Grippe aviaire : Euralis fait face et appelle à l’unité de la filière


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 28/01/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Certes, la grippe aviaire n’a aucune incidence sur la santé humaine, rappelle Christian Pèes, le président d’Euralis. Mais le problème auquel la filière palmipède est confrontée est de taille. Car outre les millions de canards que l’on dénombre en France, il présente par extension une menace pour toutes les volailles.

« Une réponse conséquente et adaptée »Les décisions prises par les pouvoirs publics pour éradiquer le virus sont donc jugées « légitimes ». Tout comme les représentants de la coopérative considèrent que les 130 millions d’euros d’aides prévues par le gouvernement (auxquels viendront s’ajouter 228 millions destinés à soutenir pendant 5 ans les investissements de biosécurité  que la profession devra réaliser) constituent « une réponse conséquente et à peu près adaptée à la crise ».

Dès la semaine prochaine, des réunions vont être organisées avec les producteurs pour les accompagner dans la mise en oeuvre des mesures gouvernementales. Il n’en reste pas moins que le choc provoqué par le vide sanitaire de 4 mois auquel sont contraints les professionnels est rude à encaisser. « Nous sommes encore dans l’attente des conditions d’application du décret portant sur le redémarrage de la filière » dit Christian Pèes. Tout en évoquant « une crise crise sans précédent pour les coopérateurs et les collaborateurs d’Euralis. »

Outre le manque à gagner à prévoir dans divers secteurs d’activité, de l’accouvage à l’atelier d’engraissement, une partie des sites de transformation de canards gras que le groupe coopératif possède dans le sud-ouest risque en effet de voir son rythme de travail être ralenti.

Maubourguet dans l’œil du cycloneCette menace concerne l’abattoir de Maubourguet, qui est situé dans les Hautes-Pyrénées. Près de 300 salariés pourraient y faire l’objet de mesures d’activité partielle. Ce qui amènerait Euralis à compenser le problème en  concentrant sur cette période toutes les actions de formation qu’elle peut mettre en place.

Par contre, aucun transfert de production ne sera opéré entre notre région le site qu’Euralis possède également au sud de Nantes . « Les produits bretons ne remplaceront pas ceux du sud-ouest, qui sont sous IGP ».

« D’autres impacts sont également à prévoir » poursuit-on au sein de la coopérative. Qu’il s’agisse d’une baisse de la consommation locale de céréales pour la production d’alimentation animale, ou encore d’une baisse des ventes de poussins et d’aliments dans les magasins Point Vert.

Plus de sécurité, donc plus d’investissementsUne fois la filière relancée, des investissements (que là aussi, il va falloir chiffrer) seront par ailleurs nécessaires pour renforcer les mesures de biosécurité mises en place sur le terrain.

« Il faudra regarder toutes les méthodes de production dans les élevages et dans nos outils, en s’appuyant sur des expertises ». Les risques de contamination étant fortement liés au transport des animaux, ce vaste chantier sera accompagné d’une réflexion sur les organisations de travail de la filière. « C’est un nouveau modèle, encore plus exigeant, qui va se construire. 

Un impact sur les prixUn coût plus élevé à la production pèsera-t-il à terme sur les prix du foie gras ? Euralis l’admet. D’autant plus que l’offre va connaître cette année une  baisse de 30% dans le sud-ouest. 

Cette nouvelle donne n’est cependant pas considérée comme un risque pour le marché. « Chaque année, il y a en moyenne 1,7 acte d’achat  dans les foyers français, qui dépensent entre 20 et 30 euros pour du foie gras ».

Dans l’hypothèse la plus extrême, une hausse oscillant entre 4 et 6 € par an et par foyer n’aurait qu’un faible impact sur l’acheteur, estime-t-on. « Pour les consommateurs l’impact de la crise sera plus psychologique qu’économique ».

Ce qui n’a pas empêché les pouvoirs publics de demander aux distributeurs de tenir compte de la crise aviaire et de décaler de quelques semaines, jusqu’à la fin mars, la traditionnelle période de négociations engagée sur les prix avec les producteurs.

A l’export, les choses sont  différentes. « Les marchés asiatiques se sont fermés en décembre. Et dans le futur, des pays exportateurs comme la Hongrie et la Bulgarie risquent d’accroître leur concurrence. Mais les produits français ont une qualité qui devrait leur permettre de résister ».

« La filière doit rester unie et solidaire »Quant aux critiques formulées à l’encontre des grosses structures qui profiteraient de la crise pour déstocker, elles sont écartées par un président qui refuse d’entrer dans ce type de polémique. « Nos stocks ne sont pas pléthoriques. Ce sont vraiment des stocks d’outil. Par ailleurs, dans nos magasins, on vend aussi du foie gras de filière courte de producteur ».

«  Je sais le désarroi et l’angoisse qui existent chez les producteurs et je suis prêt à entendre toutes les réactions. Mais il faut mettre un peu de raison dans tout cela. Face à cette crise, il est nécessaire que l’ensemble de la filière reste unie et solidaire pour pouvoir reprendre une activité normale le plus rapidement possible. Ces mesures sanitaires sont très difficiles mais nécessaires pour tous. Il est impératif que la France retrouve le statut indemne d’influenza aviaire ».

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