L’agriculture urbaine à Bordeaux, un chantier mené par les jardins collectifs


Marianne Chenou
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 28/03/2019 PAR Marianne Chenou

Ils ne sont pas toujours très visibles, mais ils peuplent la quasi-totalité des quartiers de la ville. Les jardins collectifs sont au cœur du maillage métropolitain. « Ils correspondent à la volonté des citoyens de se réapproprier l’espace public », avance Magali Fronzes, adjointe au maire en charge des espaces verts.

Des actions pas toujours simples à mener au vu de la pollution des sols bordelais. Beaucoup de jardins sont construits en surélévation ou dans des bacs, en raison de la mauvaise qualité des sols. « C’est la principale contrainte », selon Magali Fronzes.

Les jardins collectifs : créateurs de lien social

Quatre types de jardins existent : les jardins thérapeutiques à destination des personnes en foyer ou en réinsertion, les jardins pédagogiques à but éducatif, les jardins familiaux où des foyers disposent de leur propre parcelle privée à exploiter et enfin, les jardins partagés, les plus répandus.

« Ils représentent 90 % des jardins collectifs à Bordeaux », explique Nolwenn Le Mevel, chef de projet trame verte sociale à la direction des espaces verts. Un jardin partagé, « en général, coûte moins de 10 000 euros », poursuit-t-elle. Le coût peut varier selon l’ampleur des travaux, mais la ville ne rechigne pas à investir dans ces espaces. Le plus petit jardin bordelais est celui du Noviciat, dans le quartier Ste-Croix, avec une centaine de mètres carrés.

Ces jardins, supervisés par la ville, sont gérés par des associations d’habitants. « Nous les accompagnons tout au long du processus de création : règlement intérieur, fonctionnement, détermination des points d’eaux, des cabanes, par exemple ». Mais une fois les statuts établis, Nolwenn Le Mevel l’assure, les services des espaces verts n’ont plus qu’une mission de contrôle, « nous voulons intervenir le moins possible dans leur gestion ».

Le but est ainsi de recréer du lien social entre des habitants qui souvent ne se connaissent pas malgré leur proximité géographique. « Cette multiplication des jardins répond à une vraie demande des habitants. Chaque association établit son propre mode de fonctionnement, chaque espace est différent », résume Magali Fronzes.

Aux Aubiers, le jardin historique sur le départ

Dans le quartier des Aubiers, un terrain de plus d’un hectare longe les rails du tram. Plusieurs cabanes et clôtures le parsèment. Ce sont les parcelles du jardin familial. Ici, 70 foyers cultivent leurs propres fruits et légumes, à deux pas de leurs immeubles.

Benoît Papon, de l’association Le Bocal Local, est en charge de la gestion de ce jardin. La ville délègue à 3 associations l’accompagnement sur le territoire de la métropole. Elles sont chargées de veiller à l’entretien des parcelles par les habitants, mais aussi d’animer le lieu en proposant des activités auprès des habitants notamment.

Jardins familiaux Les Aubiers

Chaque parcelle est privative. « Pour y entrer, je dois demander l’autorisation de la personne qui l’exploite », rapporte Benoît Papon. La contribution est réduite, 50 euros de caution à l’octroi du terrain, ainsi que 40 euros annuels pour la location du terrain. Les habitants ont également à charge leur consommation d’eau, mais celle-ci dépasse rarement quelques euros.

Salah dispose d’une parcelle depuis l’ouverture des jardins, en 1994. Il s’apprête à planter des fraises, en attendant les récoltes d’oignons, de fèves et de pommes de terre. Récemment, il a aussi planté un abricotier. « Je mange tout ce que je produis, quand il y en a trop, je donne aux voisins ou à la famille », explique-t-il.

Des initiatives associatives complètent cette exploitation des foyers. Benoît Papon anime régulièrement des ateliers sur une parcelle du jardin réservée au Bocal Local. Notamment auprès de l’association Mana École des Femmes, qui vient régulièrement jardiner. Ces femmes issues pour la plupart de l’immigration parlent peu français et sont souvent isolées. Venues de Bulgarie, de Géorgie, ou de Turquie, elles sont souvent sans repères. En jardinant, elles retrouvent une activité et une implication dans la vie sociale du quartier.

Jardins familiaux Les Aubiers

Mais bientôt, il faudra déménager. Dans le cadre de la restructuration du quartier, l’actuel terrain va servir à la reconstruction de l’école Jean Moulin, voisine des jardins. Les parcelles historiques vont disparaître mais le jardin sera reconstruit quelques centaines de mètres plus loin. Chaque foyer conservera sa parcelle exploitable.

Plusieurs réunions de concertation auront lieu dans les prochains mois, afin d’organiser avec les services de la ville ce déménagement. Nolwenn Le Mevel espère pouvoir ouvrir quelques parcelles supplémentaires, car la liste d’attente est longue : « au moins une trentaine de foyers postulent pour commencer leurs cultures ».

À une échelle plus réduite, les jardins familiaux de Bacalan disposent d’une vingtaine de parcelles pour les habitants. Un processus d’autosuffisance qui permet également de se préoccuper d’un enjeu de santé publique : celui d’une meilleure alimentation à bas coût.

Penser une agriculture plus saine

Lorsque certains ont jardiné toute leur vie avec des pesticides, difficile de se défaire des mauvaises habitudes. Afin de permettre aux habitants de respecter la charte écologique mise en place par la ville, les associations organisent régulièrement des ateliers pour apprendre aux habitants comment changer leur mode de culture, comment remplacer leurs pesticides et se tourner vers une agriculture plus saine, plus raisonnée.

En 2019, de nouveaux jardins partagés devraient voir le jour à Bordeaux, notamment le jardin Alfred Smith à St-Augustin, mais aussi le « très attendu » jardin des Faures selon les mots de Nolwenn Le Mevel, situé rue des Menuts, à St-Michel. Retardé par les travaux urbains, il devrait ouvrir au public à l’été.

Pour localiser le jardin collectif le plus proche, retrouvez la carte de Bordeaux Métropole ici.

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