Agriculture | Grippe aviaire : les éleveurs périgourdins face aux mesures de bio sécurité
19/09/2016 | Après la crise aviaire, les éleveurs reprennent leur activité avec un certain nombre de mesures à instaurer pour éviter de voir le virus réapparaître.

L'activité des éleveurs de canards et d'oies a repris, après la période de vide sanitaire imposée lors de la crise aviaire. Désormais, les producteurs doivent instaurer un plan de biosécurité, pour éviter de voir le virus réapparaître. Parmi les nouvelles règles: sas sanitaires, vêtements différents sur chaque espace de production, désinfection régulière. Les éleveurs peuvent obtenir un délai jusqu'au 1er juillet 2018 pour mettre leur exploitation aux normes. Pour mieux cerner ces nouvelles mesures, la Chambre d'agriculture de la Dordogne organise des visites d'exploitations, le 28 septembre.
"La nouvelle réglementation en matière de bio sécurité doit être largement diffusée et être appliquée par tous. Il faut pour cela que chaque éleveur puisse avoir des réponses précises sur ce qu'il a à faire, comment il doit le faire, que chacun ait la même lecture des textes," indique Jean-Philippe Granger, le président de la Chambre d'agriculture de la Dordogne. Dans le département de la Dordogne, premier département touché par le virus, la crise aviaire a laissé des traces et certains exploitants ne s'en relèveront pas. La filière avicole compte 600 producteurs de volailles grasses dont 300 en vente directe, soit 10 % de l’activité agricole du département. Pour que les éleveurs puissent mieux cerner les mesures de bio sécurité qui doivent être mises en place, six exploitations ouvrent leurs portes aux professionnels, le mercredi 28 septembre.
Parmi ces fermes qui seront ouvertes à leurs collègues, celle de Jean-René Deschamps à Celles (24) au lieu-dit Lafayas. Son exploitation produit chaque année 9 000 canards, 600 oies et une vingtaine d'autruches. Les canetons et oisons arrivent à un jour, sont élevés, gavés, abattus et transformés sur place. 95 % de la production est commercialisée en vente directe, via les marchés, les ventes à la ferme ou le magasin de producteurs, à quelques kilomètres de là. "La crise aviaire a eu des incidences sur notre façon de travailler et la première décision que nous avons prise, c'est l'arrêt des visites grand public à la ferme. Aujourd'hui, la réglementation nous impose de mettre en oeuvre un plan," explique l'éleveur.
30 000 euros à minimaAvec son fils Benjamin, et l'aide des services de la Chambre d'agriculture de la Dordogne, il planche depuis plusieurs semaines sur ces mesures : " Nous avons étudié et revu tous les plans de circulation des flux de production. Nous prévoyons l’installation de neuf sas entre les différents parcs, la création de tunnels et d’abris. Cela implique des changements d’habitude de travail, par exemple au niveau de l'alimentation et du paillage. Pour le paillage, nous allons investir dans une pailleuse. Nous espérons que ce plan sera validé par l'administration." En cas de refus, une nouvelle option, plus onéreuse s'offre à eux : la création d'un deuxième site de production sur une parcelle plus grande et un peu plus éloignée. La ferme a des habitations autour . "On peut l'envisager dans la mesure où Benjamin souhaite s'installer, mais on préférerait en faire l'économie. Cette mise aux normes a un coût : à minima 30 000 euros et encore tous nos espaces de production sont clôturés, estime Jean René Deschamps. Elle est imposée et se traduit par aucun gain de production. Les travaux peuvent être subventionnés par le Conseil régional et/ou le Département, à hauteur de 30 % ou 40 %. Les éleveurs ont jusqu'au 15 novembre pour déposer une demande de dérogation qui accorde un délai jusqu'au 1er juillet 2018 pour réaliser les travaux. "Pour les producteurs qui le souhaitent, nous pouvons proposer une approche plus individuelle par le biais d'un appui technique, précise Dominique Plassard, conseillère spécialisée.
Inscriptions obligatoires pour les visites de fermes : plus d'infos : www.dordogne.chambagri.fr
Par Claude-Hélène Yvard
Crédit Photo : Claude-Hélène Yvard