L’agriculture de la Région ALPC se donne un baromètre d’opinion


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 17/05/2016 PAR La rédaction

Premier constat et non des moindres ; les habitants d’ici, de nos trois régions qui n’en font plus qu’une considèrent, à 84%, que le métier d’agriculteur n’est pas valorisé comme il le devrait, aux yeux de la société. Chiffre à mettre en parallèle avec celui de l’avis des agriculteurs eux-mêmes qui pensent la même chose dans la proportion de trois sur quatre. Les difficultés de l’élevage, le débat sur les marges qui est devenu quasiment publique expliquent pour une part cette perception. Mais il y a plus quand on regarde dans le détail les résultats de ce baromètre : le sentiment populaire d’une manière d’injustice à l’égard d’une profession qui fait partie du patrimoine régional. De son identité propre. Un secteur qui est compris comme essentiel au dynamisme économique (75%) et à celui des territoires ruraux. Et qui offre aux consommateurs une gamme de produits de qualité fortement appréciés, à hauteur de 72%.

La question sensible des risques sanitairesTous ces aspects pour autant positifs soient-ils ne dispensent pas la population des 1.000 habitants qui ont été soumis à la question de faire preuve d’esprit critique et, par voie de conséquence, d’exprimer de nouvelles attentes. On ne sera pas surpris qu’ayant plébiscité les produits de qualité dont faut-il rappeler qu’entre les appellations d’origine, les Indications Géographiques Protégées, les labels – ils sont au nombre de 156 en région ALPC – ils ne sont plus que 63% à estimer que l’agriculture est efficace pour réduire les risques sanitaires tandis que seuls 31% jugent qu’elle l’est pour réduire le recours aux pesticides, contre 58% des agriculteurs dont on sait, en particulier qu’ils vivent comme une contrainte certaines directives, du type nitrate..Ces nouvelles exigences sociétales dont Bertrand Hervieu, ancien président de l’INRA a souligné qu’elles correspondaient à « une judiciarisation qui va aller en s’amplifiant » témoignent d’une vraie aspiration. Voici un défi majeur pour une profession, par ailleurs très estimée, à qui il est demandé de faire plus et mieux pour respecter l’environnement et promouvoir des façons culturales qui apportent de nouvelles réponses face aux risques de pollution. Le politologue Roland Cayrol après avoir insisté sur la considération exceptionnelle dont jouit l’agriculture régionale, partie intégrante de l’ADN de ALPC, n’avait pas manqué de relever ce défi en présence de responsables à l’évidence fort attentifs à ces résultats.

Ce qu’ils en disent …

Françoise Frouin, directrice du Salon de l’agriculture de Bordeaux
La bonne perception qu’ont les habitants de la grande région de la profession agricole n’est pas réellement une surprise. A travers la grande diversité des animaux, et des produits présents au sein des douze départements, il me semble qu’ici plus que dans le reste de la France, les gens ont conservé une plus grande proximité avec le milieu rural. mais dans un même temps, j’ai aussi l’impression qu’une certaine image d’Epinal du métier d’agriculteur perdure. Cette profession reste pourtant porteuse de valeurs. Les attentes sociétales sont fortes, alors que les difficultés des exploitants sont de plus en plus importantes. Quant au Salon de l’agriculture, elle est positive mais je crois que cet événement est à valoriser, notamment auprès des habitants de Poitou Charentes et du Limousin.
Nous devons raconter l’histoire de ce salon aux nouveaux venus.

Anthony, salarié d’une entreprise de Bâtiment, Bordeaux
Pour moi, il est très important de conserver un nombre d’agriculteurs suffisant à l’échelle de notre région.Nous avons la chance d’avoir d’excellents produits dans nos départements. Tout ceci doit être conservé. Par contre, chacun doit avoir conscience des difficultés de plus en plus grandes. C’est un métier difficile. Il y a des similitudes avec le secteur du bâtiment. Ce métier doit être valorisé, pour qu’il gagne en considération. Pour moi, il représente des valeurs de courage. Mais les élus politiques devraient davantage soutenir les agriculteurs.

Jennyfer, mère de famille, employée dans le secteur des services, Métropole
Je ne connais absolument pas le mileu rural, mais les agriculteurs sont très importants à mes yeux. Ce sont eux qui produisent ceux que l’on a dans nos assiettes. Du moins, cela devrait être comme cela. Personnellement, dès que je le peux, j’achète mes légumes et mes fruits sur les marchés. Pour la viande, c’est pareil, j’achète dans une boucherie traditionnelle. Je fais confiance à mon artisan. Par contre, je ne pense pas que j’inciterai mes enfants à choisir cette profession. Il faut beaucoup de courage, de passion, et d’abnégation.

Didier Poireau, technicien auprès de l’organisme de sélection de la race parthenaise, Deux Sèvres
Nous sommes dans une région agricole, la plus grande d’Europe. Je crois qu’ici il y a une plus grande proximité de ses habitants avec le milieu agricole, du fait de la grande diversité des productions animales et végétales. C’est sans doute pourquoi l’image est plus positive que dans le reste de la France. le secteur agricole génère de très nombreux emplois induits, notamment dans le secteur agro alimentaire. De très nombreuses familles ont un lien avec ce monde agricole, direct ou indirect. Par contre, je pense que le citoyen lambda a une image faussée du métier d’agriculteur, il n’ a aucune idée de son vécu au quotidien. Si je peux comprendre les attentes sociétales de nos concitoyens concernant la production agricole, j’aimerais que cette attente se traduise dans l’acte de consommation.

Pierre Lesparre, commissaire adjoint du Salon de l’agriculture
Les résultats du baromètre ne constituent pas une réelle surprise en soi. Mon étonnement concerne les attentes environnementales. Les marqueurs « pesticides » et gestion de l’eau sont particulièrement forts. Ce n’est sans doute pas étranger à ce qui est paru dans les médias, ces dernières semaines. Pour moi, il y a un paradoxe, car sur le terrain, le milieu agricole se trouve très souvent face à des oppositions sur le sujet sensible, notamment de la gestion de l’eau. Il est par exemple difficile de créer des réserves d’eau de type collinaire ou lacs.

1. enquête réalisée du 27 avril au 5 mai auprès de 609 agriculteurs de 18 ans et plus et du 28 avril au 9 mai auprès de 1000 habitants de 18 ans et plus. Eléments de synthèse à télécharger.

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