Devenir éleveur comme Vincent : un défi complexe


Lucy Moreau
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/05/2014 PAR Lucy Moreau

Parmi ces jeunes, Vincent Learrue, 19 ans, lycéen en bac professionnel CGEA (Conduite et gestion d’une exploitation agricole). « J’ai toujours voulu être éleveur, c’est une passion » introduit Vincent avec conviction. Si certains font ce bac pro pour accéder ensuite à une carrière militaire nécessitant un diplôme, d’autres comme Vincent sont tombés dedans quand ils étaient petits…  « Mon père est exploitant agricole, il cultive des vignes et des céréales; alors l’agriculture, je connais ça depuis toujours. »

Une passion : l’animal Vincent aime les bêtes et les respecte, « C’est la passion des animaux qui m’anime et cette passion passe avant toute chose » dans sa vie d’adolescent. Petit à petit l’oiseau fait son nid dit le dicton, Vincent lui fait son cheptel. « Je suis en train de me constituer un troupeau de brebis. Il y a trois ans, j’en avais deux, aujourd’hui j’en ai 25 et j’aimerai à terme en avoir 300, plus 20 ou 30 vaches !» dit-il avec ferveur. Son exploitation, Vincent l’imagine déjà très précisément jusqu’aux plus fins détails : « j’élèverai  des veaux sous la mère, et des vaches bazadaises que je vendrai en direct, en circuit court, pour valoriser ma viande » affirme Vincent.

Agriculteur : un luxeSi son imagination est débordante, son portefeuille lui est plutôt maigre. Jean-Michel Anxolabehere, président de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques  conçoit que « s’installer sur une exploitation aujourd’hui nécessite un accès à la terre, un troupeau, mais aussi des outils d’élevage… Tout cela constitue quelque chose de très lourd sur le plan financier. » Vincent est lucide, et sait très bien ce qui l’attend à la fin de ses études…« Après mon bac professionnel, je ne pourrais pas m’installer, je vais devoir travailler quelques années… »  Conducteur de batteuse, ou aide des copains agriculteurs, Vincent s’y est clairement préparé.

Fils de… Comme le souligne Jean Michel Anxolabehere, les agriculteurs en herbe ne sont en plus  pas sur le même piédestal… « C’est d’autant plus compliqué pour quelqu’un qui n’a pas d’antécédents familiaux en agriculture. » Heureusement, Vincent, lui,  a son père installé dans le métier d’exploitant agricole. « Mon père est derrière moi, il va pouvoir un peu m’aider à me lancer. » déclare-t-il.  Mais même avec ce coup de pouce,  « pendant les cinq à dix premières années, je sais pertinemment que ce n’est pas avec mon exploitation que je vais vivre » avoue-t-il amèrement.

Solution miracle ? Selon Jean Michel Anxolabehere, il existe tout de même des solutions pour rendre ces orientations peu « difficiles ». La première d’après lui est de faire le bon choix dans l’élevage. « Dans l’accès au métier, l’une des filières les plus accessibles reste la filière ovine. Elle nécessite un cycle de production deux fois moins long que la bovine, un investissement moindre, et offre un retour sur l’investissement rapide. » La deuxième solution qu’il estime primordiale dans ce métier est la professionnalisation. « On ne s’improvise pas éleveur ! » avance t’il. Pour finir, il dit croire en « la valorisation des produits ». Si ces critères sont respectés, selon lui, le marché ne peut être que « porteur de débouchés de plus en plus intéressantes ».

Vincent, depuis qu’il a participé aux ovinpiades veut se spécialiser en mouton. Il s’est professionnalisé en passant un bac professionnel agricole. Et pour finir, veut s’installer en Gironde pour valoriser ses produits certifiés bazadais… Les trois critères étant respectés, Vincent  concrétisera-t-il son imagination, ou son rêve prendra-t-il la clef des champs… ? Espérons qu’il revienne un jour à ses moutons. 

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