. Et bien évidemment, les prises de décisions se font collectivement.

Témoignage journée installation-transmission : Clément Bozec from Aquipresse on Vimeo.

La jeune génération, jugée très individualiste par les plus anciens à une époque où la survie se joue pourtant sur la collaboration, semble pourtant peu goûter le concept de la coopérative. Luc Servant admet qu’ils ne se retrouvent pas toujours dans les modes de fonctionnement actuels : « J’incite les jeunes à oser dire quand ils ne sont pas d’accord, pour faire évoluer nos coopératives, plutôt que de prendre l’option d’en partir. Ca ne sert personne et surtout pas eux car ils se retrouvent seuls au final, et il n’est pas rare qu’ils finissent par revenir après avoir tenté l’expérience en solo.»

Parmi les dispositifs déjà en place mais encore à développer, à améliorer et à étendre, le système de portage foncier comme en proposait ces dernières années la SAFER d’Aquitaine. Pour faciliter la transmission, la SAFER sert d’intermédiaire entre le cédant et le repreneur, sans passer par la case banque. Le repreneur donne chaque mois un fermage, dont le reliquat est capitalisé sur dix ans, puis réinvestit. De telles solutions permettent d’éviter au repreneur de s’endetter lourdement, tout en assurant la retraite du cédant.  

Jean-Pierre Vaujour, agriculteur à Objat from Aquipresse on Vimeo.

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