En Dordogne, la lutte contre la tuberculose bovine se poursuit


Claude-Hélène Yvard
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/03/2019 PAR Claude-Hélène Yvard

Depuis quinze ans, la Dordogne connaît une recrudescence de cas de tuberculose bovine. De nombreuses mesures de luttes sont mises en place dans les cheptels bovins sans que le nombre de foyers ne régresse significativement. Depuis le 1er janvier, dix cas de tuberculose bovine ont été confirmés et pour troie autres cas, il s’agit de suspicion et des analyses sont en cours. C’est moins que l’an dernier à la même période, mais la Dordogne occupe la deuxième place du podium national, derrière les Pyrénées -Atlantiques.
Depuis janvier 2017, la Dordogne, classée en zone 3 de surveillance, (le plus élevé) a pris des mesures pour lutter contre la maladie. Depuis 2018, les services de l’état ont instauré un plan d’action départemental : il repose sur une détection plus efficace, notamment une prophylaxie réalisée sur des animaux plus jeunes, de 18 mois au lieu de 24 mois, mais pas seulement. C’est le seul département à adopter cette pratique à cet âge. La prévention a considérablement été renforcée, notamment par la mise en place des mesures de bio sécurité : protection des batiments, clôtures, protection des points d’eau et des abreuvoirs, modification dans les pratiques d’élevage. « Il est indispensable que deux cheptels voisins ne se rencontrent pas, la double clôture est obligatoire, le partage de points d’eau est interdit, le pâturage alterné peut être instauré entre voisins. Autre point à évoquer un assainissement  rigoureux avec des mesures de maîtrise du risque de diffusion de la maladie, »  souligne Franck Martin, chef de service Santé et Protections Animales à la DDCSPP de la Dordogne.. 

 Un travail a également été engagé  sur la faune sauvage, avec plusieurs partenaires dont la fédération de chasse, les associations de piègeurs et l’association de lieutenants de louveterie. Les mesures ont pour but de limiter les risques de diffusion aux espèces sauvages en optimisant les pratiques de chasse, en évitant les facteurs de regroupement des animaux et en diminuant les densités des populations, mais également d’identifier les risques de diffusion hors des zones reconnues infectées, d’assurer une surveillance au sein des élevages. 

Le  plan d'actions départemental de lutte contre la tuberculose bovine repose sur une détection plus efficace Victime deux fois

Mardi, Frédéric Périssat le préfet de la Dordogne accompagné des services de l’état a rendu visite à Joël Faure, naisseur-engraisseur de bovins viande de race limousine. Président d’Elvéa Périgord, une association d’éleveurs, il a été victime deux fois de la tuberculose bovine. Il raconte : « La première fois, c’était en 2005, j’ai subi un abattage total du troupeau, plus de 500 têtes. Sur le plan psychologique, je ne souhaite ça à personne. A l’époque, nous avions de très jeunes veaux, que nous avons du euthanasiés. Sur le plan économique, les conséquences ont été très importantes malgré les indemnisations prévues par les services de l’état. Il faut reconstruire le cheptel, repartir de zéro. L’année suivante, j’ai eu des frais très importants au niveau sanitaire.  En 2012, la deuxième fois, j’ai subi un abattage partiel, précise l’éleveur.
En effet, comme le confirme Frédéric Piron,  directeur de la DDCSPP « en Dordogne, quand les conditions sont réunies et que l’éleveur a pris des mesures de lutte et de prévention contre la maladie, comme c’est le cas ici, on ne pratique plus l’abattage total du cheptel infecté. L’abattage partiel consiste à une demande de dérogation : en Dordogne, actuellement, dans deux tiers des situations, on évite ainsi l’abattage total du troupeau à l’éleveur. »  Joel Faure exploite sur 300 hectares répartis en plusieurs sites, un cheptel de 500 animaux dont 150 mères , de race limousine avec deux ateliers : l’élevage et l’engraissement. Joël Faure est d’abord naisseur et vend ses broutards males, ne conservant que les femelles.  Une partie des génisses sert pour le renouvellement, l’autre partie est engraissée sur l’exploitation. Les broutards sont vendus entre 6 et 8 mois pour l’export, notamment en Espagne, d’où l’importance d’avoir pour l’éleveur un statut indemne pour son cheptel. Joël Faure a pris un certain nombre de mesures de protection, notamment vis à vis des bâtiments, protection des abreuvoirs, clôtures, traitements des effluents. Ce qui l’inquiète le plus, c’est le renard. « Dans le cadre du dispositif Sylvatub, nous avons accentué nos mesures de prévention et de lutte lorsqu’un cas de tuberculose bovine est détecté au sein de la faune sauvage. Des cas ont  été mis en évidence sur des cerfs, des sangliers, des blaireaux et renards à proximité de foyers domestiques, » précise Franck Martin chef de service Santé et Protections Animales à la DDCSPP de la Dordogne. Lors de la visite du préfet, mardi, deux vétérinaires étaient en train de procéder sur l’exploitation de Joël Faure à de nouveaux tests  de dépistage sur une douzaine d’animaux dont les résultats n’avaient pas pu être interprétés précédemment. Un choix responsable voulu par l’éleveur qui ne veut pas revivre une telle situation qui mettrait en péril son exploitation. Lors de sa visite, le préfet estime « qu’une éradication est envisageable d’ici quelques années, dans le département,  à condition que les moyens de lutte et de prévention se fassent de manière concertée avec les diférents partenaires, groupement de défense sanitaire, Fédération de chasse, services de l’état ». Les professionnels de l’élevage espèrent au moins une baisse sensible du nombre de cas. La DDCSPP a demandé une augmentation des plans de chasse, de 30 % sur le grand gibier, pour faire diminuer les densités de populations. 

 

 

 

 

 

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