Elevage porcin : quand le portage foncier facilite la pérennisation de la filière


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/02/2015 PAR Solène MÉRIC

«L’élevage porcin, c’est un métier à hauts risques qui demande beaucoup d’investissements personnel et financier par rapport à d’autres élevages», analyse Bernard Dupont. Des raisons qui expliquent sans doute le faible nombre d’installations dans la filière. Pourtant, l’enjeu est d’importance, «il en va des volumes de productions et donc à terme, de la sauvegarde des IGP Jambon de Bayonne et Porcs du Sud ouest», souligne le Président de la filière. Et c’est bien dans cette logique, qu’à son départ à la retraite, Bernard Dupont, s’est fait la promesse de ne vendre son exploitation et ses terres, 18 ha au total, qu’à celui qui s’engagerait dans un projet d’élevage porcin. Et pas question de séparer les terres des bâtiments ; « il s’agissait de sécuriser l’ensemble », précise-t-il.

Un quasi parcours du combattant

Bernard Dupont, éleveur retraité pas peu fier d'avoir réussi à céder son exploitation porcine à un  jeune hors cadre familial

Après un peu plus de deux ans passés à regarder des bâtiments vides, Bernard Dupont, commence, avec joie, à voir revivre l’exploitation. Celle-ci a en effet, été reprise fin 2014 par Paul Castetbieilh, jusque-là salarié agricole spécialisé dans le porc, tenté par l’aventure de l’installation et l’entrepreneuriat. « Un jeune homme plein de dynamisme et à l’esprit enthousiaste», se félicite l’ancien propriétaire des lieux.
Et en effet, de l’enthousiasme, il en aura fallu à Paul Castetbieilh. Celui-ci le reconnaît volontiers, sans apport financier conséquent, il a eu bien du mal à convaincre les banques de la viabilité de son projet. Plus qu’un projet, un quasi parcours du combattant, qu’il parvient finalement à réaliser sur deux sites. L’un à Malaussanne, sur l’ancienne exploitation de Bernard Dupont, l’autre à Puyol-Cazalet dans les Landes, avec un associé « qui lui, avait la confiance des banques », précise le jeune éleveur. Sur le site béarnais, Paul s’occupe de l’insémination des truies, des naissances et de l’élevage des porcelets qui partent ensuite sur le site landais pour leur engraissement, « jusqu’à 200kg et sans OGM » insiste-t-il.

Rassurer les banques et faciliter l’achatSi son projet a pu finalement se réaliser, c’est notamment grâce à la Safer, qui par le mécanisme du portage et en association avec le Conseil régional d’Aquitaine, a pu rassurer les banques et faciliter l’achat de l’exploitation béarnaise. Un dispositif, suggéré par Bernard Dupont, qui avait connaissance de son existence de par ses engagements professionnels.
«M. Dupont a pris contact avec la Safer au printemps 2014. Il était déjà en contact avec son repreneur, se rappelle Claire Oxarango, conseillère foncier Safer sur le Béarn. L’avantage de ce dispositif, qui ne s’adresse qu’aux jeunes installés hors cadre familial, c’est que le candidat à l’installation n’achète en direct que les bâtiments. Le reste des terres est acheté et stocké par la Safer, pendant un maximum de 10 ans. L’achat des terres par le nouvel installé intervient donc uniquement au bout de ce délai, ce qui rend la chose beaucoup plus souple pour lui. C’est d’autant plus vrai sur l’élevage porcin où les investissements sont très importants. En outre, le Conseil régional prend en charge les taux l’intérêt.»

Les bâtiments de l'exploitation porcine entourées des terres de l'exploitation stockées par la SAFER dans le cadre du  portage

« L’amour du métier et la motivation »Un dispositif « très simple » confirme Paul Castetbieilh : « pendant 9 ans je paie l’élevage à la banque et je loue les terres à la Safer, et dans dix ans je paie les terres, moins les loyers déjà versés.» Si au départ, la perspective de devoir acquérir les terres ne l’enthousiasmait pas beaucoup, son point de vue a évolué au fil de la construction de son projet. « Les voisins étant à bonne distance, ça me permettra d’étendre le lisier sans gêner personne et de produire sur place une partie de la nourriture pour les animaux, même si c’est relativement peu par rapport au besoin », admet-il. Autre avantage à plus long terme, « si les bâtiments venaient à se dégrader, la terre permet de garder une valeur sûre à l’ensemble ».

Maintenant que les premières truies achetées par l’éleveur ont été inséminées, Paul attend les premiers porcelets pour le mois d’avril. Pour l’heure, c’est avec «l’amour du métier et la motivation de faire ce qu’on aime», qu’il a pris possession de son exploitation depuis le mois de novembre 2014, en s’attaquant à quelques travaux d’adaptation nécessaires sur les bâtiments d’élevage. En effet, d’ici deux ans, avec une prévision de 200 truies, ce sont quelques 5 000 porcelets qui habiteront les lieux.

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