L’amélioration de la performance, planche de salut de la filière bovin lait ?


Aqui.fr
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 09/03/2018 PAR Solène MÉRIC

Si les volumes produits ont un certain temps réussi à compenser l’érosion des éleveurs, ce n’est désormais plus le cas. « La filière bovin lait du Sud-Ouest est en difficulté par rapport au niveau national. La dernière campagne enregistre une perte de 10% des volumes de production dans le département. », alertait Maryvonne Lagaronne. Un constat évidemment partagé par son Président, Guy Estrade, venu ce vendredi ouvrir la demie-journée technique organisée à Jurançon. « Le contexte général de l’élevage est compliqué, et particulièrement sur la filière laitière. Au-delà des questions liées au prix du lait, il nous faut remettre en avant la filière des Pyrénées-Atlantiques et sa génétique qui ont, toutes deux, du potentiel comme en attestent les élevages de haut niveau du département. » L’élevage dans lequel se tenaient les échanges du jour, est résolument de ceux-là.

Génotypage, embryons ou encore semences sexées
Le GAEC Les Vignes Rousses, compte un cheptel de 90 vaches (Holstein) adultes (et 105 génisses) pour une production annuelle de « 1,2M de litre de lait, soit une production réelle de 900 000 litres livrés à Danone », indique Jean-Luc Bazaillacq, le chef d’exploitation, qui travaille avec 2 salariés : son fils, Jérémy et Damien Jouanthicot. Si les chiffres sont impressionnants, l’éleveur confirme le propos précédent : « Les temps ont été très durs, il faut sans cesse trouver des marges de progrès. » Et la voie résolument choisie par le GAEC est celle de la génétique. La reproduction ici, se fait 100% en insémination artificielle, avec des recours au génotypage, embryons ou encore semences sexées… Un travail génétique réalisé en lien avec la station raciale voisine de Denguin, que le GAEC bien sûr valorise. « Entre les ventes d’embryons, de vaches et autres contrats, ça représente environ 40 000€ par an », indique-t-il avant de vanter les mérites de la station raciale « à portée de main » des éleveurs locaux.
Mais, au-delà des revenus directement liés à la valorisation du travail génétique, celui-ci se traduit logiquement sur la performance du troupeau en lui-même, tant en productivité qu’en qualité du lait. Un chiffre pour exemple : la production moyenne par vache et par an sur le GAEC est de 11 109 kg, avec un « bilan opti qualité parfait, et donc aucun pénalité sur le prix ».

Le GAEC Les vignes rousses à Jurançon (64) parie sur la génétique

 » C’est la vache d’une carrière! « 
Une qualité des animaux que les éleveurs ont pu observer de près avec une présentation des trois Prim’holstein présentées à Paris, ainsi qu’une jeune Red holstein, dont l’embryon avait été importé du Canada, et qui fait la fierté de Jérémy Bazaillacq. Si celle-ci, baptisée Laika Red, n’a pas participé au Salon cette année, ce n’est sans doute que partie remise. Quant aux trois autres ; Licalice se classe 10e de sa section, Holdchip 5e; quant à Iway, qui a déjà remporté de nombreux concours, elle a vécu sa consécration parisienne avec 3 prix : 1ère de sa catégorie, meilleure pis adulte et réserve championne adulte ! « C’est la vache d’une carrière! Celle qu’on a jamais eue et qu’on mettra sûrement très longtemps à avoir de nouveau», glisse le jeune homme. Cela dit, pour lui, dont la carrière commence, tous les espoirs sont permis : son installation est prévue pour 2018.

Biosécurité, boiterie des troupeaux

Si la génétique apparaît bien comme un outil d’amélioration de la performance des troupeaux, les sujets en la matière sont nombreux. Et c’est bien l’ambition de la chambre d’agriculture que de le démontrer aux éleveurs. A l’occasion de cette matinée, les participants ont ainsi été sensibilisés à d’autres pistes possibles d’amélioration des performances. Parmi elles, notamment, la question de la biosécurité. Un sujet d’autant plus important dans un département particulièrement sensible à la tuberculose bovine… L’occasion aussi de lutter contre quelques préjugés en la matière : si la faune sauvage, sanglier et blaireau en premières lignes, sont souvent pointés du doigt dans la propagation du virus, c’est en réalité, dans 80 à 90% des cas, dans le mouvement des animaux qu’il faut rechercher la cause… » Ce qui n’empêche pas de mettre en œuvre quelques précautions à l’attention du gibier, notamment par la mise à l’abri des points d’eau et d’aliments.
Autre thématique de travail présentée dans la matinée : les boiteries des troupeaux. Elles peuvent être un facteur non seulement de coûts pour un élevage quand il s’agit de les soigner, mais avant aussi de perte de production, pouvant être importantes. Des pertes qui peuvent s’avérer équivalentes à des mammites, traditionnellement perçues comme le premier fléau sur la production dans les élevages laitiers…
Enfin, autre piste également mise en avant : la modernisation des outils de gestion et de pilotage de troupeau, via notamment les outils numériques ou le téléphone, permettant une valorisation des données ou encore un accès plus rapide au résultats des contrôles laitiers.

« Si nous nous attachons à développer le contrôle de performances, c’est que nous l’avons fait sur le bovin viande avec de bons résultats en termes de compétitivité et de revenus. », indique au passage Guy Estrade à la vingtaine d’éleveurs présents. « + 30% de revenu en moyenne sur 5 ans pour ceux qui ont réussi à augmenter la production », selon Maryvonne Lagaronne. Une perspective qui peut en effet redonner du baume au cœur des éleveurs laitiers du département.


A l’issue de cette manifestation, le GAEC Les Vignes Rousses, s’est vu remettre le Prix départemental « Elevage d’Excellence 2018 »

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Pyrénées-Atlantiques
À lire ! AGRICULTURE > Nos derniers articles