L’eau, une question prioritaire pour les agriculteurs aquitains


Claude-Hélène Yvard
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 12/07/2013 PAR Claude-Hélène Yvard

Ce vendredi matin, l’exploitation de Hugues et Sébastien Landat à Beaumont du Périgord accueillait, à l’invitation du conseil d’administration de la FRSEA d’Aquitaine, Michel Delpuech, le préfet de région, le directeur régional de l’agriculture et de la forêt,  la directrice régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement. Les deux frères Landat exploitent avec leur mère qui partira à la retraite en janvier prochain, une ferme de 130 hectares. A l’origine, l’exploitation avait une production laitière et du tabac qui a été arrêtée en 2005. Aujourd’hui, les deux frères ont une production bovins viande avec un cheptel de 80 vaches limousines et 22 hectares de noyers dont 50 % est en production. « C’est par nécessité économique que nous avons arrêté le lait, en 2010, alors que nous avions la fibre de l’élevage, souligne Hugues Landat. L’analyse économique fait apparaître de bons résultats techniques des ateliers. L’atelier élevage est aux normes et les charges d’amortissement sont relativement faibles pour ce type d’exploitation. Les charges d’approvisionnement connaissent une augmentation forte liée à la hausse des carburants er de l’aliment du bétail. « Le soja est passé de 300 euros la tonne à 550 euros en deux ans. Heureusement, pour le troupeau, l’essentiel de l’alimentation provient de la ferme, » précisent les frères Landat.

Ressource en eau et dégâts de gibierMais la famille Landat se heurte à deux soucis majeurs : la maîtrise de la ressource en eau et les dégats de gibier. » Les dégâts de gibier sont considérables chez nous. En février, j’ai comptabilisé jusqu’à 37 chevreuils sur une parcelle. La protection contre ces animaux est une charge de travail énorme. Nous sommes contraints de tout clôturer. Je demande une régulation de la faune sauvage, » indique Sébastien, photos à l’appui. Les autres départements aquitains ne semblent pas connaître, la Gironde notamment, une situation comparable. « En Dordogne, il reste des points noirs. Je veillerais au respect des plans de chasse afin que ces points noirs soient réglés, » a répondu le préfet de la Dordogne, Jacques Billant. 
Le Gaec Landat doit maîtriser sa ressource en eau pour sécuriser ses rendements. Les besoins en irrigation des 22 hectares de vergers de noyers et de 7 hectares de maïs au minimum pour l’ensilage sont de l’ordre de 40 000 m3 annuels. Les exploitants disposent d’une réserve d’une capacité réduite de 2500 m3 alimentée par un affluent de la Couze, le petit chevelu. Ce cours d’eau fait fréquemment l’objet de restrictions de pompage : l’an passé, interdiction totale à partir du 10 juillet. Un projet de création d’un lac d’une capacité de 40 000 m3 a été étudié en 2011. Le projet a reçu un avis défavorable de l’ONEMA, car situé sur une zone humide. Les deux éleveurs ne comprennent pas le refus de leur projet et une réunion de tous les protagonistes devraient avoir lieu prochainement à la sous préfecture de Bergerac. 
Cet exemple périgourdin met en lumière la problématique de la ressource en eau commun à tous les agriculteurs aquitains. Selon les responsables agricoles, l’irrigation est un moyen de pérenniser les exploitations existantes, de dégager un revenu suffisant. La gestion de l’eau en Dordogne constitue un bel exemple régional : les ressources annuelles en eau  sur les département de la Dordogne sont globalement suffisantes pour assurer l’ensemble des besoins. Seuls quelques sous- bassins apparaissent déficitaires en été. Les bassins versants déficitaires représentent un prélèvement de 4,5 millions de m3 dont un besoin de stockage supplémentaire en hiver ou de prélèvement sur les cours d’eau principaux non déficitaires  d’1 million de m3. 

Levée du moratoireLa création de réserves en eau constitue une option interressante à condition d’avoir l’autorisation de les créer et aussi les financements. Au niveau de la région, en raison du moratoire décidé à l’automne, une trentaine de dossiers sont bloqués, selon Michel Delpuech. La FRSEA demande la levée immédiate de ce moratoire sans condition pour les projets finalisés. Dans l’assistance, plusieurs voix dont celle du président de l’association des irrigants de la Dordogne ont dénoncé des soucis relationnels avec l’ONEMA. « Pour les nouvelles filières de l’agriculture que sont la châtaigne, la noix, le maraîchage sur lesquelles il y a des installations, il faut de l’eau ». Cette question cruciale de l’eau a soulevé celle des contraintes environnementales souvent fortes et pas toujours bien comprises par les éleveurs. Nous demandons une simplification des normes environnementales, l’arrêt de toute surenchère fiscale et réglementaire. Nous souhaitons une homogénéité dans le traitement des dossiers au niveau régional, » souligne Henri Bies Péré, président de la FRSEA et éleveur dans les Pyrénées Atlantiques. Au cours de cette rencontre d’autres questions ont été abordées, notamment celle de l’élevage dans son ensemble avec des arrêts d’activité laitière de plus en plus nombreuses, la baisse des revenus. La recrudescence de la tuberculose bovine qui touche les Pyrénées -Atlantiques et surtout le Nord Dordogne a été également abordée.

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