Installation agricole : « une bonne année » dans les Pyrénées-Atlantiques


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 10/02/2021 PAR Solène MÉRIC

Au total, le département des Pyrénées-Atlantiques a comptabilisé 424 installations en 2020. Parmi elles 239 ont été portées par des jeunes de moins de 40 ans, dont 129 ont pu bénéficier de la DJA, Dotation jeunes agriculteurs, aide publique à l’installation. C’est une petite dizaine de plus que les moyennes des années précédentes. Autant dire donc « une bonne année » selon Iban Pebet, même s’il note en parallèle un léger tassement du nombre d’installations hors cadre familial (à 21%). « Le département reste pour autant sur le podium des départements qui installent le plus dans la région et au niveau national », se satisfait-il au côté du président des JA 64.
Sur les profils de ces jeunes installés aidés, un tiers sont des femmes « un phénomène qui prend de l’ampleur », note encore avec satisfaction le président du COTI. Avec un âge moyen de 29 ans, 38% d’entre eux ont suivis une formation supérieure.

L’élevage pour 83% des jeunes installés
Si la préférence reste au pays basque, qui compte 61 % des installations, c’est plus précisément encore la montagne qui attire avec 66% des installations. Si bien sûr « il y a le cadre », glisse en habitant du pays Iban Pebet, l’installation en zone de montagne permet aussi l’obtention de soutiens supplémentaires.
Sur les projets portés par ces jeunes installés, l’élevage ovin lait, occupe toujours le premier rang. « Ca reste la filière phare du département d’une année à l’autre » commente Sylvain Bordenave. Un élevage principal ovin qui est par ailleurs souvent complété par un atelier bovin viande. S’ils sont 49 à s’être lancés à titre principal dans l’élevage ovin, 19 installations ont quant à elles choisi l’élevage bovin viande en atelier principal et 11 en bovin lait. On compte aussi quelques installations en palmipède ou caprin, avec pour ces derniers l’apparition de nouveaux débouchés en collecte de lait. Au global, l’élevage reste très majoritairement le choix des nouveaux installés, puisqu’il représente 83% des installations du département.
Du côté des installations basées sur les productions végétales, 5 ont choisi le maraîchage ou la production de piment d’Espelette et 4 reposent sur la production viticole.

Parmi les caractéristiques de ce panorama de l’installation 2020, les deux hommes note l’ampleur de plus en plus forte de la transformation et de la commercialisation en vente directe, sans être forcément exclusive. 34% des jeunes envisagent en effet un écoulement des produits reposant à la fois sur le circuit court et les filières longues. Pour ce qui est par contre des exploitations en agriculture biologique, la hausse remarquée depuis plusieurs années semble se stabiliser. « On passe grosso modo de 25 à 20% des installations en agriculture biologique… Il faut peut-être y voir le signe que le marché commence à s’équilibrer…? C’est à voir dans le temps », commentent-ils.

L’intérêt pour le métier grandit
En termes de coûts, un jeune qui s’installe c’est en moyenne un investissement de 240 000€ prévu sur 4 ans. « Mais au-delà de l’activité de production propre à l’exploitation, ce sont des investissements sur la commune, c’est une entreprise qui vient et qui donne une dynamique sur le territoire. Sans compter que le jeune vient avec sa famille, ou en bâtira une, c’est aussi important pour le dynamisme des territoires ruraux », insistent Sylvain Bordenave et Iban Pebet.

Si la dynamique des installations se maintient dans les Pyrénées-Atlantiques, elle pourrait peut-être se voir encore accentuer dans les années à venir. En effet, le PAIT ( Point accueil installation transmission ), point d’information mais aussi porte d’entrée dans le parcours à l’installation, aidée ou non, a vu sa fréquentation augmenter significativement cette année. Environ 380 personnes ont passé sa porte, contre 300 les années précédentes. Parmi ces visiteurs en recherche d’informations « 60% étaient des hors cadre familial », précise Sylvain Bordenave.
Faut-il voir là un effet covid 19 et une volonté de rapprochement à la terre ? La question reste posée… de même que celle de la transformation de cet intérêt pour l’agriculture en installations concrètes. Toujours est-il que l’attrait pour le métier grandit. Une bonne nouvelle pour les responsables, soucieux aussi de la question de la transmission des exploitations. « Une part de ces hors cadre familiaux, peut peut-être demain bien fonctionner avec les exploitations sans suite… », espèrent-ils.
En effet, sur le travail au long cours engagé par la Chambre d’agriculture 64 sur la transmission agricole, le PAIT a reçu 116 futurs cédants quand 37 offres sont déjà inscrites au RDI (Répertoire départs installations). Un répertoire qui recense également 186 candidats (dont 61 inscrits en 2020!), mais faire « matcher » les profils, les projets et les zones géographiques, bref les attentes des uns et des autres, est loin d’être une évidence. Ce travail sur la transmission également engagé au plus près des territoires, à l’image du partenariat en place avec l’Agglomération de Pau, rappelle les responsables.

DJA nouvelle mouture…
Quoiqu’il en soit au-delà de ce panorama de l’installation qu’a permis de dresser le COTI, celui-ci a également été l’occasion de sensibiliser les structures et partenaires de l’installation autour du devenir de la dotation jeunes agriculteurs. Selon Iban Pebet, « il y a un travail à faire pour faire prospérer la DJA ». Et si la question se pose, c’est, explique-t-il, que « la mouture est en train de changer. Les Régions prennent de plus en plus de poids dans la définition de ces aides, et en auront bientôt la compétence. D’ici 2022, il y aura sans doute un nouveau cadre pour cette aide à l’installation. » En lançant les réflexions autour de ce sujet, l’enjeu est de faire en sorte que cette aide reste « intéressante et accessible pour le plus grand nombre de jeunes dont elle permet un accompagnement les 4 premières années de l’installation », rappelle-t-il.

Sur ce sujet, il s’agit de se positionner d’abord au regard des autres départements qui n’ont pas forcément les même attentes, expliquent les deux présidents. « Nous, dans les Pyrénées-Atlantiques, nous souhaitons par exemple garder le zonage des aides. On le voit, la montagne installe beaucoup car il y a des possibilités de soutiens supplémentaires », illustre Iban Pebet. Sylvain Bordenave compète : « Il faut être en capacité de présenter une proposition commune entre les départements pour que la Région puisse se saisir de quelque chose qui est déjà construit, c’est tout l’enjeu ».
Parmi les premiers points d’attention que soulève Iban Pebet, outre le zonage, figurent notamment le souhait que la forme « d’une véritable dotation, d’une enveloppe dédiée à l’installation » soit maintenue, de même que l’inscription de « modulations bonus » (par exemple sur les labels HVE ou Bio) plutôt qu’une liste fermée de critères à cocher pour pouvoir y prétendre. Et pour que la future aide soit la plus accessible possible,« il faut sans doute plus globalement s’interroger sur le profil et les projets des jeunes qui s’installent ou souhaitent s’installer aujourd’hui en agriculture. Sur les 239 jeunes de moins de 40 ans qui se sont installés cette année dans le département, il faut aussi aller voir précisément pourquoi 110 d’entre eux se sont installés sans la DJA », résume-t-il.

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