Entre colère et initiatives, l’environnement au cœur de la rentrée de l’agriculture Aquitaine


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 11/09/2014 PAR Solène MÉRIC

C’est d’abord par un retour sur le bilan de l’année passée que Dominique Graciet a débuté sa conférence de presse. Et le constat est là: en 2013, le revenu agricole est enregistré à la baisse. Une baisse de 22% au niveau national qui touche plus fortement encore l’Aquitaine avec une dégringolade de 66,1% des revenus agricoles entre 2012 et 2013. Outre la baisse des prix des produits, notamment en grandes cultures, et la hausse des entrants, «l’érosion des revenus en Aquitaine s’explique beaucoup par des problèmes liés aux intempéries» analyse Dominique Graciet. Les orages de grêle ont en effet provoqué des pertes de 30 à 40% des volumes des cultures, et, en Gironde, où le revenu annuel moyen a enregistré une chute de 92,6%, c’est la coulure, elle aussi liée à une météo capricieuse, qui a fait le plus de dégâts. En effet, en 2013, la viticulture n’enregistrait qu’une demie-récolte, en comparaison des moyennes annuelles précédentes.

Colère mêlée d’un sentiment injusticeAutre nouvelle désagréable pour Dominique Graciet en cette rentrée 2014: le nouveau périmètre des zones vulnérables aux nitrates, sur lequel «l’Etat refuse d’ouvrir toute discussion», regrette-t-il, en colère. En Aquitaine, ce sont 593 communes qui sont désormais inclues par le zonage (contre 441 précédemment) soit au total entre 11000 et 15000 élevages. Concrètement, le classement en zone vulnérable contraint les exploitants concernés à respecter un calendrier d’épandage plus strict, les obligeant ainsi à stocker le fumier sur des durées longues de 9 à 10 mois, et donc à augmenter leurs capacités de stockage de ce fumier. Des investissements, de l’ordre de 60 à 80 M€, vont donc devoir être faits dans les élevages aquitains, et ce, avant le 1er octobre 2016, date d’échéance de la mise en conformité. «De quoi accélérer la cessation d’activité de nombreux élevages» s’indigne Dominique Graciet.
Une indignation qui s’appuie aussi sur le fait que, selon lui, cet élargissement du zonage «ne se base sur aucune justification scientifique ou agronomique». Bien que l’objectif de cette réglementation nitrate est de diminuer le risque d’eutrophisation des cours d’eau et du littoral, Dominique Graciet soutient quant à lui qu’«il n’a jamais été scientifiquement prouvé que les nitrates sont à l’origine de l’eutrophisation. Aucune étude n’a jamais été faite sur ce phénomène!».
Autre raison de son exaspération: l’Aquitaine, qui est une des régions les plus concernées par l’extension des zones vulnérables, présente un taux de concentration de nitrate dans l’eau de 8,9 mg/l, donc déjà inférieur à la moyenne nationale qui atteint quant à elle les 13,9 mg/l. Une colère mêlée d’un sentiment d’injustice qui pose des rapports plus que tendus entre les agriculteurs et l’Etat et plus particulièrement sa direction régionale de l’environnement. Et Dominique Graciet ne mâche pas ses mots, «la seule raison de cette mesure est politique. C’est un travail de sape du Ministère de l’environnement sans raison environnementale établie!».

« Faire exister la biodiversité »Autre dossier évoqué devant la presse, par Bérengère Gouhier, chargée de mission à la CRAA: la mise en place d’un réseau régional de l’innovation, afin de capter, par une meilleure organisation, de nouveaux budgets au profit de la recherche et de l’innovation agricole. «L’idée est de décloisonner les métiers de la recherche, de l’innovation et de l’expérimentation, ainsi que les filières, afin de parvenir à monter des projets multi-filières innovants au service des exploitations agricoles régionales», explique la jeune femme. Ce réseau animé par un comité de pilotage en cours de constitution devrait ainsi permettre la mise en place d’une méthode de repérage de l’innovation, la diffusion de cette innovation au plus grand nombre, mais aussi, par exemple, un inventaire des besoins issus des exploitations à faire remonter aux chercheurs. Outre la CRAA et le Conseil régional, le comité de pilotage devrait inclure l’Inra, Bordeaux Sciences Agro, Irstea, ou encore Agri Sud-Ouest Innovation. Agriculture de précision ou autonomie protéique et fourragère des élevages pourraient faire partie des premières thématiques traitées par ce réseau.
Enfin, dans un dernier point, Dominique Graciet est revenu sur la mise en place d’un programme d’actions partagé entre agriculteurs, forestiers, apiculteurs et chasseurs afin de «faire exister la biodiversité sur l’ensemble du territoire». L’idée ici est de réaliser un inventaire des pratiques favorables au maintien de la biodiversité, et proposer des politiques en faveur du développement de ces pratiques sur des terrains non productifs, soit «des dizaines de milliers d’hectares», précise Le président de la Chambre Régionale. Parmi elles, notamment, les jachères faunistiques et floristiques, la plantation de haies ou encore le maintien de certaines espèces. Des propositions qui auront vocation à exister dans le cadre de l’Agence régionale de la Biodiversité.

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